Maintes personnes pensent que les relations égypto-françaises se réduisent uniquement à l’égyptomanie. Cet avis est réfutable. Si la conception française des Arabes est généralement liée au nord de l’Afrique, celle de l’Egypte offre une nouvelle dimension- insoupçonnable pour un grand nombre de personnes- liée à la spécificité de la relation nouée avec elle et qui est liée à sa force douce qui exerce une forte influence aux niveaux non seulement arabe et africain mais également international. C’est la raison pour laquelle on a vu apparaître en Egypte un fort courant qui soutient la culture française et prévoit des relations francophones au point d’avoir ses symboles en littérature, en art, au théâtre comme au cinéma, à la radio et à la télé autrement dit dans tous les moyens de communication entre toutes les parties. Nous avons cité, dans un précédent article, les noms d’un grand nombre de personnalités égyptiennes qui ont été influencées par la culture française et entretiennent avec elle des liens étroits comme les deux frères Abdel Razek et les deux Cheicks Ali et Mostafa puis le doyen de la littérature arabe Taha Hussein jusqu’au réalisateur égyptien Youssef Chahine et la chanteuse égyptienne Dalida. Ils offrent tous la preuve probante du lien intime entre les deux cultures égyptienne et française. Nous gardons également présents à l’esprit les noms du philosophe égyptien contemporain Abdel Rahman Badawi et toute une constellation de poètes et d’écrivains dont Ahmed Abdel Moati Hegazy et des cheiks d’Al Azhar qui ont étudié en France ayant à leur tête Abdel-Halim Mahmoud, le Grand Imam d'Al-Azhar et jusqu’au cheikh Ahmed Mohamed el-Tayeb. Il est incontestable que les symboles communs entre les deux cultures sont le reflet de leur synergie qui a abouti à la découverte de la pierre de rosette dont les inscriptions ont été déchiffrées grâce aux Français. Le rapprochement égypto-français dans le domaine de l’archéologie est prestigieux et d’une grande valeur. Alors que le musée allemand s’est approprié la tête de Néfertiti et la pierre de rosette est devenue une possession britannique, nous trouvons que les Français ont bénéficié de quelques antiquités grâce à leurs efforts et à leur passion pour la civilisation pharaonique et son influence sur le monde contemporain.
A ce stade, nous ne devons jamais oublier que la campagne d’Egypte était un pont précoce jeté entre l’Orient et l’Occident. Le choix par Bonaparte de l’Egypte comme tremplin de son action en Orient est le reflet de sa conscience des points communs entre les deux cultures française et égyptienne. Bien plus, la mosquée d’Al-Azhar Al-Sharif en Egypte était beaucoup plus proche de la culture française que de n’importe autre culture européenne ; L’armée égyptienne héroïque reconnaît que son fondateur est Soliman Pacha Al Faransi lorsque Méhémet Ali, le fondateur de l’Egypte moderne, lui confia la création de l’armée égyptienne, objet de fierté des Egyptiens, surtout qu’elle s’est développée au cours des dernières décennies grâce à la coopération entre les deux pays. Je me souviens toujours de ce dîner offert à l’Elysée par le président Mitterrand en l’honneur du président Moubarak où je me suis trouvé à table entre Dalida et Youssef Chahine. Et comment l’ambiance était agréable, amicale et chaleureuse. Les Arabes- avec l’Egypte en tête- éprouveront toujours la plus respectueuse gratitude à l’endroit de la France pour sa position, relativement modérée, à l’égard du Moyen-Orient. En outre, la passerelle empruntée par la civilisation arabe islamique pour passer en Occident est avant tout française. Nous ne devons pas passer sous silence le fait que le nord de l’Afrique- qui professe l’Islam- est considéré comme une nationalité en soi faite de la fusion des deux civilisations musulmane et européenne ; et il n’est pas surprenant de constater que les communautés nord-africaines en France sont les plus à jouir d’un maximum d’insertion et d’intégration. Dalida et Youssef Chahine sont respectivement les deux effigies des deux pays amis l’Egypte et la France. Ils sont le signe de la relation profonde entre le Caire et Paris et du rapprochement sensible intellectuel et politique comme de la coopération économique et militaire. A cela s’ajoute que l’Egypte comme la France sont , des deux rives de la Méditerranée, le creuset de la force douce en Orient comme en Occident. Le génie du lieu de chacun des deux pays a tissé les maillons des échanges commerciaux, de la coopération technique ainsi que l’enseignement français en Egypte. Nous saluons avec enthousiasme ce parcours ininterrompu et sans solution de continuité entre les enfants du Nil et ceux de la Seine à travers ce portail de l’Afrique. En fait, notre présent n’est en fait que le fruit de la coopération entre l’Egypte et la France ; Et Dalida et Youssef Chahine demeureront les symboles de similitude des forces douces des deux pays.