Des personnes tiennent des pancartes indiquant "l'antisémitisme tue" lors d'un rassemblement pour les victimes et contre l'antisémitisme après une fusillade sanglante au cours de laquelle un policier a tué cinq personnes dans la synagogue historique de la Ghriba sur l'île balnéaire de Djerba, à Paris en mai 10 février 2023. La petite communauté juive de Tunisie était sous le choc et en deuil après le saccage. Les autorités enquêtaient sur le mobile du tueur, qui a été abattu après avoir tué trois policiers et deux visiteurs, un franco-tunisien et un israélo-tunisien. Photo : JULIEN DE ROSA / AFP.
Marseille sous le choc après l’attentat à la synagogue La Ghriba de Djerba
Mardi 10 mai au soir, un gendarme tunisien a ouvert le feu aux abords de la synagogue La Ghriba à Djerba. Le bilan est de quatre victimes dont deux pèlerins, un Français lié à la communauté juive de Marseille, Benjamin Haddad et son cousin, Aviel Haddad, qui résidait en Tunisie. 21 ans après l’attentat-suicide perpétré contre le site religieux, ce nouvel attentat fait à nouveau frémir les relations entre la communauté juive et la Tunisie, déjà fortement entamées.
« Horrifiés », « dévastés », « révoltés ». Marseille et la communauté juive prennent le choc de plein fouet. Les mots manquent aux Marseillais qui apprennent que parmi les victimes de l’attentat figure l’un des leur. Le Français tué dans l’attaque de la synagogue la Ghriba sur l’île de Dejrba est en effet un enfant de la Cité phocéenne. Artisan boulanger, marié et père de quatre enfants, âgé d'une quarantaine d'années, Benjamin Haddad, très croyant et engagé, était venu effectuer son pèlerinage dans cette synagogue, la plus ancienne d’Afrique du Nord. "C'est une catastrophe. Il était l'un des nôtres. J'adresse mes sincères condoléances à sa famille et à ses proches", déclare l'ancien président régional du Crif (Conseil représentatif des institutions juifs de France), Bruno Benjamin. Le Président du Consistoire israélite de Marseille, Michel Cohen-Tenoudji a réagi après le décès de Benjamin Haddad qu’il connaissait de près. Il le décrit comme un jeune homme « bienveillant et avenant », « empli d’humanité » : il exploitait une boulangerie Casher et était très investi pour sa communauté « notamment pour les plus démunis à qui il fournissait tous les pains du shabbat » gracieusement. Le décès prématuré de Benjamin Haddad laisse aujourd’hui un immense vide pour ses proches, sa famille, ses amis, sa communauté.
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La Ghriba, lieu historique, lieu saint, lieu symbolique du monde juif
En cette époque de l’année, après la Pâque juive, le pèlerinage à la Synagogue la Ghriba, qui recèle l’un des plus anciens exemplaires de la Tohra, est une fête merveilleuse qui attire des pèlerins venus du monde entier. C’est un moment de recueillement et de ressourcement pour des milliers de juifs, pour la plupart originaires d’Afrique du Nord, qui y prennent part souvent en famille. Certaines éditions ont rassemblé jusqu’à 8 000 personnes dans cette synagogue, la plus ancienne d’Afrique, faisant de cette fête religieuse un événement hautement symbolique.
Sans contexte, l’attaque qui vise la Ghriba constitue un acte antisémite caractérisé. Pour le représentant du CRIF, Jonathan Arfi « Viser la Ghriba, c’est tuer des Juifs à la fois au présent et au passé, c’est viser un symbole de l’histoire des Juifs en Afrique du Nord ». Alors que le Président Emmanuel Macron réaffirme que la France doit « continuer à lutter contre l’antisémitisme », sur place, le Maire de Marseille Benoît Payan, le Président du Conseil régional, Renaud Muselier, la Présidente du Conseil Général 13, Martine Vassal et de nombreux élus ont exprimé leur soutien à la communauté juive une nouvelle fois visée et endeuillée. Martine Vassal, Présidente du CG13, dénonce une « nouvelle manifestation de la haine du Juif ». L’historien Marc Knobel expose dans un article intitulé « Lorsque la Tunisie se perd, lorsque la Tunisie se meurt », publié sur le site laregledujeu.org qu’il règne en Tunisie actuellement une terrifiante israélophobie dont Benjamin Haddad et son cousin ont hélas été les victimes hier soir. Marc Knobel explique qu’alors que « la Tunisie pourrait être dans le monde arabo-musulman un modèle de tolérance », « l’israélophobie » y est « presque devenue comme une sorte de religion, avec ses rites et ses mots, ses contemplations hasardeuses ».
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