Pour la première fois depuis les incidents de la nuit du 28 janvier dernier, j’ai visité, le 31 janvier, le musée égyptien. On avait obtenu auparavant un permis de visite de la part de l’armée concernant un groupe de journalistes et de représentants de chaînes de télévisions étrangères et moi-même, Notre mission consistait à adresser au monde l’important message que le musée égyptien se portait bien. C’est ce que je confirmais à chaque jour de la révolution et que « tant que le musée est sauf, c’est que l’Egypte l’est également » On s’y était introduit par sa porte arrière en compagnie des forces d’intervention rapide. C’est à travers cette porte que les touristes pénétraient dans la boutique du musée temporairement aménagée dans ce coin. Et, c’est grâce à elle que le musée égyptien a été sauvé. Les pilleurs qui s’y sont introduits se sont trouvés devant des bijoux en or et des reproductions des antiquités pour les voler de suite. Ils pensaient que la boutique était le musée égyptien. Une fois à l’intérieur du musée, je me suis pressé de parcourir toutes les salles pour me rassurer que toutes les antiquités et les trésors irremplaçables de l’Egypte étaient à leur place. Me suivaient les journalistes et les correspondants. J’ai était abordé alors par le conservateur du musée égyptien Dr. Tarek Al-Awady qui est venu me prévenir que la présidence me demandait au téléphone. Il m’a aussitôt passé son portable et à l’autre bout du fil, une voix me demandait de me présenter de suite à la présidence de la république pour prêter serment en tant que premier ministre des antiquités de l’histoire de l’Egypte. Et mon interlocuteur a poursuivi ses paroles en disant : « l’Etat a décidé de créer un nouveau portefeuille ministériel chargé des antiquités » C’était en fait une reconnaissance tardive de la part du gouvernement de la valeur des antiquités égyptiennes. C’est une première dans l’histoire de l’Egypte. Autrefois les antiquités dépendaient du ministère des travaux publics, de l’enseignement, de l’orientation nationale ou de la culture et non d’un ministère à part. C’était la jubilation complète des antiquaires en Egypte: ce changement visait la protection de nos antiquités et constituait une réponse à la revendication ancienne de toutes les personnes concernées par ce domaine. Bien que l’acceptation d’un tel poste à ce moment bien précis fût une erreur grave, je n’ai pu que le faire en vue d’accomplir à la perfection ce devoir national. En outre, le chef de cabinet de l’époque était le respectueux et honnête Ahmed Chafik qui jouissait de l’amour d’une large tranche de la population. C’est grâce à lui, que la compagnie aérienne nationale « Egyptair » a retrouvé sa discipline d’autrefois et que notre aéroport a été placé au rang des plus beaux aéroports du monde. J’ai pris la route en direction du palais présidentiel alors qu’une seule question taraudait mon esprit : « Mais qu’est ce qui est arrivé à notre musée et à nos antiquités ? » Je souhaitais en fait terminer ma tournée dans le musée avant qu’elle ne soit interrompue par cet appel téléphonique. Je voulais voir de mes propres yeux l’état du musée. J’ai fixé une date pour rouvrir le musée et restaurer les antiquités endommagées. Les assaillants avaient volé le contenu de treize vitrines dont une qui renfermait le sarcophage en bois coloré qu’on avait forcé l’ouverture dans l’espoir d’y trouver une momie. A le trouver vide, les pilleurs ne l’ont pas pris pour prouver qu’ils étaient à la recherche de deux choses : l’or et le mercure rouge. Sinon le musée aurait été pillé.