Une fille patauge dans les eaux de crue de la ville de Managil, dans l'État d'al-Gezira, à environ 250 km au sud de la capitale, le 23 août 2022. Le Soudan a déclaré l'état d'urgence en raison des inondations dans six États, dont le Nil. Depuis le début de la saison des pluies dévastatrice, des milliers de familles soudanaises se sont retrouvées sans abri, s'abritant sous des sacs en lambeaux. (Photo par Ebrahim Hamid / AFP)
Le récent séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie, nous rappelle que les catastrophes naturelles sont d’autant plus dévastatrices dans des zones pauvres, en crise et non préparées. L’Afrique en est un autre exemple…
L'Afrique aurait connu plus de 2000 catastrophes naturelles et plus de 460 millions de sinistrés depuis 1970 et la moitié d'entre elles se seraient produites ces dix dernières années.
La crise climatique a des effets immédiats. Cette dernière détruit les moyens de subsistance, perturbe la sécurité alimentaire, et elle aggrave les conflits pour des ressources rares et provoque des déplacements . Or le lien entre les chocs climatiques et les déplacements est clair et s’accentue.
En effet, l’aggravation des chocs climatiques au Sahel notamment a alimenté les sécheresses et les inondations, réduit les rendements agricoles et contribué à une détérioration générale des services publics pour l’une des pires crises de déplacement au monde. Les températures au Sahel augmentent 1,5 fois plus vite que la moyenne mondiale.
A ce titre, au Niger, plus de 32 000 personnes ont été touchées par les inondations dans la région de Diffa, et plus de 13 000 ont été déplacées l’an dernier. Au Mali, plus de 41 000 personnes ont été touchées par des inondations dans tout ce pays, contre plus de 10 000 en 2021.
Et il va sans dire qu’au-delà du Sahel, le continent africain assiste à la pire sécheresse depuis 40 ans et à la menace de famine dans la Corne de l’Afrique, à une saison cyclonique dévastatrice au Mozambique et à des inondations historiques pour une quatrième année consécutive au Soudan du Sud et au Soudan.
S’agissant du Sud Soudan, après une quatrième année d’inondations historiques et des dévastations, plus de 900 000 personnes ont été directement touchées, les eaux ont emporté des maisons et du bétail, forcé des milliers de personnes à fuir et inondé de vastes étendues de terres agricoles… De même, en Afrique du Sud en avril 2022, des pluies diluviennes, qui ont duré une semaine ont entraîné des crues et des glissements de terrain meurtriers. La plupart des victimes ont été enregistrées dans la région de la ville portuaire de 3,9 millions d'habitants dans le KwaZulu-Natal (KZN), ouverte sur l'Océan Indien.
Pour mémoire, en mars 2019, le cyclone tropical Idai a touché le Malawi, le Mozambique et le Zimbabwe, causant des dommages totaux estimés à 2,2 milliards de dollars américains. Avec des vents atteignant 195 km/h, Idai a été le cyclone le plus meurtrier et le plus coûteux dans le sud-ouest de l’Océan Indien, faisant plus de 1 000 victimes et affectant la vie de plus de trois millions de personnes.
Or le déficit en matière de couverture d’assurance des catastrophes naturelles en Afrique est abyssal. Par exemple, lors du passage du cyclone Idai, le Swiss Re Institute avait indiqué́ que le coût global des dégâts au Mozambique, au Malawi et au Zimbabwe était d’environ 2 milliards de dollars US. Mais seuls 7 % étaient assurés. Soit 93 % des pertes économiques n’étaient pas couvertes.
Si les catastrophes naturelles sont des sources croissantes de préoccupation parce qu'elles bouleversent et fragilisent nos économies, elles inquiètent également les assureurs africains du fait du coût qu'elles représentent.
En matière de catastrophe naturelle, la crainte de tous les acteurs du secteur assurantiel est la même : ce sont des risques qui coûtent très cher et qui sont par nature imprévisibles. Dès lors, les couvrir est trop risqué : il n'est pas possible de savoir la probabilité de réalisation de l'évènement, de l'anticiper ou de l'empêcher. Et lorsqu'il se réalise, il engendre des dommages très couteux
On l’aura compris, l’Afrique, n’est pas encore très familiarisée avec le marché de l’assurance.
De fait, 80% des primes d’Afrique subsaharienne se concentrent en Afrique du Sud.
Et si l’Afrique du Sud domine le secteur, elle devrait bientôt être rattrapée par le Nigéria qui est en tête de liste, tandis que le Kenya et l’Éthiopie affichent une croissance
Le secteur de l’assurance peut aider à développer et à mettre en œuvre des solutions de transfert du risque pertinentes et innovantes pour répondre aux risques de catastrophe naturelles
Dans ce contexte, l’African Risk Capacity Ltd, créé en 2012, est l’un de ces systèmes souverains de mutualisation des risques conçus pour alléger le fardeau des effets des catastrophes naturelles sur les budgets publics.
Entre 2014 et 2020, ARC Ltd. a collecté plus de 100 millions de dollars US de primes brutes émises et a indemnisé pour plus de 65 millions de dollars US de sinistres dans des pays membres affectés par la sècheresse.
Plus de 72 millions de personnes ont bénéficié de la couverture d’assurance.
Pour la saison 2021/2022, le pool de risques d’ARC a couvert 13 pays : le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, la Gambie, Madagascar, le Malawi, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal, le Soudan, le Togo, la Zambie et le Zimbabwe.
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