Le problème de faire face à la tendance séparatiste des islamistes en France et de les pousser à respecter les valeurs républicaines représente, à mon sens, un défi existentiel, pour les hommes politiques français. S’ils ne repèrent pas les causes de ce problème, ils ne pourront jamais le résoudre d’une manière radicale, dans un avenir prévisible.
Cette pandémie chronique, dont toutes les tentatives de réforme — de Chevènement à Sarkozy à aujourd’hui — ont échoué. Toutes ces tentatives ne faisaient qu’entretenir la crise en la considérant confusément, comme une crise de l’islam et en choisissant à tort les intermédiaires chargés de la réforme parmi les personnes influentes liées aux Frères musulmans. Ses derniers en profitaient et ne se faisaient pas prier pour renforcer leurs positions et kidnapper l’islam aussi bien que les musulmans de France. Ainsi ce « crime » a été commis depuis des décennies aux bords de la seine, dans les villes et les banlieues au vu et au su de tout le monde. Parfois même, avec la complaisance de certains hommes politiques.
Ces liens étroits entre Frères Musulmans, Hamas et État islamique
Il est temps de changer de stratégie et de définir clairement le défi et l’ennemi à affronter. Car les Frères musulmans ne sont pas une simple organisation traditionaliste ou conservatrice. Ils sont classés aux Émirats arabes unis et en Égypte comme une organisation terroriste, aussi bien que le Hamas, leur branche officielle à Gaza. Hamas qui a adopté la méthode des attentats-suicides à la suite d’une fatwa du Mufti de la Confrérie, Yusuf al-Qaradawi, qui a publiquement approuvé et légalisé ces opérations, allant jusqu’à affirmer qu’elles devaient être décidées et menées collectivement et exclusivement sous la direction de l’organisation des Frères musulmans.
Or les liens entre le Hamas et l’État islamique ne sont plus à démontrer. En juillet 2017, Issam Saleh, chef de “l’Armée de l’islam” affiliée à Daech, a tenu une conférence de presse à Gaza dans laquelle il a annoncé la fin du conflit entre l’Etat islamique et le Hamas, ajoutant que des consultations entre les deux organisations sont prévues pour développer la coopération et l’assistance logistique fournie par Hamas à l’Etat islamique, particulièrement dans le Sinaï face à l’armée égyptienne. Cela fut révélé et confirmé par la fondation israélienne Jewish news syndicate qui a publié un rapport exclusif et divulgué des documents explosifs sur les opérations militaires de Daech dans le Sinaï. Cette fondation de recherche politique israélienne a déclaré avoir obtenu des documents internes appartenant à Daech, rédigés par Abou Maram al-Jazairi, l’un des dirigeants de cette organisation. Onze pages qui indiquent que la branche Daech de la « province du Sinaï » recevait une aide logicielle substantielle de la part de la branche armée du Hamas dans la bande de Gaza.
Ce n’était pas la première fois que le Hamas, la branche palestinienne des Frères musulmans, coopère avec des organisations terroristes. Déjà en 2009, les documents judiciaires concernant l’attentant à la bombe de la mosquée d’Al Hussein au Caire, dont une victime fut une citoyenne française, ont révélé que deux organisateurs de cet attentat : Khaled Mahmoud Mustafa et Ahmed Mohammed Siddiq ont utilisé Gaza comme un lieu de fuite et de refuge – sous la protection du Hamas.
Mais le danger de cette confrérie est toujours d’actualité, comme le démontre la décision toute récente de l’administration américaine en janvier 2021, d’inclure le Mouvement frériste musulman « Hasm » dans les listes des organisations terroristes. Ce mouvement avait été fondé par Mohamed Kamal, membre du Bureau de l’orientation (l’office de la guidance) de l’Organisation internationale des Frères musulmans, qui a trouvé la mort lors d’une confrontation avec les forces de sécurité égyptiennes à Maadi, dans la banlieue sud du Caire, en octobre 2016.
Les trois piliers de l’action des Frères Musulmans en France
Au début des années quatre-vingt, l’Organisation internationale des Frères musulmans est venue en France avec l’objectif de préparer son plan de domination (Altamkine) de l’Occident. Cette domination, selon leur projet, se réalise en trois étapes qui fonctionnent parallèlement et non pas successivement : la domination sociale, qui passe par les organisations dans lesquelles les musulmans français et les immigrés sont regroupés dans des associations organisées. Elles étaient sept en 1989 et elles sont devenues 250 au milieu de l’année 2005. La domination économique, via le financement direct et indirect : valises d’argent diplomatique utilisé dans la construction des mosquées, écoles et centres culturels et éducatifs, dons et transferts bancaires, revenus du commerce de la viande halal, du petit et le grand pèlerinage, ou de la zakat (aumône légale). La domination culturelle par le biais de la création de centres culturels, d’écoles, et du soutien de l’enseignement privé et à domicile, ce qui a permis aux Frères de diffuser leur méthode éducative, idéologique et religieuse partout dans ces banlieues.
Une triple maîtrise qui conduit à la domination politique totale qui commence par le jeu des influences dans les élections locales, puis évolue pour devenir une carte importante à prendre en compte dans les combats électoraux, jusqu’à devenir un élément décisif dans les élections législatives ou présidentielles. Il est donc impératif de démanteler, en France, l’Organisation internationale des Frères musulmans sous toutes ses métamorphoses sociales, économiques et culturelles.
La nouvelle loi peut contribuer partiellement à ce démantèlement mais elle ne sera pas suffisante car les Frères sont connus pour leur capacité d’adaptation à toutes les situations et à surmonter tous les obstacles qu’ils ont rencontrés. Ils ont réussi pendant un siècle environ, à profiter des contradictions de leurs adversaires pour installer leurs antennes et organiser leurs associations. Le cas de l’Egypte, où ils sont arrivés au pouvoir après la chute du président Moubarak, en est la meilleure preuve.
Un démantèlement qui prendra des années
C’est pourquoi il faut donner la priorité, dans un premier temps, à l’assèchement des sources de financement, à la surveillance et à l’interdiction de ces associations et aux poursuites judiciaires de leurs dirigeants. Ce sont les principales armes dont nous disposons pour passer ensuite à l’étape décisive suivant, le démantèlement du système idéologique que cette Confrérie a réussi à implanter dans la société française à travers ses écoles, ses mosquées et ses associations. Ce démantèlement nécessitera des années de travail pour son éradication. La France est confrontée à un processus complexe qui dure depuis des années et des années. Des actions plus rapides et des applications plus fermes sont requises pour sauver ce qui peut être sauvé. Sans quoi l’Etat et la société continueront, hélas, à fonctionner dans un cercle vicieux.