L’une des plus grandes découvertes scientifiques de ma vie a été celle de la momie de Hatchepsout. La preuve qui a tiré cette momie de l’anonymat et l’a attribuée à cette reine de l’Egypte antique est cette molaire trouvée dans un coffre en bois portant le nom de Hatchepsout et où était également enfermés ses entrailles et son foie. Glissé dans un scanner, le coffre a montré un corps étrange dont l’examen a prouvé que c’était une dent molaire sans racines. Plusieurs momies découvertes faisaient objet d’étude et l’une d’elles, censé appartenir à Hatchepsout, avait à la mâchoire supérieure une molaire manquante dont les racines y étaient encore enfouies. Un relevé scanner des dimensions de la molaire a permis de confirmer que c’était la même dent qui existait dans le coffre qui contenait les restes de la plus célèbre reine de l’Egypte antique. Il est à noter que la mâchoire supérieure en question portait les traces d’une infection due à un abcès qui a fait l’objet d’un traitement juste avant sa mort. La reine aurait été atteinte de plusieurs maladies dont un cancer métastatique avancé aux tumeurs cancéreuses disséminées à travers la momie et qui, à défaut de traitement, aboutissaient immanquablement à la mort. La plus noble de toutes les dames d’Egypte -c’est la signification même de Hatchepsout- souffrait également d’une grave ostéoporose en raison d’un déficit grave de calcium. De plus, elle souffrait d’un glissement d'une vertèbre lombaire et une sensation douloureuse de pression sur les nerfs qui s’est déplacée vers les membres inférieurs. Le scanner a montré également que la reine souffrait d’infection buccale et d’une obésité signalant qu’elle était diabétique. On a même détecté une tumeur cancéreuse de deux centimètres du côté gauche de la hanche et une ostéosarcome et une anomalie des tissus et des muscles du côté gauche. Une autre métastase de la tumeur se trouvait dans une des vertèbres lombaires du bas du dos, Des découvertes qui confirment que la reine Hatchepsout qui a gouverné l’Egypte -à son âge d’or- tout le long de vingt et un ans et neuf mois- était morte de sa belle mort. Tous les égyptologues étrangers ont accueilli favorablement ces arguments basés sur des études scientifiques très fouillées. Etonné, l’un des journalistes m’a transmis la réaction de l’un d’eux qui s’exclamait sur ce fait en prétendant que les Egyptiens vont changer le cours de l’histoire ; et moi de répondre : « Si cette découverte était l’œuvre d’un étranger , la réaction aurait été différente et on l’aurait glorifié mais c’est quand nous , les Egyptiens nous voulons être des pionniers dans le domaine de l’égyptologie, que nous sommes refusés comme si nous devions toujours travailler dans une équipe hétérogène. »
Pour ce qui est de Thoutmôsis Iᵉʳ, le père de Hatchepsout, le troisième pharaon de la XVIIIe dynastie qui a gouverné l’Egypte durant son âge d’or depuis plus de trois milles ans, sa momie se trouve dans le musée égyptien depuis 1881 et elle a été découverte par la famille Abdel Rassoul en 1875. Nous connaissons tous l’histoire de la découverte de cette cachette. Elle remonte aux temps où l’un des membres de cette famille de trouveurs gardait son bétail dans le site de Deir el-Bahari lorsque l’une de ses chèvres s’est éloignée pour la suivre et trouver au sommet de la montagne un puits très profond de près de quinze mètres de profondeur : Svelte comme tous les habitants de la montagne, il a pu descendre au fond du puits et dégager la soupape posée par les prêtres des familles 21 et 22 après avoir achevé le plus grandiose des actions dans l’histoire ancienne de l’Egypte, celui de transférer les momies des grands Pharaons de l’Egypte dans des cachettes pour les sauvegarder loin des actes de pillage qui s’étaient répandus à l’époque. Ils transportèrent également aux côtés de ces momies les affaires personnelles de ces rois et reines jusqu’à l’arrivée de la famille d’Abdel Rassoul qui a dévoilé le secret. Et c’est Ahmed Abdel Rassoul qui a annoncé la bonne nouvelle à sa famille d’avoir trouvé ce grand trésor derrière le temple de Deir Bahari. Cette famille n’a pénétré que trois fois seulement dans la cachette pour emporter tout ce qu’il y avait de précieux et le vendre via le consul d’Angleterre en Egypte, Mostafa Agha qui vivait à Louxor du vol et de la vente des antiquités en Europe. C’est par pur hasard que Gaston Maspero était en visite en Europe pour voir certaines des antiquités égyptiennes en train d’y être vendues. Il occupait le poste de vice-directeur de Mariette Pacha le directeur du service des antiquités. Il s’est rendu compte qu’une tombe royale a été dévalisée et c’est en rentrant en Egypte qu’il ordonna la nécessité de mettre Mostafa Agha sous surveillance à cause de ses liens connus avec les trafiquants d’antiquités. Constatant que l’un des membres de la famille Abdel Rassoul entretenait des relations avec lui, la police l’a arrêté et l’a détenu dans la prison du gouvernorat de Qena pour une très longue période ; libéré plus tard, il a rencontré sa famille et lui a annoncé combien il a durement souffert en prison et lui a demandé d’avoir la part de lion du butin mais elle le lui a refusé suscitant par là son courroux contre elle qu’il s’est rendu au commissariat de police dénoncer la place du trésor des momies. Ahmed Kamal pacha et Maspero se sont rendus alors à Louxor et ont pris en charge le transfert des momies vers le Caire dans un cortège magnifiquement reproduit par le grand metteur en scène Chadi Abdeslam dans son film « La Momie » : il a montré la tristesse qui couvrait les visages des habitants de Al Qarnah et la détresse des femmes en deuil comme si cette procession était de vraies funérailles qui les amenaient à leur demeure éternelle. A l’arrivée des momies au port de Boulaq; elles ont été qualifiées de « poisson salé » : à défaut de la qualification de « momie » dans le registre des douanes. Ahmed Kamal Pacha et Heinrich Karl Brugsch ont examiné la momie du roi Thoutmosis Iᵉʳ répartie dans deux sarcophages : le premier remonte à la vingt et unième dynastie au nom de Pinedjem Ier et le deuxième à la dix-huitième dynastie. On dit que l’égyptologue français Darcy a pu y lire le nom de Thoutmosis Iᵉʳ c’est pourquoi on a cru que la momie qui était à l’intérieur du sarcophage pourrait lui appartenir. Maspero avait pensé- dans un premier temps- que cette momie était celle de Pinedjem Ier , mais il a changé d’avis en 1896 après la découverte de sa momie. Ce qui est vraiment étonnant, est que cette dernière n’a pas porté un numéro d’enregistrement et a été perdue. La question qui se pose maintenant : est- ce que cette momie est au musée du Caire ? En fait, son destin reste embrouillé, alors que Brugsch et Maspero en avaient pris des photos dont nous disposons. D’où l’importance de la mise au point d’un projet égyptien d’étude des momies qui intégrera des jeunes clairvoyants qui pourraient plus tard occuper la tête de la mission alors que l’autorité égyptienne conservera la responsabilité suprême des antiquités et loin de tout conflit d’intérêt personnel entre les archéologues.
Après la découverte de la momie de Pinedjem Ier -comme je viens de dire- Maspero a déclaré que la momie partagée entre les deux sarcophages était celle du roi Thoutmosis Iᵉʳ. Il arguait une ressemblance entre cette momie et celle de Thoutmosis II et de Thoutmosis III. Néanmoins, l’étude a mis en brèche cet argument qui n’était basé sur aucune preuve scientifique. Aucune ressemblance n’existait entre les trois rois. En 1912, Eliot Smith a vaqué à l’étude de cette momie pour penser que la momification remontait à l’époque ultérieure à celle de Ahmôsis Iᵉʳ, le fondateur de la dix-huitième dynastie du Nouvel Empire et antérieure à celle de l’époque du roi Thoutmosis Iᵉʳ. Il est bien connu que Thoutmosis Iᵉʳ est le troisième des rois de la dix-huitième dynastie et il est le père de Thoutmosis II et de la reine Hatchepsout et mort presque à l’âge de cinquante ans. De nombreuses interrogations ont été soulevées au sujet de cette momie en raison des conditions de découverte et de la position des mains des deux côtés du corps à l’encontre de ce qui était d’usage pour les rois d’avoir une main ou les deux sur la poitrine. De plus scannée pour la première fois, cette momie a montré qu’elle appartenait à un homme âgé de trente ans alors que les preuves historiques ont démontré que Thoutmosis Iᵉʳ n’avait pas cet âge à sa mort. La taille de la dépouille était de 156 centimètres, elle gardait le cerveau et la position des mains était des deux côtés du corps et non sur la poitrine. La surprise est que nous avons découvert la tête d’une flèche métallique dans le corps de la momie. De plus, des preuves indiquent l’existence d’une tumeur dans le thorax. Le professeur radiologue, Dr. Ashraf Selim, a effectué une radio de cette flèche métallique ainsi que de la cavité droite du thorax qui nous a permis de découvrir que cette flèche a pénétré le côté du thorax, Nous avons déterminé avec précision le point de pénétration dans la cage thoracique qui a abouti à la formation d’un caillot de sang. Enfin, l’équipe a démontré que la momification n’était pas royale.
Toutes ces preuves démontrent que la momie qui se trouve au musée du Caire et exposée dans la salle des momies royales n’a aucun rapport avec le roi Thoutmosis Iᵉʳ. C’est pourquoi, nous devons entamer la recherche de sa momie et celle perdue de Pinedjem Ier . Moi personnellement je pense que la momie qui se trouve dans la sépulture du roi Séthi II pourrait être celle de Thoutmosis Iᵉʳ.
Tels étaient quelques secrets révélés des momies royales.