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Romain Gary : portrait d’un auteur double gagnant du prix Goncourt

Le Dialogue

Romain Gary, né Roman Kacew est un aviateur, militaire, résistant, romancier, diplomate et réalisateur français. Il est le seul auteur à avoir reçu deux fois le prix Goncourt – en théorie impossible – grâce son pseudonyme Émile Ajar.

 

* Ce texte a été également publié sur le média Billet de France, dont Charles de Blondin est le fondateur et le rédacteur en chef.

 

Né dans une famille juive ashkénaze le 21 mai 1914 à Vilna (Vilnius aujourd’hui) dans l’Empire Russe (actuelle Lituanie), Roman Kacew est issu de la moyenne bourgeoisie locale. Son père, alors marchand de fourrures, est mobilisé dans l’armée russe pendant la première Guerre Mondiale. Suite à la paix de Riga en mars 1921 – qui met fin au conflit entre les soviétiques et la république polonaise qui intègre alors Vilna – la famille prend la nationalité polonaise.

 

Une instabilité familiale

Abandonné par son père parti vivre avec une autre femme à partir de 1925, Roman est élevé par sa mère. Le divorce n’est officialisé que 4 ans plus tard en 1929. Les finances sont au plus bas et l’atelier de chapeaux tenu par sa mère ne rapporte que peu d’argent. Grâce à un visa touristique, ils arrivent en France – où sa mère rêve d’une carrière d’artiste ou de diplomate pour son fils – le 23 août 1928 et s’installent à Nice.

L’arrivée est difficile car les autorités n’autorisent pas sa mère à travailler. Cette situation l’oblige à vendre illégalement des articles de luxe dans des grands hôtels provençaux avant de devenir directrice d’hôtel sur recommandation d’un de ses clients. Les cours particuliers de Français que Roman suivait à Varsovie peu de temps avant d’arriver en France l’aident à se distinguer et il reçoit le prix de récitation en 1929 et celui de composition française en 1930 et 1931.

Le baccalauréat en poche avec la mention « passable », Roman devenu Romain – après une francisation – commence des études de droit à Aix-en-Provence en 1933 avant de partir à Paris l’année suivante continuer ses études grâce à une bourse de son père qu’il revoit à l’été 1934. A partir de 1935, Gringoire – hebdomadaire politique et littéraire français – publie sa première nouvelle L’Orage le mettant financièrement à l’abri. En 1937, plusieurs éditeurs lui refusent son premier roman Le Vin des morts.

 

La période de la Seconde Guerre mondiale

Incorporé le 4 novembre 1938 dans l’armée de l’air, Romain Kacew se présente pour devenir officier de réserve mais échoue à l’examen final. En septembre 1939, il est mobilisé en tant qu’instructeur de tir à l’école des observateurs de Bordeaux-Mérignac. Malgré la défaite de juin 1940, il souhaite continuer le combat et rejoint le général de Gaulle à Londres en passant par Alger, puis le Maroc où il embarque sur un cargo britannique à destination de l’Écosse avant d’arriver à Londres fin juillet.

Il s’engage dans les Forces aériennes françaises libres (FAFL) la même année. Ses missions l’emmènent en Libye ainsi qu’au Proche et Moyen-Orient où il se distingue notamment dans l’attaque contre un sous-marin italien. A partir de février 1943, il sert dans le Groupe de bombardement Lorraine où il est affecté à la destruction des bases de lancement des missiles V1. C’est à cette époque qu’il prend le nom de « Gary » signifiant en russe « brûle » à l’impératif. Ce nom n’est retenu par l’état civil français qu’en 1951

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L’après-guerre

Compagnon de la Libération et nommé capitaine à la fin de la guerre, Romain Kacew entame une carrière de diplomate qui l’emmène en Bulgarie, Suisse, New-York, Londres puis Los Angeles où il est consul général de France. Il se marie avec la femme de lettres britannique Lesley Blanch en 1945. En parallèle de ses activités, il publie en janvier 1945 son second roman Éducation européenne qui se voit récompensé par le prix des Critiques. Ce n’est qu’en 1956 avec la parution des Racines du ciel distingué par le prix Goncourt que l’écrivain acquiert une renommée auprès du public.

Mis en disponibilité du ministère des Affaires étrangères en 1961, Romain Gary se consacre de plus en plus à l’écriture. En 1963, il divorce de Lesley Blanch et se remarie avec Jean Seberg – une actrice américaine. En 1968, il apprend la liaison de sa femme avec Clint Eastwood. Il prend l’avion et provoque l’acteur américain en duel à revolver avant que celui-ci ne se défile. Romain Gary divorce en 1970 et rencontre en 1978 Leïla Chellabi, danseuse, mannequin puis animatrice radio.

 

Écrivant sous divers pseudonymes dont le plus connu est Émile Ajar, il remporte un deuxième prix Goncourt – en théorie impossible – pour son roman La Vie devant soi en 1975. Ce n’est qu’après sa mort que le public découvre la véritable identité d’Émile Ajar tenue jusqu’alors par le petit cousin de Romain Gary auprès de la presse.

 

Décès

Romain Gary se suicide d’une balle dans la bouche le 2 décembre 1980 à l’âge de 66 ans, un an après le suicide de Jean Seberg, son ex-femme. En tant que Compagnon de la Libération, il reçoit les honneurs militaires aux Invalides. Ses cendres sont dispersées selon son vœu par Leila Chellabi, sa dernière compagne au large de Menton en mer Méditerranée.

Son œuvre tourne autour de l’élévation des hommes face à la médiocrité humaine. Le nom de Romain Gary a été donné à diverses promotions comme l’École nationale d’administration (2003-2005), l’Institut d’études politiques de Lille (2013) ou encore l’Institut d’études politiques de Strasbourg (2001-2002).