Au cours des douze derniers mois, les gouvernements des pays de l’Union Européenne ont déboursé cinquante milliards de dollars pour le financement de la guerre et des aides humanitaires vers l’Ukraine au rythme mensuel de quatre milliards et 166 millions d’euros soit près de 140 millions d’euros par jour qui sont défalqués des impôts du contribuable. Et, au lieu de cibler par ces cotisations le bien-être économique et social, elles sont destinées à attiser les feux de la guerre afin qu’elle ne prenne jamais fin et que perdure, avec elle, la souffrance des peuples à cause de la crise alimentaire. Seul le coût des livraisons d’armes a atteint, jusqu’ à la fin du mois de janvier, environ douze milliards de dollars au rythme de 33 millions d’euros par jour.
Alors que les fauteurs de troubles et les manifestants infestent l’Europe en revendiquant une hausse de salaires et une amélioration des conditions de travail, les gouvernements prétextent que leur augmentation ne ferait que faire hausser le niveau de l’inflation en omettant de vue que c’est la guerre ukrainienne qui en est la cause. Le vieux continent ne manque pas également d’alléguer qu’il ne dispose pas des ressources nécessaires pour répondre positivement aux revendications des employés et des professionnels alors qu’il les trouvent facilement pour financer les livraisons d’armes, les aides militaires et la continuation de la guerre. Les peuples européens n’ont pas enflammé la guerre mais ils en payent la facture avec les autres peuples de la planète notamment les pauvres et les faibles. D’autre part, il ne faut jamais oublier que l’Ukraine et la Russie assument le prix exorbitant de cette guerre.
Un hydre tricéphale : les crises de la nourriture, de l’énergie et du financement
Les peuples du monde entier souffrent d’une crise complexe, qui prend l’apparence d’un hydre tricéphale : la pénurie des denrées alimentaires et la hausse de leurs prix, ainsi que la crise de l’énergie et du financement. Sans compter la guerre qui sème la dévastation et fauche les vies humaines. Ce qui est vraiment étonnant, c’est que des voix s’élèvent pour célébrer la hausse du nombre de morts des deux côtés du front de bataille. Bien plus, certains vont jusqu’à se servir des scènes de tueries et de ruines comme moyen de chantage contre l’Europe pour lui extorquer des ressources visant à faire perdurer la guerre. Le nombre de pertes humaines parmi les Russes est de l’ordre de 200 milles ou plus alors que qu’en Ukraine, ce chiffre ajouté à celui des blessés et des sans-abris atteindrait des millions de personnes. Loin de galvaniser le monde en vue de rechercher une issue à cette guerre, ces indices ont enflammé l’hystérie de la guerre pour plus de mobilisation afin qu’elle perdure plus longtemps. C’est la folie de notre époque qui a créé une sorte de cécité politique parrainée par des motifs idéologiques insensés qui vont de pair avec le désir acharné des Etats Unis et de ses alliés de défier les réalités géostratégiques du monde et leurs tentatives d’imposer un système unipolaire, déjà révolu.
Dans le cadre de la transmission des horreurs de la guerre ukrainienne à d’autres régions de la planète, le niveau de la militarisation des relations internationales augmente de plusieurs crans jour après jour et avec la menace de l’éclatement de plusieurs petites guerres dans des régions éparses à l’est comme à l’ouest qui partagent et émiettent davantage le monde. Bien que soient partout diffuses les rapports et les évaluations affreuses des risques de la continuation de la guerre au point de mettre le « risque nucléaire » sur la table des négociations, les forces qui gouvernent le monde refusent de prêter oreille à la voix de la raison et continuent à jeter de l’huile sur le feu. Partant, la question se pose au sujet de l’attitude des Etats Unis et de l’OTAN qui tendent délibérément à omettre de vue la diplomatie en tant que mode de résolution des conflits pour naviguer loin de toute initiative de nature à mener à l’accalmie. Ils conditionnent les négociations au retrait total de la Russie alors que, selon les règles de la coutume internationale, les conditions préalables posent des obstacles sur la voie des négociations et font risquer leur chance de réussite ou plutôt telle est la leçon donnée aux gouvernements du Moyen Orient pour les encourager à négocier avec Israël.
Une erreur de calcul
Dans son dernier article, du 2 février dernier, publié par « Project Syndicate », le haut représentant de l'Union Européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell se félicite du fait que l’Europe ait achevé la formation de quinze milles militaires ukrainiens et qu’elle envisage de former un nombre identique. Il s’est montré fier des ventes d’armes européennes à l’Ukraine dont les chars allemands « Léopard ».Il indique dans son article que « l’objectif recherché est la victoire de l’Ukraine contre l’agresseur : sinon la guerre agressive fera long feu et aboutira à plus de victimes côté ukrainien, à la hausse du niveau d’insécurité en Europe et à la persistance de la souffrance de par le monde. » L’on répondrait en disant : « Bon monsieur. La guerre est à son douzième mois et rien ne présage sa fin. Comment donc une telle politique pourrait-elle être crédible ? Cette politique n’était pas un fiasco uniquement au niveau de la réduction des risques, des menaces et de la souffrance, bien plus, elle a causé leur escalade. Selon Borrell, la Russie est responsable de la souffrance à cause de son utilisation comme une arme de guerre des fournitures d’énergie et de nourriture. Est-ce vraiment le cas ? Ou les sanctions sont-elles l’arme que dirige l’Europe simultanément contre elle- même, la Russie et le monde entier ? L’Europe est à la remorque des États Unis et elle n’est pas pleinement rassasiée de l’utilisation de l’arme des sanctions, n’en a pas tiré de leçon et maintenant elle est à son dixième paquet de sanctions contre la Russie ! Il coûte à la Russie 160 millions d’euros soit l’équivalent de 170 millions de dollars par jour, selon les estimations de l’Institut finlandais de recherche en énergie et en eau potable. La présidente de la Commission européenne Ursula Von der Leyen s’en réjouit en se montrant indifférente au supplice de 143 millions de Russes et à la souffrance d’un demi-milliard d’Européens qui traversent la crise de la hausse du niveau de vie. Ironie du sort, les Etats de l’Union européenne dépensent pour le financement de la guerre et la fourniture des aides à l’Ukraine l’équivalent des pertes essuyées chaque jour par la Russie.
Et, autant que les sanctions lèsent gravement la Russie autant qu’elles privent l’Europe et le monde des flux de fourniture d’énergie et de denrées alimentaires. L’Europe trahit les principes de la liberté de commerce et cause des souffrances inédites aux pays pauvres. Les deux responsables- Borrell et der Leyen en sont pleinement conscients des messages qui leur ont été adressées par l’Union africaine. Néanmoins, Borrell a déclaré que « nous devons fournir à l’Ukraine tous les moyens afin qu’elle vainque le pays agresseur, recouvre sa souveraineté et rejoigne l’Union européenne. » A vrai dire, il n’arrête pas de reprendre ces mêmes propos depuis 12 mois ; et apparemment il ne se lassera pas de les réitérer pour encore douze autres mois et même plus.
Prédominance de la guerre et absence de la diplomatie
Une question pertinente se pose : « pourquoi les États Unis et les États de l’Union européenne s’abstiennent-ils de mettre en marche la machine de la diplomatie afin de stopper la guerre et de sauver l’humanité de ses horreurs ? » La prédominance de la guerre et l’absence de la diplomatie ont provoqué la cherté de la vie dans les quatre coins du monde surtout dans le vieux continent qui connaît une grogne politique jamais vue depuis une décennie comme il souffre d’une inflation galopante sans précédent depuis quarante ans. Les grèves syndicales et les mouvements publics de protestation sont des signes de manifestation de la colère qui coûte au continent européen des sommes faramineuses évaluées à des dizaines de milliards de dollars qui le déstabilise politiquement et affaiblit sa compétitivité dans un environnement politique où s’accentuent la polarisation internationale et la compétition sur le pouvoir. A titre d’exemple, participent actuellement au mouvement de grève au Royaume Uni une majorité d’enseignants, de personnel soignant, des kinésithérapeutes, des secouristes, des médecins internes, des cheminots, des chauffeurs de trains et de bus ainsi qu’un grand nombre d’agents publics dans les services de base et les services sociaux.
L’agence de presse américaine Bloomberg News a estimé les pertes britanniques dues, l’année dernière, aux manifestations, à près de deux milliards de dollars. Elles pourraient tripler cette année alors que de telles grèves gagnent de plus en plus de terrain. Il est surprenant de constater les restrictions imposées par le gouvernement britannique sur le droit de grève des travailleurs en guise de réponse à une telle situation au lieu de faciliter la résolution de ces problèmes qui découlent de l’augmentation du coût de la vie. Elle prétexte que les travailleurs revendiquent une hausse exorbitante de salaires et qu’une telle augmentation est impossible à assumer : une attitude incompréhensible surtout lorsqu’on le voit présenter facilement, avec l’OTAN, des dizaines de millions de dollars chaque jour pour financer la guerre en Ukraine et lui fournir des armes et munitions.
Cette guerre a, en fait, coûté jusqu’à ce jour, aux pays de l’Union européenne près de 50 milliards d’euros dont douze milliards d’euros pour financer uniquement les livraisons d’armes (soit 13.1 milliards de dollars) comme indiqué dans l’article précité de Borrell. Ajoutons à cela, la part assumée par les États Unis et la Bretagne dans le financement des fournitures d’armes, le coût s’élève à 45,2 milliards de dollars dont 29,3 milliards de dollars aux États Unis, 13,1 milliards de dollars à l’Union européenne et 2,8 milliards de dollars au Royaume Uni; ceci veut dire que ces pays déboursent, des impôts payés par le contribuable, plus de 125 millions de dollars par jour en vue de financer l’acheminement des armes vers l’Ukraine dans le but de prolonger la guerre. Sans compter les aides économiques et humanitaires et les frais de formation. A cause de la guerre, le Fonds Monétaire International évalue une chute à 0,7% du taux de croissance économiques des pays de la Zone euro, voire le cinquième de ce qu’ils avaient réalisé l’année dernière avec 3,5%. Cette politique de prédominance de la guerre et d’absence de la diplomatie est-elle logique ?