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Politique - Société

Le grand entretien du Dialogue avec Marc Rameaux

Le Dialogue

Auteur d’un texte récent intitulé « la France- La Nation- L’Islam », signé par un certain nombre d’intellectuels et publié sur Tribune Juive, Marc Rameaux est ingénieur de formation, directeur de projet dans une grande entreprise industrielle française. Il est un acteur engagé du milieu souverainiste. Dans son dernier ouvrage, Le Souverainisme est un Humanisme (VA Éditions, 2023), il offre une perspective originale, défiant les perceptions habituelles de la nation, de la culture et du politique, tout en redéfinissant l’identité et en jetant un regard neuf sur le monde.

 

Le Dialogue : Tout d’abord pourquoi cet ouvrage et ce texte publié le 14 juillet dernier dans Tribune Juive ? Vous dites vous-même que ce texte peut provoquer un séisme dans le monde musulman, pas seulement dans la communauté musulmane française et qu’il peut donner lieu à des débats acharnés au sein de la nation. Pourquoi ?

Marc Rameaux : « La France – la Nation – l’Islam » traite de la non-intégration des Français d’origine arabo-musulmane. Rédigé avant les émeutes, ce texte s’est retrouvé au cœur de l’actualité !

J’apostrophe vigoureusement certains groupes que je tiens pour responsables de la situation. Mais tout en étant rude, je m’attache à être sincère et humain.

Je dis aux musulmans de France d’arrêter d’être dans le déni ou d’invoquer de fausses excuses. Lorsqu’une abomination est perpétrée au nom de l’Islam, les Français ne peuvent plus entendre que cela n’a « rien à voir avec l’Islam ». Ils voudraient entendre « ce n’est pas l’Islam que nous voulons ». Et les musulmans intégrés doivent choisir l’action vigoureuse contre leurs radicaux, non le silence gêné. 

J’apostrophe la gauche française dont le misérabilisme vise à prendre la posture du justicier. Nos meilleurs intellectuels d’origine arabo-musulmane dénoncent cette mascarade. Fatiha Boudjahlat, Kamel Daoud, Driss Ghali et bien d’autres en parlent excellement. La posture de la gauche est méprisante pour les musulmans et méprisable sur le plan humain. 

Je me moque d’une partie de la droite qui s’improvise théologien. Pour eux, l’Islam est un mal irrémédiable. Ces personnes ressassent que le Coran étant la parole incréée de Dieu, il ne peut être interprété et demeurera toujours totalitaire. Se doutent-ils que cette platitude n’est qu’un début de connaissance ? 

Un véritable érudit, Alain de Libera, montre que La « parole incréée de Dieu » n’a pas empêché savants ou Califes éclairés des périodes Umayyades et Abbassides d’interpréter le Coran, de traduire et commenter les antiques. Les hommes font ce qu’ils décident des doctrines.

Enfin je critique ceux qui invoquent la « République », mais pour qui la France et la nation sont des mots honteux. La République est vide de sens sans le patriotisme. Le mondialisme impose une vision édulcorée de la nation, un cadre de règles qu’il suffirait de respecter pour faire un pays.

Lorsque Romain Gary dit « La France coule dans mes veines », il montre qu’être Français va bien au-delà de l’adhésion à quelques règles de vivre ensemble.

 

Dans ce texte vous citez le rapport de l’Institut Montaigne qui démontre que sur la classe de la population jeune (18-30 ans), la proportion des musulmans radicaux en 2016 monte à 55%. Une étude similaire en 2022 montre que ce groupe atteint 65% actuellement. Comment qualifiez-vous déjà ces radicaux ? Que démontre cette mauvaise dynamique d’évolution dans le temps ? 

L’étude de l’Institut Montaigne définit trois groupes : les intégrés, les traditionalistes et les radicaux. Pour ces derniers, la charia s’applique prioritairement aux lois françaises. Un radical considère qu’il n’a pas à s’adapter aux lois et mœurs de son pays mais qu’il va lui imposer son propre mode de vie.

Les radicaux sont environnés d’une sociologie qu’il est indispensable de décrire.

Ils vivent dans des enclaves où les lois françaises n’ont plus cours. Seuls les rapports de force comptent, sous la loi des caïds. Une sous-culture de violence, d’écrasement des femmes, de pauvreté sémantique y règne. Toute remarque est vécue comme une offense devant se payer par le sang. 

Les jeunes de ces populations disent ne pas être Français, même lorsqu’ils en ont la nationalité depuis trois générations. Ils méprisent la France et crachent sur elle.

Enfin les radicaux entretiennent une sympathie envers les terroristes. Sans qu’eux-mêmes passent à l’acte, ils applaudiront au massacre du Bataclan. 

La mauvaise dynamique souligne l’engrenage des 4 forces précédentes : musulmans radicaux, gauche communautariste, « droitards » croyant au mal ontologique de l’Islam et « républicains abstraits ».

 

Selon vous, la France demeure une société très intégratrice, fondée sur une méritocratie du savoir, ne demandant qu’à accueillir ceux qui font preuve de bonne volonté. Les premiers immigrés italiens et polonais ont été pleinement intégrés à la société française. Que dire du racisme supposé de la société française et de la victimisation entretenue par certains courants communautaristes ? 

La France a été longtemps le pays dont l’ascenseur social fonctionnait le mieux, grâce à une éducation nationale devenue la meilleure du monde dans les années 1970, abolissant toute discrimination sociale, ethnique ou religieuse.

Bien que l’éducation nationale soit en déshérence, cet état d’esprit demeure. L’universalisme est inscrit dans la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 et dans la constitution française. L’universalisme incarné dans la nation est un trait du génie national. 

La France doit être fière de cet héritage, malgré les coups de boutoir qu’elle subit. La générosité de l’esprit Français est illustrée par la biographie d’Eugene Bullard, afro-américain qui servit la France dans les deux guerres mondiales, traité très différemment entre la France et les USA.

La gauche communautariste joue un jeu très dangereux en employant à tort et à travers l’accusation de racisme, empêchant tout débat raisonné sur l’immigration et sur les exigences de l’intégration. 

 

Nous avons assisté depuis quelques années, sous l’impulsion des réseaux sociaux, à une multiplication de grands experts de l’Islam. De nombreux intellectuels du monde arabe ne nient pas le potentiel de dangerosité et les risques de dérives d’interprétation totalitaire. Nier le potentiel de violence de l’Islam, est-ce être pour vous dans le déni ? 

Nier que l’Islam puisse prêter le flanc à des interprétations totalitaires est un déni de réalité. Défendre l’Islam en prétendant qu’il ne recèle aucun aspect guerrier est un mensonge contre-productif. Ceux qui veulent défendre l’Islam doivent arrêter de nier son potentiel violent mais l’assumer et montrer comment il peut être converti en une force positive.

L’Islam véhicule de nombreux messages guerriers, c’est un fait incontestable. Mais toute religion est ce que l’on choisit d’en faire. J’évoque dans mon texte une passion que j’ai de longue date pour les arts martiaux. Au sein du Dojo, de nombreux pratiquants étaient musulmans. J’ai souvent noué de profondes relations d’amitié avec eux. 

La vraie défense de l’Islam ne consiste pas à nier ses messages guerriers, mais à comprendre que l’esprit guerrier peut être une chose très positive lorsque l’on en comprend le sens. Les arts martiaux canalisent la violence existant en tout être humain, non en la niant mais en l’assumant et en la convertissant par un travail sur soi-même. 

Les musulmans peuvent comprendre de la meilleure façon cet enseignement, précisément parce que leur religion entretient un esprit guerrier. L’on connaît la distinction entre « grande guerre sainte », celle que l’on mène contre soi-même et « petite guerre sainte », menée contre les autres.

 

Selon vous, quelles sont les réelles causes du problème d’intégration des Français d’origine arabo-musulmane en France ? 

Il y a deux causes principales. La première est une mentalité de victimisation, de ressentiment et d’irresponsabilité qui empoisonne le monde musulman depuis des siècles.

Je me refuse à donner des leçons. Aussi je préfère citer les excellents auteurs de culture arabo-musulmane déjà évoqués : ils sont très lucides quant à la culture de l’excuse dans laquelle le monde musulman s’est trop souvent enfoncé. 

La deuxième cause est l’huile sur le feu que la gauche communautariste ne cesse de verser, enfonçant la jeunesse musulmane dans ce poison de l’esprit. Le dealer est le personnage le plus abject qui soit, surtout lorsqu’il se pare des couleurs de l’humanisme.

Les deux autres protagonistes, les droitards pseudo érudits et les républicains falots, ne sont pas des causes directes mais viennent amplifier le phénomène.

L’explication est donc sociologique, non celle larmoyante de la gauche mais une sociologie de responsabilité et d’exigence respectant véritablement les hommes. 

 

Enfin, dans votre ouvrage, malgré un constat plutôt noir, vous faites preuve cependant d’un optimisme certain. N’est-il pas déjà trop tard et qu’elles seraient alors les solutions pour régler ce problème de non-intégration voire de rejet d’une majorité de cette jeunesse issue de l’immigration ?

Des solutions existent mais elles nécessiteront un grand courage.

1. Rétablir l’autorité. Répression implacable des émeutiers et pillards. Dans les pays dont ces personnes se réclament, c’est ce qui se serait produit s’ils avaient commis le quart de ce qu’ils ont fait en France. 

Assassinat ciblé par les services secrets des chefs de file des frères musulmans installés en France. L’État français y a déjà recours bien plus souvent qu’on ne croit. Même traitement pour les caïds et chefs de cités. C’est un fait de la psychologie de groupe qu’en frappant le chef, on démantèle la bande.

2. Redressement moral de la nation. Au sein de l’école, port de l’uniforme et salut au drapeau chaque matin. Ouverture de centres éducatifs fermés à discipline militaire pour les récalcitrants. 

Refonte totale des programmes de l’éducation nationale et remplacement du personnel marqué par la culture de l’excuse. Enseignement prônant la fierté et la valorisation de la France.

3. Devoirs de la nationalité française. Mise en place d’une nationalité probatoire, avec mise à l’épreuve pendant une période de trois ans. La nationalité temporaire ouvrira beaucoup moins de droits que la nationalité pleine. 

Application rétroactive : ceux qui crachent sur la France doivent être rétrogradés dans cette nationalité probatoire, y compris pour ceux naturalisés depuis plusieurs générations. Ceci s’applique également aux Français « de souche » !

4. Alliances et valorisation par l’exemple. Mise en valeur des exemples réussis d’intégration. Combattre la sous-culture qui pollue les jeunes d’origine arabo-musulmane et montrer la lignée prestigieuse que constitue leur culture d’origine.

Nombre de souverainistes me répondront : « s’ils veulent devenir Français, qu’ils s’assimilent et abandonnent leur culture antérieure. » 

L’attachement à la France doit être indiscutable, mais pas au prix de l’effacement de la mémoire. Devenir Français n’est ni une « intégration » dans un patchwork multiculturel, ni une « assimilation » qui absorbe la personne au point de la dépouiller de sa lignée.

Les jeunes Français musulmans seront d’autant plus fiers d’être Français qu’ils seront fiers de la lignée dont ils sont issus. C’est un mécanisme psychologique évident.

Enfin, il faut nouer des alliances au sein du monde arabe.

La France ne doit pas manquer la conjonction historique que Roland Lombardi décrit dans son dernier ouvrage. L’Égypte, l’Arabie Saoudite et les EAU ont la chance d’avoir à leur tête un trio de chefs d’états transformant le monde arabe comme jamais auparavant. 

Le militaire d’honneur, le prince visionnaire et le sage ouvrent une troisième voie qui leur est propre, renvoyant dos-à-dos les frères musulmans et l’hégémonisme des USA. Ces trois hommes sont des contre-exemples vivants du poncif de la « fatalité arabe ». Nous devons les soutenir et faire de leur action une source d’exemplarité.