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Monde

Comment qualifie-t-on les événements de février en Libye ?

Le Dialogue

Les Libyens se rassemblent sur la place des Martyrs à Tripoli le 17 février 2023, alors qu'ils commémorent le 12e anniversaire du soulèvement qui a renversé l'homme fort de longue date Mouammar Kadhafi. (Photo de Mahmoud Turkia / AFP)

 

À tous points de vue, ce qui s’est passé le 17 février en Libye ne peut pas être considéré comme « une révolution » !


Le concept de « révolution » signifie tout un processus de changement social basé sur un projet bien planifié dont les objectifs sont les mécanismes locaux contrôlés, soutenus par le public et dirigé par une élite de haute compétence. La révolution, en ce sens, relancera les énergies créatives des larges masses. De sorte que les sociétés sous-développées, pauvres se transforment en sociétés stables parce qu’aisée et développées. Aussi y règnera-t-il un état de progrès englobant  tous les aspects de la vie : lancer la reconstruction moderne du pays, soutenir la culture et les arts, moderniser l’éducation et les institutions  de l’enseignement et de la santé.

La mise en œuvre de la conspiration du soi-disant « printemps arabe » commence, en Lybie, le 17 février 2011. Il s’agissait de changer la carte politique et sociale du monde arabe, à amortir ses forces, à réduire ses services sécuritaire et défensifs et finit par paralyser sa résilience.

Toute la région appelée le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, était visée dans une tentative d’empêcher toute montée arabe. Cela a commencé par promouvoir la théorie du « chaos créatif » visant à établir un nouveau Moyen-Orient avec Israël à son sommet. Ensuite, le monde arabe se transforme en une zone d’influence et d’exploitation de ses énormes ressources et richesses géo-économiques. Pour réaliser ses appétences, il exploite également l’opportunité de la domination américaine unipolaire après l’effondrement de l’Union soviétique et du bloc communiste à la fin des années quatre-vingt du siècle dernier.

Le tour de la Libye est venu après l’accomplissement du complot en Tunisie et en Égypte. Ils ont perturbé la sécurité, affaibli les deux pays et renversé les deux président (Moubarak et Ben Ali). Les occidentaux ont soutenu leurs alliés, les groupes ultras islamistes comme les groupes libéraux pour arriver au pouvoir en Tunisie et en Égypte et paralyser la Lybie.

Ce qu’ils ont appelé « la révolution libyenne » n’était que des simples manifestations dont le nombre ne dépassé pas des centaines.  Ils n’ont pas réussi à mobiliser une masse susceptible d’apporter le changement requis, comme cela s’est produit en Égypte et en Tunisie. C’est pourquoi les parrains du Printemps Arabe étaient contraints d’intervenir directement pour accomplir la tâche. À cet effet, ils n’ont pas seulement instrumentalisé l’ONU mais également les organisations régionales afin de fournir des arguments appropriés !

Le Conseil des Droits de l’Homme, a même publié des résolutions bizarres accusant le régime libyen de génocide sans enquête :  l’accusation était basée sur un rapport suspect d’une organisation libyenne fictive, écrit par une personne connue pour être liée au renseignement étranger. L’accusation a été immédiatement suivie de décisions soudaines du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), exigeant l’intervention internationale. Le coup décisif est venu de la Ligue Arabe, qui a empêché le délégué libyen d’assister à ses réunions exécutant les diktats qu’elle a signés sans prendre la peine de penser à se rendre en Libye pour y découvrir la vérité sur place. En revanche, elle a pris une décision sans précédent : renvoyer le dossier de la crise libyenne d’urgence au Conseil de sécurité qui a adopté, sur le coup, deux décisions consécutives, la Résolution n°1970 et la Résolution n° 1973. Les deux décisions ont été rendues sans véritable justification. Or, elles étaient fondées uniquement sur une série de mensonges. Ainsi, sous la première résolution, un blocus injuste a été imposé, y compris les médicaments, la nourriture, le carburant. L’embargo aérien ainsi que le blocus naval et terrestre étaient complets. Ce qui n’avait pas été vu depuis la deuxième guerre.

La deuxième résolution a résolu une intervention militaire à grande échelle dirigée par l’OTAN dans la plus grande opération militaire alliée après la Seconde Guerre mondiale. L’intervention a duré huit mois, y compris des bombardements aériens et de missiles continus visant des infrastructures civiles, sécuritaires et militaires.

La vérité est que le nombre de morts, avant l’intervention de l’OTAN, ne dépassait pas les dizaines. Il est apparu plus tard que la plupart d’entre eux sont morts en raison d’une fusillade planifiée dans le cadre du plan visant à déclencher le printemps arabe. Le scénario s’est répété en Tunisie et en Égypte : des francs-tireurs d’élite professionnels ont mené cette opération pour attiser la colère de la population troublant ainsi le sommeil des autorités. L’opération s’est rapidement transformée en un conflit dévastateur qui se poursuit encore aujourd’hui.

Cependant, l’Occident a bloqué toutes les tentatives de résolution politique de la crise. Il a empêché la communication entre les parties libyennes évitant de présenter des initiatives internationales. Peut-être les obstacles rencontrés par l’initiative africaine décèlent-t-ils le rôle négatif de l’OTAN. La préoccupation de l’Occident étant de renverser le régime national, de détruire l’armée libyenne, et les services de sécurité semant le chaos dans le pays qui leur permettrait de mettre pleinement en œuvre les objectifs du complot !

En dehors des événements et de leurs développements, nous n’en trouvons aucune logique qui puisse justifier de nommer le chaos « une révolution » !

Certains des phénomènes chaotiques montrent sans équivoque qu’il ne s’agissait pas du tout d’une révolution. Par conséquent, nous n’avons pas besoin de le prouver en calculant les dommages matériels catastrophiques causés au pays ni les terribles peines humaines. Même sans compter les victimes humaines, les handicapés, les disparus, la destruction et l’insécurité.

L’un des phénomènes les plus marquants qui a émergé après le 17 février était la glorification du colonialisme par des gens appréciant l’étape obscure vécu par le peuple libyen. Certains ont parlé ouvertement des aspects positifs du colonialisme. Ils ont même loué le règne du colonisateur italien et glorifié Mussolini qui a gouverné la Libye par l’intermédiaire du général Balbo, de sorte que certains l’ont présenté comme un bâtisseur de la Libye moderne. Les combattant djihadistes nationaux n’étaient pas seulement sous-estimés, mais ses dirigeants étaient diffamés.  Alors que les colonisateurs ont occupé la Libye, déporté la plupart de ses habitants, confisqué leurs biens et construit des villes et des colonies pour les Italiens, qui y sont restés propriétaires de terres agricoles et de maisons jusqu’à leur expulsion en 1970.

Ils ont également salué le colonialisme turc, qui a laissé le monde arabe dans l’ignorance totale en se présentant comme conquérant musulman. En retour, les Ottomans ont remis la Libye et ses oasis côtières sous la domination des pirates. Avant de vendre la Libye aux Italiens pour 50 000 lires, ils n’ont pas construit un seul bâtiment pendant leurs cinq siècles de colonisation.   

Les programmes scolaires étaient vidés de tout ce qui concerne l’histoire du Grand Jihad ainsi que tout ce qui concerne les deux colonialismes turc et italien. Alors qu’ils comprenaient des louanges des  Turcs et leur histoire, dans une tentative de blanchir le visage hideux de l’Empire ottoman

À cet égard, ils attaquent l’identité culturelle du peuple, dénigrent l’appartenance arabe et promeuvent la diversité linguistique artificielle dans le but de déchirer le tissu social arabe libyen.  Par conséquent, tous ceux qui disent que la Libye est un pays arabe se trouvent diabolisés. Sous prétexte que cela nuit aux minorités non arabes vivant en Libye (5% de la population), c’est sans doute un prélude à la transformation de la Libye en une barrière géo-démographique qui empêche l’unification du monde arabe avec ses ailes orientale et occidentale.

Des thèses religieuses takfiri ont également émergé  menaçant l’unité religieuse du peuple sunnite libyen malékite, principalement avec une minorité sunnite Ibadyyah. En conséquence, la Libye a été témoin de massacres brutaux sous prétexte de monothéisme et de slogans du djihad. Les terroristes ont massacré des gens, transformé les cours des mosquées en lieux d’exécution, décapité de nombreuses familles et crucifié des familles entières – la famille Harir à Derna et la famille Sadiq à Syrte.

Le plus dangereux est le fait de proposer la division du pays afin de résoudre la dite crise du pouvoir politique.  Par conséquent, il y a eu beaucoup de discussions selon lesquelles la Libye est constituée de trois régions qui peuvent être séparées pour faciliter leur administration. Ainsi, les soi-disant révolutionnaires ont-ils lancé des slogans de marginalisation, de fédéralisme, etc. Bien que la plupart des Libyens appartiennent à la même tribu d’origine. Les tribus libyennes sont toutes dispersées sur la surface de la Libye. La situation politique s’est aggravée au point que la demande de partition est devenue la seule issue, par étapes compatibles avec l’idée de fédéralisation et de division. Ceci est renforcé par le fait que les autorités fragiles se sont pliées aux demandes occidentales d’installer des migrants africains en Libye.

Cela conduira à un changement démographique qui transformera effectivement la Libye d’un pays à prédominance arabe musulmane en États à majorité africaine. Ces majorités formeront une barrière humaine entre l’Orient et le Maghreb du monde arabe ! ce que nous venons de discuter sont quelques-uns des résultats des événements du 17 février qu’il ne faut qualifier de « révolutionnaires ». Car ils ne sont, en vérités que des émeutes catastrophiques.