« C’est le masque d’or de Toutankhamon ». Telle fut ma réponse à la question posée par un journaliste célèbre à l’une des chaînes télévisées américaines au sujet de la plus belle pièce d’antiquité - sans pareil- découverte jusqu’à nos jours. Et, si je prends la plume pour écrire cet article, c’est parce que le grand journaliste italien Angela est en visite en Egypte et m’a posé la même question. Je lui ai donné alors rendez-vous au Musée du Caire où nous sommes restés ébahis devant cette pièce d’art unique et extraordinaire, la plus belle de toutes les pièces du trésor funéraire du roi Toutankhamon. Chaque fois que je me trouve devant ce masque mortuaire, je me sens comme figé et mon esprit fasciné et inerte devant l’art de l’ancien Egyptien et comment la réalisation d’une telle œuvre d’art est impossible de nos jours. L’Egyptien d’autrefois a excellé à travailler minutieusement l’or et à y incruster des pierres semi- précieuses en défiant le temps, l’ancienneté et les siècles. Je répondais à mon interlocuteur avec les yeux rivés sur le masque. En me tournant vers lui, je l’ai trouvé, lui aussi, ébahi en le contemplant . Il a murmuré ainsi: « Je l’ai vu en photo à plusieurs reprises et jamais je ne l’ai imaginé aussi splendide. Et, à ce point, il me demanda de lui raconter l’histoire de sa découverte.
Je reviens ici au moment de la découverte de la tombe de Toutankhamon, en novembre 1922, par l'archéologue britannique Howard Carter qui, trois ans plus tard, en 1925, l’a ouverte pour y trouver la momie à l’intérieur de trois sarcophages d’or et son visage couvert par ce magnifique masque et à côté 150 autres pièces d’antiquité d’or dont des amulettes et des bijoux à l’intérieur et à l’extérieur de la momie. Après l’avoir placée longtemps au soleil, Carter a essayé- en vain- de détacher le masque de la momie ou même du sarcophage interne : le masque était collé à la momie par une étrange matière adhésive. Nous ignorons également pour quelle raison les Egyptiens ont procédé de la sorte et uniquement au sujet de cette momie. Carter a eu donc recours à des outils incisifs comme les couteaux, les a mis au feu et s’en est servi pour détacher le masque au dam de la momie qui a failli être sérieusement endommagée. Sous le regard inquisiteur du journaliste, j’ai commencé à décrire le masque qui représente la tête de Toutankhamon portant une sorte de coiffe rayée à bandes dorées et bleues, ces dernières à base de pâte de verre imitant le lapis-lazuli avec une barbe postiche exécutée d’or et de de pâte de verre. Sur la tête du roi nous trouvons les symboles du nord et du sud de l’Egypte : les deux déesses Ouadjet et Nekhbet en or massif. Il arbore un large collier ousekh composé de douze rangées de petites pièces couvertes de pierres semi-précieuses. Ce collier est accroché au niveau des épaules par des fermoirs en forme de tête de faucon. Le blanc des yeux- pleins de vie- est fait de quartz blanc et la pupille d'obsidienne. Ils sont rehaussés d’un liséré de lapis-lazuli pour imiter le khôl et les sourcils. A contempler les yeux du roi à la recherche du mystère de ce chef d’œuvre d’orfèvrerie, je suis envahi par l’impression de témoigner d’une civilisation qui a duré des milliers d’années et d’un peuple qui a travaillé sans cesse que je l’entends exécutant de telles œuvres.
Il y a quelques mois, j’ai reçu une animatrice d’un programme hebdomadaire à la télévision japonaise âgée de treize ans. Je l’ai accompagnée au Musée du Caire pour lui faire voir le masque funéraire de Toutankhamon. Elle est restée émerveillée pour une demi-heure à le contempler sans proférer un mot. C’est le charme du masque d’or.