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Politique - Société

La démographie en question [ 2 - 2 ]

Le Dialogue

Cette photo prise le 27 mai 2021 montre une vue des sommets des pyramides de Gizeh (de droite à gauche) de Khafre (Chephren) et Menkaure (Menkheres) depuis le canal d'irrigation de Saqqara dans le village de Saqqara, au sud de la capitale égyptienne Le Caire. /AFP/Amir MAKAR.

 

Notre révolution démographique résulte directement de l'invention de l'agriculture, au Moyen Orient et sans doute en Chine, il y a dix mille ans.

Cette révolution consiste à attendre que les semences produisent des plantes et à s'occuper du troupeau plutôt que de se déplacer en permanence et du coup libérer du temps. Les civilisations de Sumer, mais aussi égyptiennes, Mayas, celles de l'Indus et la civilisation Xia en sont issues.

Au début, ces civilisations sont autonomes, puis elles échangent entre elles des marchandises et rencontrent des nomades. C'est ainsi qu'elles se transmettent les maladies et finissent par s'immuniser.

En dépit des aléas, climatiques ou épidémiques, la population mondiale passe, grâce à l'agriculture de cinq ou dix millions d’individus à trois cents à quatre cent millions d’êtres humains entre la période du Christ et le début du XIVe siècle.

Un évènement terrible se produisit alors en Europe. La peste noire qui infestait les rats, et qui avait déjà sévit en 541 sous Justinien est arrivée de Chine, transmise par les Mongols. Ces derniers assiégeaient Caffa, un port génois sur la Mer Noire et ils auraient transmis la peste aux défenseurs qui l'ont ensuite transporté par bateau à Marseille en novembre 1347. La pandémie s'est ensuite rapidement répandue en Europe le long des routes commerciales, à raison de deux kilomètres par jour.

On estime que 30% à 60% de la population européenne a été anéantie en quelques années. Elle a déstabilisé les pouvoirs religieux et politiques, provoqué des pénuries alimentaires et l'inflation des prix des matières premières. En revanche, la pénurie de main d'œuvre a fait augmenter les salaires et accru la productivité.

Mais il s’est produit ensuite un évènement encore plus terrible: la colonisation de l'Amérique par les Européens a répandu des maladies qui y étaient inconnues, notamment la variole, provoquant une mortalité massive. On estime que la population amérindienne est passée de quatre-vingts millions à la fin du XVe siècle à cinq millions au début du XVIIIe siècle.

Entre 1300 et 1700, la population de la Terre a stagné, entre quatre cents et six cent millions d’habitants. Les taux de natalité et de mortalité sont élevés, du fait des famines et des maladies, avec un tiers des enfants qui meurent avant cinq ans. À partir du XVIIIe siècle et au début du XIXe siècle la population mondiale atteint un milliard d’habitants grâce à l’Europe où le taux de mortalité diminue tandis que le taux de natalité reste élevé :  l’alimentation y est plus abondante et de meilleure qualité, ce qui entraine une plus grande résistance aux maladies. Les Européens ont en effet ramené d’Amérique le maïs, la pomme de terre et les tomates…

Puis la révolution industrielle, avec la mécanisation de la production, entraîne un accroissement de la productivité. Certes, au XIXe siècle, la vie était très pénible pour le plus grand nombre, avec des journées de travail interminables dans des usines sinistres et en logeant dans des taudis surpeuplés.

Tout était réuni pour une nouvelle épidémie exterminatrice, mais la science a été plus rapide que la maladie en permettant d’éradiquer un fléau tel que la variole, ce qui entraine un accroissement de l’espérance de vie, tandis que la natalité reste forte en moyenne. Quant au XXe siècle, en raison des progrès scientifiques de plus en plus rapides et malgré de grands massacres, 16 millions de victimes civiles et militaires lors de la première guerre mondiale, plus de 55 millions durant la seconde guerre et la grippe espagnole qui fit entre 20 et 40 millions de morts à la fin de la guerre première guerre mondiale, la population n’en a pas moins poursuivi sa croissance rapide.

 Or, en matière démographique, le XXe siècle n’est pas seulement la période pendant laquelle la population mondiale est passée d’un milliard six cent cinquante millions d’habitants en 1900 à six milliards cent millions en 2000. Cette période est aussi celle où les taux de natalité ont diminué alors que leur évolution constitue, pour le XXIe siècle et au-delà, la clé de notre avenir en tant qu’espèce animale.