Depuis sa création, en Egypte, en 1928, et jusqu’à nos jours, l’organisation des Frères musulmans vit toujours l’affrontement avec l’Etat égyptien quel qu’en soit son régime politique: royal ou républicain, socialiste ou capitaliste. Cette situation persiste toujours tant que l’organisation n’a pas cessé de s’attaquer politiquement d’abord à l’Etat égyptien en ameutant contre lui les autres pays du monde et en usant de diverses moyens d’information en vue de soulever le peuple égyptien et l’inciter à se révolter contre le régime politique en place et militairement en second lieu en conspirant avec les groupes terroristes après l’échec de leurs branches armées à déclencher des opérations terroristes ou contre les forces armées et la police égyptiennes ou contre l’infrastructure de l’Etat. Ne disposant d’aucun projet de développement susceptible d’entrer en compétition avec le projet national égyptien en cours, les Frères musulmans n’ont pas pu gagner l’opinion publique égyptienne depuis leur destitution du pouvoir le 3 juillet 2013, il y a dix ans. Ils ont attaqué pour autant sans répit le processus de développement égyptien en le mettant en doute et en usant de la désinformation. A vrai dire, jamais les Frères musulmans ne nourrissaient point aucun projet de développement qui prendrait en considération les faits économiques en Egypte et dans le monde entier. La révolution du printemps arabe n’a récolté que le mal : un paysage économique et touristique malheureusement apocalyptique, des investissements stagnants, une hausse du taux de la criminalité, le règne du chaos manifesté par les vagues de grèves, de protestations, de sit-in, de pillage, de banditisme et un arrêt de toute sorte de production. Les rapports de l’Institut de planification Nationale relèvent à six milliards de dollars les pertes financières subies par l’Egypte depuis l’éclatement de la révolution le 25 janvier 2011 et jusqu’à l’abdication du pouvoir par le président Moubarak le 11 février de la même année. A cela s’ajoute que les centres d’études économiques ont évalué de 66 à 110 milliards de dollars les pertes assumées en une seule année dont trois milliards de dollars en neuf mois uniquement par le secteur du tourisme et de l’aviation. Sans compter la fermeture de 4500 usines et la hausse du taux des chômeurs qui s’ensuivit jusqu’à atteindre le chiffre de 225 milles. En 2012, selon les chiffres avancés par le ministère de l’industrie et du commerce, les importations ont baissé d’une valeur de 30 milliards de dollars du fait du spectre de la grève qui avait surgi dans le marché du travail. En 2011-2012, le volume de la production avait chuté d’une manière sans précédent pour atteindre 240 milliards de dollars accusant une baisse de 40% par rapport à l’année précédente à cause de la détérioration sécuritaire, la montée en flèche des sit-in et des revendications sectorielles et de nombre d’autres défis contre lesquels a achoppé l’industrie et qui ont eu pour répercussions la hausse du coût de la production et la baisse de la compétitivité de l’industrie qui a culminé dans la crise de l’énergie et le problème de financement. Et le pessimisme a culminé à l’époque avec l’augmentation des volumes des dettes intérieures ( 193 milliards de dollars) et extérieures ( 33,8 milliards de dollars) sans rendement aucun sur les plans de la production ou du développement.
La révolution du printemps arabe portait mal son nom car elle n’était qu’un hiver atroce et sans fin. Les Frères musulmans étaient à la tête de ce chaos et de ce manque de stratégie de développement et de construction. Leur discours sur « la réforme » se limitait à quelques projets commerciaux de détail qui prenaient la forme de chaînes de supermarchés. Cet esprit de développement des Frères musulmans ne s’exprimait que par une excellente gestion de la révolution. Et, alors qu’on exagérait pour dire que les Frères musulmans étaient capables de faire des miracles, leur credo s’est limité à trois approches communes et contrariantes au sujet de l’exploitation des terres égyptiennes et qui dominaient la pensée publique égyptienne : premièrement certains les préféraient stériles et arides : à peine l’on suggérait une chance d’investissement d’une île ou d’un terrain quelconque que des cris s’élevaient dans le désert pour s’indigner au sujet de ce qu’ils appelaient exploitation, richissime, transactions, argent illicite et vente de l’Egypte. Le résultat en était que le désert revenait à ses propriétaires intact sans aucune trace humaine ou signe d’exploitation par la construction d’une usine ou même d’une résidence. Et les îles sont restés tels qu’ils sont produisant l’orge, le poisson des fois et les stupéfiants d’autres fois. La deuxième position fut adoptée par les paysans- contemporains des politiques socialistes qui imposaient aux denrées alimentaires une tarification qui visaient également les pauvres - qui se rendant compte que le prix du sol dépassait de loin celui de la nourriture, ont cherché à violer les terres vierges, les raviner , les rendre incultivables, infertiles et arides et les ont aménagé à la construction. Et, malgré les sanctions prévues dans des cas pareils, ces infractions et ce viol des terres agricoles persistent toujours dans les zones soient rurales ou urbaines avec prévalence dans les premières. La troisième approche est l’œuvre des pauvres qui ont décidé d’accaparer la terre à leur manière particulière et avec les sources d’eau, d’électricité et de drainage. Ils ont tout réuni dans des lieux où régnait le chaos généralisé qu’on les dénomma plus tard les régions champignons. A vrai dire, il n’existe aucun recensement précis du nombres des zones champignons en Egypte estimées entre 1171 et 1221 régions habitées par environ 15 millions d’âmes dont 6,1 résidents dans le Grand Caire. La littérature des Frères musulmans datant d’avant ou d’après la révolution, du temps de leur détention du pouvoir ou au lendemain de leur destitution ne portait ni pensée ou imagination afin de traiter de tels sujets vitaux au développement de l’économie égyptienne. A vrai dire, l’Egypte avait effectivement choisi sa route depuis le 30 juin 2013 : elle avait tracé sa propre feuille de route politique et sécuritaire raisonnée ainsi qu’un parcours économique et social accidenté. Sa marche était activée par trois puissants moteurs: la vision de l’Egypte 2030, les démarches déjà entrepris au lendemain de la révolution du 30 juin 2013, lorsqu’elle a inauguré une nouvelle étape de sa politique étrangère et de protection de sa sécurité nationale marquée par le credo que la construction du pays sur le plan intérieur et, avec, de ses éléments de force constitue la pierre angulaire de la protection de l’Egypte et de la réalisation de ses objectifs stratégiques de façon à mobiliser l’environnement extérieur de l’Egypte et à la soutenir de l’intérieur; de même cette étape est une application du principe que cette construction interne doit aller de pair avec des politiques externes basées sur la coopération et un minimum de confrontation. Le programme du deuxième mandat du président Abdel Fatah El Sissi comporte un paquet de réformes portant sur l’éducation, la santé et la culture et ayant pour pilier la fondation de l’Etat et de la société moderne basée sur une idéologie moderne et contemporaine du point de vue de l’homme, de la compétition, de l’innovation et de la création. A l’opposé, les Frères musulmans n’avaient ni vision ni projet : ils ne faisaient que mettre en doute les premières réalisations en cours en Egypte à travers leurs organisations politiques et leurs médias qui se sont activés à Istanbul en Turquie, à Doha au Qatar, à Londres, Genève et Paris en Europe. Les prémices de l’action égyptienne concrétisées par la création du nouveau canal de Suez grâce à une mobilisation des ressources financières égyptiennes nous en fournit la preuve probante. La cotisation des Egyptiens avait favorisé la somme de 64 milliards de livres égyptiennes dont 20 ont été investis dans le dédoublement du canal en une seule année et non trois comme prévu et le reste dans la création de l’axe de développement du canal qui a commencé à contribuer à la base industrielle égyptienne qui lie entre la vallée égyptienne et le delta d’une part et le Sinaï d’autre part à travers six tunnels creusés sous le canal et considérés à l’époque comme le plus grand projet architectural du monde. Quels étaient les détails d’un tel projet et quelle a été la réaction des Frères musulmans. C’est l’objet de mon prochain article.