L’ultime vérité que nous connaissons des Frères musulmans est qu’ils n’avaient aucun type de projet national qui visait le progrès et le développement de l’Egypte. Ils nourrissaient -sans cesse- une sorte de rêverie selon laquelle seule leur accession au pouvoir suffisait à mettre les choses en ordre pour mettre l’Egypte sur la bonne voie sans qu’ils nous en fournissent leur propre définition à moins du caractère religieux que laissait transparaître l’homme qui prendrait ce chemin, déploierait de gros efforts et recevrait la bénédiction divine qui augmenterait le PNB grâce aux bonnes invocations à Dieu. S’ils savaient quelque chose par cœur, c’est, premièrement, la leçon tirée de l’expérience iranienne: s’armer pour affronter l’Occident un de ces jours. Dans le programme des Frères musulmans - publié et retiré plus tard en 2007- ils mettent l’accent sur l’idée de l’industrie militaire et l’armement d’un point de vue général ; deuxièmement, que tout autre effort est anodin et n’aboutit à rien de signifiant à ajouter à la vie des hommes. Et lorsqu’au lendemain de la révolution du 30 juin 2013 s’est lancé le processus de la réforme et de la modernisation du système et de l’économie égyptiens , les Frères musulmans s’y sont opposés comme déjà cité dans deux de mes précédents articles. Ils se sont dressés contre le grand projet du départ portant sur l’élargissement du Canal de Suez en le doublant et avec cet exploit son axe de développement et ont ajouté aux campagnes médiatiques des opérations militaires qui ciblaient directement les pylônes de production électrique dans différentes régions en Egypte. De nombreuses opérations terroristes ont été effectuées par les Frères musulmans sous le couvert de multiples organisations portant des dénominations diverses dont « Les vautours de la révolution » et « la brigade de la révolution » : par leurs attentats qui ont ciblé tout ce qui est susceptible de paralyser le secteur du tourisme, ils voulaient confirmer l’idée que l’Egypte n’est pas un lieu sûr. Ces opérations avaient pour objectif de diffuser, partout dans le monde, que le régime égyptien n’est pas capable de protéger le pays et les touristes. Cette offensive n’a pas épargné l’un des plus grands projets de développement, celui de la création d’une nouvelle capitale administrative : ils sont allés jusqu’à mettre en doute le besoin même d’en avoir une pas pour dire qu’un tel projet ne figure pas parmi les priorités du pays mais plutôt que son exécution est un gaspillage d’argent public. Cependant, à vrai dire, la nouvelle capitale représentait une prolongation naturelle de l’actuel développement urbain égyptien ; en outre, elle se présente- logiquement parlant- comme une continuation de l’extension entamée depuis 25 ans en direction de l’est du Caire de manière à présenter une complémentarité avec le projet du Canal de Suez et de son axe de développement. Elle couvre ainsi sur les plans de l’industrie et de la population ce triangle au sommet duquel se trouve la ville de Port-Saïd au bout du Canal de Suez et la ville de Damiette dans le Delta du Nil et à sa base se trouvent les villes du Caire et de Suez et la région de Ain Soukhna, lié au nouveau Caire, à Rehab et à Madinetti qui était à une traversée de la ville promise. L’idée à l’origine de sa création était de bâtir une ville compatible avec l’avenir et le vingt et unième siècle qui présente, avec le développement technologique, une nouvelle génération de villes.
L’évolution de l’idée est passée par plusieurs stades à commencer par un projet égyptien d’urbanisation globale dans le pays à partir de 2008 /2009 intitulé le plan national global d’urbanisation jusqu’en 2052 qui a commencé en premier lieu par l’idée de la capitale discutée dans l’ouvrage de Gamal Hamadān sur le Caire et qui s’est achevé avec le projet de « la ville de Sadate » qui ne connut pas de succès pour aboutir aux entraves contre lesquelles a buté le projet de la capitale. Certains ont fustigé le principe même d’une nouvelle capitale, d’autres concevaient d’autres priorités sur lesquelles il fallait mettre l’accent ou parce que nul n’arrivait à positionner le projet dans l’ordre des projets publics de développement en Egypte à l’époque actuelle comme à l’avenir. C’est précisément ce point qui fut l’objet de la critique acerbe des Frères musulmans : Ils ont totalement ignoré la conjecture du déséquilibre chronique entre la grande superficie de l’Egypte - un million de kilomètres carrés et sa population qui a atteint 105 millions sans compter au minimum 10 millions de réfugiés qui s’amassent tous dans le delta étroit. Ce point était d’une importance majeure parce que l’image même de la capitale conçue était qu’elle soit une ville contemporaine qui convienne avec les traditions égyptiennes enracinées portant sur l’urbanisation avec toute sa grandeur et sa gloire. Le projet de la capitale administrative fut le fer de lance du renouveau que portent la carte de développement et la géographie de l’Egypte qui ne compte plus sur le Nil sur lequel l’Egypte a compté pour des millénaires pour tabler, à la place, sur les surfaces illimitées des mers et la longueur de ses rives. Les Frères musulmans ont intensifié leurs critiques acerbes contre le projet et le besoin de le réaliser en alléguant qu’il affectera en quelque sorte l’intérêt porté à l’ancienne capitale et qu’il aura un impact négatif sur les autres priorités surtout l’éducation et la santé. Les Frères musulmans avaient tort dans le premier comme dans le second cas. Le Caire a en fait connu son plus grand processus de développement de toute son histoire soit au niveau de son infrastructure- électricité, énergie, voirie et combat contre les villes champignons ou sur le plan culturel avec la rénovation et le ravalement des zones archéologiques pharaoniques, islamiques et coptes ainsi que dans la construction des musées comme le grand musée égyptien et le musée des civilisations. La création de la nouvelle capitale a donné signe au sauvetage de la capitale archéologique et historique. En outre, l’intérêt porté à l’éducation et à la santé a été sans pareil surtout avec la lutte anticipée du virus de l’hépatite qui sévissait en Egypte au point qu’elle a occupé une place avancée dans l’ordre des pays qui en sont atteints jusqu’à l’avoir exterminé. Plus tard, l’Egypte a dépassé avec un grand succès la pandémie du COVID 19 pour réformer depuis son système sanitaire. Vint dans le sillon de ce projet celui de « vie décente » parrainé par le ministère des affaires sociales et de la solidarité et qui s’intéresse aux zones rurales pour leur permettre d’avoir accès aux services de santé et d’éducation ainsi qu’aux projets d’infrastructure en Egypte. Il est à noter que toutes les nouvelles villes égyptiennes et à leur tête la nouvelle capitale administrative ont été érigées grâce é des université nouvelles et contemporaines aux plus haut degré d’éducation. Les Frères musulmans étaient dépourvus de l’objectivité scientifique et de la sincérité professionnelle médiatique pour compter – absolument- sur la méthode de Joseph Goebbels l'un des dirigeants les plus puissants et influents du régime nazi au cours de la deuxième guerre mondiale qui pensait que la fréquence du mensonge et le fait d’en faire- de différentes façons- le pivot de notre vie le transforme en vérité. De leur part, les Frères musulmans ont adopté intensément cette approche mais ont fourni, en contrepartie, leur logique aux centres américaines de recherches hostiles à la révolution égyptienne, de juin 2013 qui a renversé les Frères musulmans. Une complémentarité fut ainsi fondée entre les deux camps : le premier forge un mensonge de toute pièces ainsi que les points d’une campagne de propagande d’attaque contre le régime et l’Etat égyptiens en général et le second qui fonde tous ces éléments en un tout qui ampute les vérités et leur impute les caractéristiques dont se sont servis les centres de développement dans les pays du sud. Et c’est grâce à cette complémentarité entre les deux parties que les Frères musulmans ont trouvé la voie qui leur permet de relancer leurs mensonges pensant par là qu’elles ont pour source l’Occident alors que c’est l’inverse. L’un comme l’autre camps se fondent sur de faux prémisses de la problématique du développement en Egypte qui en ignorent l’autre plus grande propre à l’équilibre entre la géographie et la démographie égyptiennes qui ont placé l’Egypte loin de la position de prestige qu’elle mérite.