Les fonctionnaires s'asseoir dans la salle de réunion au début de la réunion du Conseil européen, le deuxième jour d'un sommet des dirigeants de l'Union européenne (UE) et de se concentrer sur la mondialisation et la migration, après le premier jour a été dominé par l'avenir de l'UE et la Brexit, le 23 juin 2017 à Bruxelles. Photo : STEPHANIE LECOCQ / POOL / AFP.
Il ne faut pas oublier que le processus de mondialisation a été initié par l’Europe. Ne peut-elle plus aujourd’hui que s’y résigner?
À partir du XIIIe siècle, une volonté d’expansion, ou tout simplement une volonté de pouvoir, habite l’Europe, qui utilise avec pragmatisme l’observation pour faire progresser ses techniques. Ces dernières lui permettront de découvrir puis de conquérir et de rassembler le Monde, alors que nombre de peuples de la Terre ne s’étaient pratiquement jamais rencontrés auparavant, puisque l’Amérique ignorait aussi bien l’Europe que l’Asie et que les informations mettaient en moyenne deux siècles pour passer de la Chine à l’Europe.
Comment expliquer le dynamisme de l’Europe, face aux civilisations arabes, africaines, asiatiques et américaines ? Les autres civilisations sont puissantes, parfois menaçantes, comme l’Empire turc qui est le dernier à menacer l’Europe jusqu’au cœur du XVIIe siècle, mais l’initiative leur échappe presque toujours.
On peut avancer qu’une sorte d’optimisme habitait les sociétés européennes
L’expansion européenne commence avec le contrôle de la Méditerranée par les puissances chrétiennes, à la suite de l’ouverture du détroit de Gibraltar en 1291. Pour se repérer à partir des côtes, les explorateurs européens utilisent la trigonométrie et la boussole, cette dernière étant bien connue des Chinois qui en négligeaient pourtant les applications pratiques.
La pêche et la quête du sel fournissent l’expérience maritime nécessaire. Comme les Turcs bloquent leur expansion vers l’Est, les Européens tournent leurs regards vers le Sud et vers l’Ouest, qui doivent permettre d’atteindre l’Inde.
Au confluent des deux espaces maritimes, le Portugal et la Castille disposent des techniques maritimes les plus avancées. Les bateaux descendent le long des côtes de l’Afrique, où une enclave chrétienne est installée à Ceuta en 1415.
Les îles sont occupées les premières, alors que s’élance une navigation lointaine, touchant le Cap-Vert en 1444, croisant jusqu’en Sierra Leone, atteignant le Congo vers 1446. Sur les côtes de l’Afrique naissent les rêves de rejoindre l’Asie par une liaison directe. L’or du Ghana finance l’exploration qui conduit à la découverte de la route du Cap à partir de 1482, puis Vasco de Gama effectue le tour de la Terre de 1488 à 1497, une nouvelle extraordinaire qui se répand immédiatement dans toute l’Europe. Même si la Terre ne sera cependant complètement sillonnée qu’à la fin du XVIIIe siècle par voie maritime et à la fin du XIXe siècle par voie terrestre, le XVIe siècle ouvre une nouvelle période, celle de l’homme unifiant la planète.
Ce fut alors le temps des découvertes, la conquête du Monde, l’intrusion de nouvelles populations dans des communautés qui ignoraient jusqu’à leur existence.
Ce processus ne se fit pas sans dégâts considérables.
Un immense génocide, en grande partie involontaire, fut commis en Amérique du Sud, en attendant que les mêmes causes produisent les mêmes effets en Amérique du Nord. La découverte de l’Amérique est le fruit inattendu d’une série d’erreurs. Dans le climat de la reconquête de Grenade, Christophe Colomb se croit investi d’une mission mystique. Il en obtient les moyens grâce à Isabelle de Castille.
Lorsqu’il découvre l’Amérique, le reste du Monde ignorait l’existence de ce quart des terres émergées qui devient un piège mortel pour les soixante-quinze millions d’Amérindiens, un sixième de l’humanité de l’époque qui avaient réalisé dans leur solitude relative de remarquables avancées en astronomie et en calcul et qui disposaient d’une écriture quasiment idéographique.
La densité des Mayas était extraordinaire, atteignant jusqu’à cinquante habitants au kilomètre carré grâce à la culture du manioc et du maïs. Mais les Amérindiens n’étaient pas en mesure de résister aux envahisseurs européens car leurs moyens de communication réduits ne facilitaient pas la concentration des forces et leur système politique complexe freinait la mobilisation de la défense. Aussi suffira-t-il de vingt années aux conquérants pour s’emparer des îles américaines et d’à peine vingt années de plus pour maîtriser les quatre-vingt-dix pour cent de la population de l’Amérique concentrée sur deux des quarante-deux millions de kilomètres carrés du continent.
Les conquérants en feront une main d’œuvre captive qui fondra comme neige au soleil sous le choc microbien et viral.
Évènement unique dans l’histoire de l’humanité, la population totale de l’Amérique chuta brutalement, passant d’environ soixante-quinze millions d’habitants en 1492 à douze ou quinze millions d’habitants en 1550. Le reste de la population fut sauvé par les missionnaires et par la sélection naturelle.
Dans le monde d’aujourd’hui, on sanctifie le changement et l’on condamne l’immobilisme, alors que le changement s’impose de toute manière à l’homme sans qu’il faille le précipiter jusqu’à tout casser avant de savoir ce qu’il fallait conserver. Pour les civilisations aztèques, Mayas et Incas, c’est manifestement trop tard. Tout a été détruit.
Quelles leçons en tirer la leçon pour le futur de l’humanité ?