Les électeurs libyens font la queue dans un bureau de vote à Tripoli pour élire le Congrès national général de Libye le 7 juillet 2012. Les électeurs ont fait la queue dans les bureaux de vote à travers la Libye désireux de participer à la première élection nationale du pays après plus de quatre décennies de dictature. (Photo par GIANLUIGI GUERCIA / AFP)
Lorsque l’Occident dans son discours traite du sujet de la base constitutionnelle en Libye, il ne vise pas ainsi à rechercher des textes juridiques selon lesquels des élections justes et transparentes se tiendraient en Libye conformément aux clichés de la propagande occidentale mais à trouver des mécanismes qui lui permettent de constitutionnaliser l’absurde en Libye.
La crise libyenne s’aggrave sérieusement ces derniers temps non en raison de causes subjectives mais plutôt des ingérences de ce qu’on appelle la communauté internationale. Dès le départ, l’invasion étrangère de la Libye a eu lieu sous le couvert des résolutions internationales adoptées par l’imposture et d’une vaste campagne de propagande mensongère qui diffuse que le régime en place extermine son peuple, bombarde des villes et villages pour que soient adoptées des résolutions injustes sous prétexte de la protection des civils. Lorsque la résolution du Conseil de Sécurité a été décrétée, le nombre des personnes massacrées étaient de quelques dizaines tués par les terroristes qui s’étaient immiscés entre les manifestants créant ainsi un tableau théâtral conçu de manière à envenimer l’opinion publique extérieur et non intérieur rien que parce que ce dernier vit cette réalité. Par conséquent, nous avons été témoins d’une solidarisation populaire - sans précédent- avec direction nationale. Des dizaines de milliers de jeunes se sont portés volontaires pour défendre la patrie. Et à quelques heures de la mise au vote de la résolution numéro 1973, l’aviation aérienne, la force aérienne de l’OTAN et l’aviation alliée de tous les pays arabes ont lancé des raids massifs sur la Libye de Benghazi à Tripoli ! Avec la fin des opérations de l’OTAN- prévues pour protéger les civils, le nombre de victimes parmi les civils innocents a atteint des dizaines de milliers. Des familles entières ont péri et les hôpitaux et les universités ont été rasés du sol. Mais le pire était d’autonomiser les terroristes des organisations Al-Qaida, Daech et les Frères musulmans et de leur permettre de détenir les rênes du pouvoir.
En Libye, le peuple savait très bien que le but de l’ingérence occidentale n’était nullement par sympathie avec les Libyens mais pour recoloniser le pays et maîtriser sa position stratégique et piller ses richesses ; Quant au monde, il a été mythifié par la large et intense propagande. Et comme il est d’usage chez tout pays colonisateur, l’Occident a nommé un conseil de transition constitué, dans sa majorité, de citoyens occidentaux dont leur ancienne origine remonte à la Libye et le reste des membres sont inconnus, Les noms de la plupart d’entre eux sont gardés secrets et inconnus jusqu’à ce jour. L’Occident a reconnu le Conseil et lui a présenté le soutien politique et a imposé sa reconnaissance par tous les pays du monde. Le Conseil a adopté une déclaration constitutionnelle préparée auparavant par les Frères musulmans à des époques antérieures ; ils y ont annexé une carte de route de création d’un petit Etat agent satellite qui fut baptisé Libye du nom de petits Etats qui soutenaient le Conseil.
Après le martyr du commandant chef et du commandant général de l’armée libyenne en 2011,tombe le rideau de la pièce de théâtre de la libération avec l’attentat perpétré par les Français et les Libyens contre le chef et ses compagnons et ils ont exécuté l’horrible massacre de l’hôtel Al Mahary qui cibla des centaines de prisonniers qui a été diffusé en direct sur de nombreuses chaînes de télévision.
Le conseil de transition a formé un gouvernement regroupant les dirigeants des groupes terroristes et les Frères musulmans qui ont exécuté des campagnes de répression affreuses ; de même, ont été promulgués des lois de bannissement dont la destitution politique, l’intégrité, la séquestration, la glorification du régime et autres.
A l’ombre de ces conditions horribles, les élections ont eu lieu en juillet 2012 sur la base de la déclaration constitutionnelle et en vertu d’une étrange loi promulgué par le Conseil de transition qui dispose notamment d’interdire aux personnes qui soutiennent le régime en place de porter leurs candidatures à ses élections ou de faire partie de l’électorat et de voter. De plus au cas de vacance du siège de celui qui a remporté les élections, il est remplacé par le suivant dans le nombre de voix sans tenir d’élections secondaires ou complémentaires.
Les Frères musulmans, les organisations terroristes et derrière eux l’Occident ont eu l’illusion qu’ils allaient remporter les élections. Mais en juillet 2012, les Libyens qui ont pu voter avec un pourcentage ne dépassant pas les 17% de l’électorat ont réussi à dissiper cette illusion ; Par contre, ceux qui s’abritent par l’Islam n’ont pas réussi à réaliser la majorité mais l’alliance nationale qui s’opposait à eux a réussi à remporter la majorité écrasante à travers ce qui a été nommé le congrès national que les Frères musulmans et les Occidentaux qui les soutiennent ont eu recours à la mise en vigueur de la deuxième partie de la loi et ont exercé la pression contre un grand nombre de gagnants et les ont contraints à abandonner leurs sièges afin de les remplacer par des islamistes extrémistes. A peine quelques semaines écoulées qu’ils constituèrent le plus grand bloc à l’intérieur du Congrès.
Parallèlement, le despotisme des milices gagna davantage de pouvoir et les cercles d’oppression contre les foules monta en flèche. Par conséquent, le refus populaire s’afficha contre le Congrès et ses politiques ainsi que le rejet de l’idée de reconduction qu’elles se trouvèrent acculées, rusées, de constituer un comit qu’elles ont dénommé» le comité de février » qui a posé la base constitutionnelle d’élection d’un nouveau corps.
C’est ainsi que des élections ont été tenues, en juin 2014, en vertu des lois en vigueur. Néanmoins, le peuple fut au rendez-vous. Et malgré la politique de pression et d’intimidation, le courant islamiste extrémiste a perdu les élections et a seulement réussi à remporter 12 sièges d’un total de 200.
Les Frères musulmans, leurs groupements et leurs supporters n’ont pas reconnu les résultats des élections ; et l’ambassadrice américaine Deborah K. Jones ainsi que ses homologues des autres pays occidentaux ont réclamé la nécessité du partage du pouvoir avec eux et de leur accorder le poste de premier ministre.
Comme conséquence des conditions sécuritaires qui régnaient à Tripoli, le Conseil des députés a tenu sa réunion à Tobrouk : 188 membres y étaient présents et 12 l’ont boycotté. Le Conseil a parachevé son administration et a procédé à la formation du gouvernement. C’est à ce moment que l’Occident s’est ingéré dans la question et a refusé de reconnaître les décisions du Conseil des Députés et a imposé le dialogue entre le Conseil et la minorité qui affiche le boycottage. Le secrétaire générale des Nations Unies de l’époque Ban Ki-moon s’y est rendu lui –même en personne pour superviser le dialogue à Ghadamès, Néanmoins, la question a été orchestrée la nuit que le ce rendez -vous devint une sorte de labyrinthe où c’est impossible de trouver le fil d’Ariane. Cet état des choses demeura pour des années et a généré un accord politique et une autorité nommée par l’émissaire du secrétaire générale Bernardino León à travers ce qui fut connu sous le nom des « accords de Skhirat » Il était prévu qu’elles mènent à un pouvoir unique et à la tenue d’élections en décembre 2017. Mais la fissure politique survenue était trop profonde et les élections ont été reportées à 2018. Néanmoins cette année ne différa en rien de la précédente. Début 2019, une réunion fut tenue en France où l’on se mit d’accord à la tenue d’élections. Une autre réunion y a succédé à Palerme jusqu’à arriver au dialogue de Berlin, de Genèvw et de Tunisie et la décision fut prise de tenir des élections le 24/12/21. Les candidats se présentèrent aux élections qu’ils ont atteint le chiffre de cent pour les élections présidentielles et 6000 pour les parlementaires. Les bulletins de vote furent distribués jusqu’au 21/12 puisque le vote a été reporté d’un mois sans donner de raison plausible. Et le 24/01/2022 le président de la commission a déclaré qu’une force majeure- inconnue jusqu’à nos jours a été derrière ce report.
En somme, le conflit qui sévissait ne portait pas sur la base même de la tenue des élections mais plutôt sur ses résultats ; car l’Occident désire que les Islamistes restent un acteur principal en Libye quel que soit leur popularité.
C’est pourquoi le débat sur la base constitutionnelle n’a pas surpris les Libyens qui sont pleinement conscients que le conflit ne porte pas sur les textes juridiques ou politiques mais sur les textes qui entravent l’action d’une partie et facilitent celle de l’autre e que le conflit tourne autour des résultats.
L’Occident est également tout à fait conscients que toutes les élections génèrent une nouvelle autorité qui ne serait pas un outil à servir ses propres intérêts c’est pourquoi, il n’épargne aucun effort pour empêcher la tenue des élections à moins d’être sur une base qui garantisse la victoire de ses agents.