François Élie Roudaire (1836-1885) est le promoteur d’un projet de mer intérieur au Maghreb.
François Elie Roudaire est un militaire et géographe français du XIXème siècle. Il est particulièrement connu pour avoir eu l’ambition de créer une mer dans le Sahara*.
* Ce texte a été également publié sur le média Billet de France, dont Charles de Blondin est le fondateur et le rédacteur en chef.
Créer artificiellement une mer n’est pas une tâche facile. Mais le faire dans le Sahara afin de modifier le climat du Maghreb l’est encore plus. Pourtant ce projet fou a bien existé. Il est l’œuvre d’un officier français : François Elie Roudaire, ami du célèbre ingénieur à l’origine de la création du canal de Suez, François de Lesseps.
Né le 6 août 1836 à Guéret dans la Creuse, François Elie Roudaire est issu d’une famille de la bourgeoisie provinciale. Son père, directeur du musée d’Histoire naturelle de sa ville, transmet sa passion pour les sciences et l’Histoire à son fils. A l’issue de ses études classiques, Roudaire se dirige vers des études scientifiques et sort sous-lieutenant de la prestigieuse école militaire de Saint-Cyr. Il est affecté en tant qu’officier scientifique topographe à l’État-major. Dans le cadre de ses fonctions, il est envoyé en Algérie en 1864 pour cartographier la nouvelle colonie française. Il y découvre la région des Chotts dont il estime que la profondeur peut aller jusqu’à 40 mètres en dessous du niveau de la mer à certains endroits. Selon lui, la dépression salée qui se prolonge jusqu’au golfe de Gabès en Tunisie montre qu’une mer, désormais asséchée, aurait existée 2 500 ans auparavant sous le nom de « baie de Triton ».
Une mer intérieure en Algérie
Les années passent et Roudaire souhaite graver dans le marbre le résultat de ses recherches. En 1874, il publie dans la Revue des Deux Mondes un article dans lequel il propose de percer les dunes de sable qui séparent les Chotts de la Mer Méditerranée et de faire couler l’eau dans le Sahara via un canal. Selon lui, l’avantage de ce projet serait de modifier le climat de la région permettant la production agricole. Certains politiques, intellectuels et autres personnalités publiques lui emboîtent le pas dont François de Lesseps qui vient d’acquérir une renommée internationale avec le percement du Canal de Suez quelques années auparavant. La même année, il obtient des financements de la part de l’Assemblée nationale. Fort de ses soutiens, Roudaire repart mener ses recherches en Algérie puis en Tunisie. Les résultats sont plus négatifs que prévu sur la partie tunisienne : la dépression est discontinue jusqu’à la baie et les zones désertiques inondables ne sont pas toutes sous le niveau de la mer ce qui entraîneraient le percement d’un canal plus long.
À l’annonce de ces nouvelles qui entraîneraient une hausse des coûts pour un résultat plus faible, le gouvernement français renonce au projet et met un arrêt au financement des recherches. Roudaire et Lesseps, bien décidés à continuer leur projet, se tournent vers le financement privé. Dans ce cadre, ils fondent en 1882, la Société d’études de la mer intérieure africaine. Grâce aux fonds récoltés, Roudaire dirige une quatrième expédition en 1883. Critiqué par le milieu scientifique et épuisé par ses séjours en Afrique, il rentre à Guéret pour se reposer. Tombé gravement malade, le colonel François Elie Roudaire décède chez lui le 14 janvier 1885 à l’âge de 48 ans. Son projet de mer intérieure a inspiré Jules Vernes dans ses deux œuvres : Hector Servadec (1877) et L’Invasion de la mer (1905).