Alaa Youssef est l’une des figures les plus éminentes de la diplomatie égyptienne à l’étranger. Après un long expérience parcours dans la diplomatie, il a été Représentant permanent de l'Égypte auprès des Nations Unies et d'autres organisations internationales à Genève, actuellement Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire auprès de la République française et de la Principauté de Monaco. Il est également le Représentant permanent auprès de l'UNESCO dont, le Conseil exécutif de l'Organisation, par décision unanime du Conseil exécutif de l’UNESCO, composé de 58 membres, a décidé, de l'élire comme Président du Comité des relations extérieures et de la programmation du Conseil.
Nous l'avons rencontré après la tournée du président français Emmanuel Macron en Égypte, qui a eu des répercussions importantes dans les deux pays amis et ailleurs aussi.
Le Dialogue : Votre Excellence, pourriez-vous nous parler du calendrier de la visite réussie du président Macron en Égypte, de ses coulisses et de son impact sur les relations bilatérales égypto-françaises ?
Alaa Youssef : La visite du président Macron en Égypte a été un succès à tous les niveaux et domaines, et a reflété la profonde compréhension personnelle entre le président et son homologue français. Je ne vous cacherai pas que cette visite et les activités qui l'accompagnent font encore l'objet de discussions dans de nombreux cercles diplomatiques, économiques et culturels, non seulement au Caire et à Paris, mais aussi dans un certain nombre de capitales arabes et européennes, compte tenu de l'écho important qu'elle a suscité, tant au niveau des relations bilatérales entre l'Egypte et la France dans les domaines politique, économique, culturel et scientifique, qu'en lien avec les efforts de l'Egypte pour mettre fin à la guerre à Gaza suite à la reprise des opérations militaires israéliennes et à la violation de l'accord de cessez-le-feu.
La visite du président Macron comprenait également un sommet tripartite avec le roi de Jordanie, au cours duquel les dirigeants se sont mis d'accord sur un rejet ferme du déplacement.
Un appel téléphonique a également eu lieu avec le président américain Trump, reflétant l'étendue de la responsabilité confiée au Caire dans diverses questions régionales. La visite a également été suivie par le président Macron et le président Sissi, qui ont rendu visite aux Palestiniens blessés et blessés à Arish.
Quel est le degré de coordination égypto-française sur les questions du Moyen-Orient, notamment sur des questions telles que la Syrie, la Libye, la Palestine et le Soudan ?
Alaa Youssef : La coordination entre l’Egypte et la France ne se limite pas à un dossier ou à une problématique spécifique. La nature des relations entre Le Caire et Paris permet un dialogue franc et ouvert sur toutes les questions d’intérêt mutuel, ainsi qu’une coordination des positions dans les forums internationaux multilatéraux et diverses organisations internationales. La France apprécie grandement le rôle de l’Égypte au Moyen-Orient et le considère comme un pilier essentiel pour promouvoir la stabilité et la paix dans la région. En conséquence, les deux pays maintiennent un rythme soutenu de consultations régulières sur diverses questions régionales et internationales, notamment la question palestinienne, la Libye, le Soudan, la Syrie, la navigation en mer Rouge, la crise ukrainienne et d’autres questions.
Nous avons Tous apprécié le dialogue amical et joyeux entre les deux présidents à Khan el-Khalili, qui reflète une forte amitié personnelle susceptible d'ajouter de la chaleur à la nature des relations bilatérales. Parlez-nous de cela et existe-t-il une communication et un contact continus entre les deux dirigeants ?
Alaa Youssef : Bien sûr, la visite des deux présidents à Khan El-Khalili a été très amicale et spontanée dans leurs conversations et interactions avec les citoyens égyptiens et les touristes qui se trouvaient présents lors de la tournée des deux présidents. Cela reflétait également plusieurs aspects, notamment la solidarité du peuple égyptien avec ses dirigeants, l'accueil chaleureux et l'hospitalité que les Égyptiens réservent à leurs hôtes sans aucune prétention, ainsi que l'appréciation et l'amour mutuels entre les peuples égyptien et français, qui se reflétaient dans l'empressement des citoyens à prendre des photos souvenirs avec les deux présidents. Toutes ces questions sont le résultat naturel de la compréhension mutuelle, du respect et de l’appréciation entre l’Égypte et la France à tous les niveaux, en plus, bien sûr, des canaux de communication continus et ininterrompus entre les deux présidents, qui ont contribué à amener les relations au niveau distingué dont elles jouissent actuellement.
Vous avez accompagné le président français pendant environ trois jours. Pouvez-vous nous faire part des impressions de Macron, d’autant plus qu’il s’est exprimé après la visite avec beaucoup de joie et a déclaré qu’il ne l’oublierait jamais ? De quoi avez-vous discuté avec le président Macron à propos de l’Egypte et quelles sont ses impressions sur cette visite ?
Alaa Youssef : Le Président Macron a déjà exprimé ses sentiments positifs à l'égard de cette visite, en publiant un clip vidéo sur ses comptes de médias sociaux en arabe, exprimant sa gratitude au peuple égyptien et à Monsieur le Président pour l'accueil chaleureux, et sa joie des différents événements auxquels il a participé, soulignant que cette visite restera gravée dans ses mémoires. Il a également tweeté en arabe, confirmant qu'il quittait l'Egypte après trois jours émouvants qui ont reflété l'accueil généreux du peuple égyptien et la force de la coopération entre l'Egypte et la France. Le président Macron a également exprimé des sentiments similaires lors de son dialogue avec les étudiants égyptiens de l’Université du Caire et des interactions amicales qu’il a eues avec divers participants.
Selon vous, quels sont les accords les plus significatifs résultant de cette visite qui auront un impact positif sur l’Égypte et la France ?
Alaa Youssef : La visite a été marquée par la signature d'un grand nombre d'accords dans divers domaines, notamment l'économie, l'enseignement primaire et universitaire, l'énergie, le développement, les transports, la santé, et d'autres. Cela s’ajoute à plusieurs accords entre l’Agence française de développement et un certain nombre de ministères concernés pour mettre en œuvre un certain nombre de projets. L’accord le plus remarquable est peut-être celui qui vise à élever les relations entre les deux pays au niveau d’un partenariat stratégique global. En outre, la signature d'un contrat pour la création d'une usine pour la société française Alstom à Borg El Arab City pour fabriquer des fournitures de production électromécanique pour les chemins de fer en Egypte. Cela répondra aux besoins égyptiens et sera exporté à l’étranger, dans le cadre de la volonté de l’État de localiser l’industrie et de transférer la technologie. Il est à noter qu'un protocole d'accord a également été signé pour porter le nombre d'écoles françaises à 100 d'ici 2030, confirmant la forte présence de la dimension culturelle et éducative comme l'un des principaux piliers des relations bilatérales entre l'Egypte et la France.
Le Dialogue : La visite à Arish avait un caractère particulier. Pouvez-vous nous parler des aspects les plus importants de cette visite et des gains obtenus ?
Alaa Youssef : La visite à Arish a permis de mettre davantage en lumière les efforts sincères de l'Égypte pour mettre fin à la guerre à Gaza et alléger les souffrances humanitaires des habitants de la bande de Gaza, en plus des efforts de l'Égypte pour accueillir les Palestiniens blessés. La visite de certains blessés dans les hôpitaux égyptiens d'Arish a mis en lumière cette souffrance humaine et affirmé le soutien continu de l'Égypte à ses frères palestiniens. Il est à noter que le président Macron a mentionné que sa visite à Arish a mis en évidence la présence de près de deux millions de personnes piégées dans la bande de Gaza, en plus de sa grande sympathie pour les enfants et les femmes qu'il a rencontrés et entendus directement parler de leur empressement à retourner à Gaza après avoir reçu un traitement médical. En outre, la visite à Arish a contribué à mobiliser le soutien au plan arabe de reconstruction de Gaza, qui reçoit également un soutien croissant de la communauté internationale, y compris d’un grand nombre de pays européens.