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Monde

Le vent tourne en Europe

Le Dialogue

La Première ministre italienne Giorgia Meloni arrive pour un sommet de l'UE, au siège de l'UE à Bruxelles, le 23 mars 2023. Le sommet de deux jours des 27 dirigeants de l'Union européenne à Bruxelles vise à s'appuyer sur les précédentes réunions du Conseil européen où les dirigeants de l'UE discuteront les derniers développements, y compris le soutien continu de l'UE à l'Ukraine, à l'économie, à l'énergie et à la migration. (Photo de Kenzo TRIBOUILLARD / AFP)

Le vent tourne en Europe, et avec les élections européennes en cours et récemment passées, rien ne sera plus comme avant. Commençons par l’Italie, où les élections politiques (législatives) qui ont eu lieu en septembre 2022, qui ont amplement confirmé les sondages, ont fait venir à la tête du pouvoir national une coalition de centre-droit qui a remporté les élections sans difficulté en battant nettement un centre-gauche divisé, querelleur et dépourvu de propositions de projets concrets capables de motiver les indécis - et même leurs propres électeurs - à voter pour eux.

Depuis l'entrée en fonction de ce gouvernement de centre-droit en octobre 2022, avec à sa tête Giorgia Meloni, deux nouvelles élections ont eu lieu en Italie pour élire les conseils régionaux et, dans ce cas également, le centre-droit a continué de gagner. 

Ailleurs, en Europe, des élections ont eu lieu en Finlande et en Bulgarie, notamment, le 2 avril 2023. Les coalitions de centre-droit y ont sans surprise également gagné haut la main les scrutins dans ces deux pays. 

 

Les prochaines élections européennes de 2024

L'année prochaine, en mai 2024, nous voterons à nouveau dans le cadre des élections européennes (Parlement européen) et les opinions partagées par tous les sondeurs et experts géopolitiques concordent pour nous avertir que nous assisterons à un véritable tsunami de partis conservateurs à travers l'Europe et, par conséquent, à un changement d'époque au Parlement européen lui-même, lieu où le centre-droit représenté par le PPE – (Groupe du Parti populaire européen), suivis de S&D - (Groupe de l'Alliance Progressiste des Socialistes et Démocrates), puis les Verts/ALE (Groupe des Verts/Alliance libre européenne), ont toujours eu la majorité depuis des années. 

Or, que se passe-t-il en Europe et pourquoi ces partis qui ont historiquement gouverné les principaux pays européens sont-ils aujourd'hui en crise profonde ? La réponse est complexe et mérite une analyse beaucoup plus approfondie que celle qui peut être traitée dans un court article, mais on peut dire que les partis qui ont gouverné l'Europe au cours des dernières décennies ont parfois déplacé l'attention vers les droits environnementaux ou sociétaux en négligeant les problèmes traditionnels, tels que la défense des emplois, la sécurité dans les grandes villes et les problèmes économiques des classes populaires les moins protégées, comme les indépendants et les travailleurs du secteur des services, qui ont été horriblement pénalisés par la crise pandémique qui a bloqué toute l'Europe, affectant peu en revanche les travailleurs « protégés » tels que les fonctionnaires et les employés des grandes entreprises. Toutefois, nul doute que cette crise a fait couler le sang et la sueur de tous les travailleurs qui n'ont jamais bénéficié de ces protections…

 

Les partis de contestation

Ce sont certainement quelques-unes des principales causes qui ont conduit les classes sociales les plus exposées à la crise à tourner leur regard vers ces partis parfois « populistes » qui contestent souvent même avec véhémence la gestion politique actuelle en Europe. Parler des problèmes de défense des libertés sexuelles et de l'égalité des sexes ou autres requête « wokiste » est certes une question « civilisée », mais ce n'est pas du tout une priorité pour toutes ces personnes déclassées et laissées pour compte qui ont du mal à joindre les deux bouts, en raison des bas salaires et de l'augmentation exponentielle du coût de la vie enregistrée au cours des 18 dernières mois; sans oublier tous ceux qui craignent de perdre leur emploi, conséquence directe – notamment- des choix "verts" opérés par le Parlement européen.

Les élections du prochain Parlement européen - pour la première fois sans la Grande-Bretagne qui a quitté l'Union entre-temps - verront donc de nouveaux élus et de nouvelles idées présentes dans l’émicycle et qui pourraient conduire à des changements importants, également pour les choix faits par le parlement actuel et déjà en cours pour leur réalisation. L'actuel Parlement européen reviendra-t-il, par exemple, sur les décisions prises par le précédent, concernant la neutralité climatique à atteindre d'ici 2050 ? Quelles seront les décisions du nouveau Parlement concernant les biocarburants et les carburants de synthèse qui permettraient de prolonger la durée de vie des moteurs à combustion interne ? Quelle sera la position du nouveau Parlement concernant l'immigration clandestine, les demandeurs d'asile et la redistribution des migrants ?

Autant de questions légitimes à se poser car on sait que de nombreux partis conservateurs susceptibles d'être majoritaires au prochain parlement expriment depuis longtemps des doutes et des réserves sur les décisions actuelles proposées par la Commission et le Conseil européens et qui ont été soutenues par l'Union européenne à travers son Parlement. La probabilité que des changements de cap soient attendus est donc réelle et à certains égards elle a déjà été annoncée par les partis politiques qui s'apprêtent à devenir majoritaires au Parlement européen. Quelles seront les implications de ces changements hypothétiques bien sûr ? Il est encore tôt pour le dire, mais certainement rien ne sera comme maintenant.