Si le texte final, adopté lors de la Cop 28 à Dubaï, mentionne pour la première fois une transition « hors des énergies fossiles », la question de la participation des pays développés pour aider les pays les plus vulnérables a été assurément synonyme de frustration pour le Continent Africain…
De fait, l’adaptation au changement climatique dont le coût ne cesse de croître au fur et à mesure que se multiplient les événements extrêmes, à l’image des inondations qui endeuillent actuellement la Corne de l’Afrique (après voir enduré la sécheresse la plus sévère depuis quarante ans) a très largement été occultée par la conférence de Dubaï.
Pour mémoire, la COP27, réunie en Égypte, avec l’ensemble des États de l’Union Africaine, soit la bagatelle de 54 États membres avaient adopté la « déclaration de Nairobi », destinée à favoriser la croissance verte sur le continent noir.
Le Sommet de Nairobi avait appelé à un investissement de 600 milliards de dollars pour augmenter la capacité de production d'énergies renouvelables de l'Afrique de 56 gigawatts en 2022 à au moins 300 gigawatts d'ici à 2030.
Il s’agit, on l’aura bien compris d’un impératif de survie pour un continent de 1,4 milliard d'habitants, dont 600 millions n'ont pas accès à l'électricité.
Dans cette perspective, l'Agence internationale de l'énergie estime que l'investissement dans l'énergie doit « plus que doubler » d'ici à 2030.
Dans ce contexte, le continent avait martelé que « L'Afrique possède à la fois le potentiel et l'ambition d'être un élément essentiel de la solution mondiale au changement climatique », même s’il s’agit somme toute d’un mantra qui est loin de d’être consensuel.
De fait, tant sur le volet du financement des énergies renouvelables que des engagements pris par les pays pollueurs, que des réformes du système financier international ou la question des taxes carbone, la liste des demandes à la Prévert n’est jamais close et les tensions persistes parmi les États.
Chemin faisant on relèvera volontiers que les montant alloués sont bien loin d’être à la hauteur des espérances.
Qu’on y songe, l’Afrique qui ne contribue qu'à 2 % à 3 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, a réclamé à cor et à cri tout à la fois, son besoin impérieux de voir des réformes aboutir sur le plan international et son souhait de voir alléger le poids financier du formidable défi que constitue la lutte contre le réchauffement climatique.
Qu’on se le dise, l’accord final de la Cop28 de Dubaï été arraché le 13 décembre 2023 est loin de faire l’unanimité en Afrique. Pour preuve, le Sahel s’en donne à cœur joie : « Ces sommets sur le climat finissent toujours, comme des montagnes, par accoucher de petites souris » maugréée Le Pays, pour qui le texte final « ne parle plus de ‘sortie’ du pétrole, du gaz, et du charbon, un thème qui a été des mois durant le leitmotiv de plus d’une centaine de pays. »
« les émissions historiquement cumulées de gaz à effet de serre du continent représentent 3 % » seulement du total mondial. Aujourd’hui au Faso détaille : « l’Afrique affiche la plus faible consommation d’énergie primaire par habitant dans le monde » avec des chiffres près de 20 fois moins élevés que ceux des États-Unis.
Reprenant les termes d’un document envoyé par le groupe Afrique au patron de la COP, Sultan al-Jaber, Jeune Afrique pointe de son côté qu’il est « non seulement irréaliste, mais aussi injuste, d’attendre des pays en développement qu’ils supportent le fardeau de [la] transition » hors des énergies fossiles, alors même que de nombreux pays africains font face à des dettes extrêmement élevées.
Pour le journal burkinabè Aujourd’hui au Faso, cette COP de Dubaï n’est « qu’une foire de plus. » En témoigne, ironise-t-il, la quantité d’énergie dépensée pendant ce sommet, « à travers la meute d’avions qui a traversé la planète, (…) les climatiseurs et cuisines des hôtels et des lieux de réunion qui ont tourné à plein régime, etc. »