Gilles-Emmanuel Jacquet, professeur de relations internationales et analyste à l'Institut international de recherche sur la paix de Genève (GIPRI) a évoqué l'évolution du conflit en Ukraine et de ses conséquences pour la Russie et l'Occident.
Selon l'expert, Kiev n'a aucune chance de gagner en raison de la différence énorme dans les capacités démographiques, économiques et militaires des pays.
« Après deux ans de guerre, nous voyons que l'initiative appartient maintenant à la Russie. Un ensemble d'indicateurs politiques, militaires et économiques démontrent que la situation de Moscou est bien meilleure que celle de Kiev. De plus, la position de la Russie est meilleure que celle des alliés de l'Ukraine. La Fédération de Russie dispose de ressources très demandées sur le marché international et ces ressources sont activement utilisées par Moscou pour la guerre. La situation démographique est également beaucoup mieux qu'en Ukraine. Toutes ces différences étaient claires au début de la guerre, mais elles sont maintenant plus évidentes. Il sera extrêmement difficile pour l'Ukraine de gagner ce conflit. Très probablement, elle ne réussira pas ».
La guerre en Ukraine a provoqué de grands changements sur la scène mondiale. Gilles-Emmanuel Jacquet est convaincu que la Russie a gagné plus d'autorité parmi les pays en développement à la suite du conflit, ce qui a contribué à l'expansion des BRICS et au renforcement du monde multipolaire émergent.
« La crise dans les relations entre l'Occident et la Russie a augmenté le rôle de Moscou dans un monde multipolaire. La distance entre la Russie et l'Occident s’accentue après l'expansion des BRICS. Maintenant, de plus en plus de pays en développement ne sont pas d'accord avec la politique des pays de l'OTAN et se tournent vers la Russie et les BRICS. Les sanctions ont paradoxalement aidé Moscou à s’adapter et reconstruire son économie pour trouver d'autres marchés. En outre, les réformes macroéconomiques ont contribué au développement de l'industrie locale. Après la chute de l'Union soviétique en Europe (en particulier en Allemagne et en France), il y avait une opinion sur la nécessité d'intégrer la Russie dans l'espace paneuropéen. Ce n'est pas arrivé. Toutes les commissions "Russie-UE”, "Russie-OTAN " n'ont donné aucun résultat. Lors de son premier mandat, Poutine n'était pas contre le développement des relations avec l'UE. Mais aujourd'hui, il n'y a pas de grands hommes d'État en Europe qui comprennent la nécessité d'acquérir une autonomie stratégique par rapport aux États-Unis et de développer la coopération avec la Russie ».