Après le désengagement du continent du Crédit Agricole, du BPCE suivi de celui de BNP Paribas, c’est autour de la Société Générale, la banque française la plus présente sur le continent, d’initier la réduction de sa voilure en Afrique.
Le groupe vient de céder quatre de ses filiales africaines. A savoir les filiales Société Générale Congo (93,5%), Société Générale de Banques Guinée Équatoriale (57,2%) Société Générale Mauritanie (95,5%) et Société Générale Tchad (67,8%).
Les deux premières ont été cédées au Groupe Vista de Simon Tiemtore alors que les secondes ont été acquises par le groupe Coris Bank International du burkinabè Idrissa Nassa. « Les deux groupes bancaires panafricains Vista et Coris reprendraient la totalité des activités opérées par Société Générale au Congo, en Guinée équatoriale, en Mauritanie et au Tchad, ainsi que l’intégralité des portefeuilles clients et l’ensemble des collaborateurs au sein de ces entités », estime la Société Générale.
Dans ce contexte, la Société Générale a bel et bien l’intention de s'affirmer dans ses prés carrés africains à l’instar de la Côte d’Ivoire, du Maroc ou du Cameroun.
Dans le même temps, elle cède certaines de ses filiales, les plus petites, notamment au Tchad, en Guinée équatoriale et en Mauritanie.
Quoiqu’il en soit, ces cessions ne doivent pas occulter la tendance observée ces dernières années et qui a vu les grandes banques françaises se désengager du continent. C’est le cas du Crédit Agricole, du BPCE et de BNP Paribas qui ont quitté définitivement ou ont cédé presque la quasi-totalité de leurs filiales africaines. Une tendance entamée dés la fin des années 1990 et qui s’est, du reste, précipitée par la suite.
De fait, le groupe Crédit Agricole a initié son « désengagement continental » dès la fin des années 2000 avec la cession de sa filiale Crédit du Maroc au groupe marocain Holmarcom.
De même, le Crédit agricole ne compte plus qu’une seule filiale en Afrique, celle d’Égypte. Le groupe Banque Populaire et Caisse d’Épargne (BPCE) ont assurément confirmé également cette évolution…
BNP Paribas, qui peut se targuer d’être la plus grande banque européenne en termes d’actifs, a suivi les deux groupes tricolores. Si elle a initié son « désengagement » en 2010 avec la cession de sa filiale mauritanienne, la banque n’a pas hésité à céder la bagatelle de six filiales aux Comores, au Gabon, en Tunisie, au Mali, au Burkina Faso et en Guinée Conakry.
Pour mémoire, en 2022, BNP Paribas a aussi cédé sa filiale sénégalaise et ne compte désormais que deux filiales implantées en Côte d’Ivoire et au Maroc. La filiale ivoirienne du groupe est sur la liste des filiales africaines à céder confie Moussa Diop pour Afrique le 360. Ainsi, le groupe ne devrait toutefois conserver que sa filiale marocaine, BMCI, indique Moussa Diop.
Dès lors, on soulignera volontiers que c’est bien le système bancaire marocain qui profite très largement du « désengagement » pour ne pas dire du retrait des banques françaises.
Dans cette perspective, plusieurs facteurs expliquent ces désengagements.
Le « recentrage » des banques tricolores trouve son fondement par des objectifs de rentabilité et d’amélioration de leurs indicateurs financiers.
Mais il en va aussi et surtout de la perte d’influence économique française en Afrique et l’essor très palpable de nouveaux champions bancaires du continent tels que Attijariwafa bank, Bank of Africa, Banque Populaire, Coris Bank, First Bank, Standard Bank Group, Absa Bank, Ecobank, ou bien même d’United bank for Africa, et d’Oragroup…
On ne saurait occulter l’influence grandissante de nouveaux pays du Continent à l’instar du Maroc, de l’Afrique du Sud, du Nigeria, ou bien même de Égypte… et étrangers tels que la Chine, la Turquie, la Russie ou encore l’Inde, au détriment de la France dans les pays francophones du continent.
On l’aura donc compris, après le Crédit Agricole, BPCE et BNP Paribas, la Société Générale cède ses plus petites filiales sur le continent. La réduction de la voilure des banques françaises s’explique bien entendu également par la perte d’influence croissante et inexorable de la France en Afrique…