Une personne détient le 17 janvier 2018 une représentation visuelle de la crypto-monnaie numérique Bitcoin, à La Maison du Bitcoin à Paris. (Photo de GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)
Comment la blockchain peut-elle réduire l'empreinte carbone ? Cette question est à la fois essentielle pour les habitués et surprenante pour ceux qui ne connaissent pas les monnaies digitales ou s’en méfient. Essayons d’y voir plus clair. Rappelons tout d’abord que l’Afrique est loin d’être en retard ou incapable de connaître le développement économique par l’économie digitalisée moderne. En pleine croissance économique, l’Afrique est déjà même en avance par rapport à l’Europe en matière de paiements par téléphones. Quant aux crypto-monnaies, depuis des années, c’est la Fondation AFRO, Organisation non Gouvernementale (ONG), basée à Genève en Suisse, qui a lancé la première cryptomonnaie panafricaine, dénommée également «AFRO». Soulignons qu’il s’est alors s’agit d'une « innovation majeure dont la vocation n’est ni plus ni moins que d’accompagner le développement et la croissance du continent africain »[1].
L’AFRO est également la première application souveraine de preuve par la blockchain. En effet, c’est en Afrique que pour la première fois la blockchain est utilisée à des fins probatoires.
La blockchain de l’AFRO, en effet, est utilisée pour inscrire la date, l’émetteur, le destinataire et le contenu des lettres recommandées digitales en Côte d’Ivoire sur le site de la poste.
A l’instar de la puce des cartes bancaires et des mobiles inventés par Roland Moreno, d’ailleurs né au Royaume d’Egypte en 1945, la blockchain est un procédé de preuve non réinscriptible. Ainsi, depuis l’aube des temps l’Egypte est-elle le berceau de la preuve : du sceau des caravaniers aux Tables de la Loi du Mont Sinaï jusqu’à la puce de Roland Moreno devenue depuis la “sim” de now smartphones, n’est-ce pas invariablement en Afrique - et le plus souvent en Égypte - que s’inventent les procédés de preuve et de signature ?
La blockchain de l’AFRO est également utilisée aux fins de dépôt de la propriété intellectuelle, en France, où elle permet aux utilisateurs de Ziplo.fr de déposer l’équivalent blockchain de l’enveloppe Soleau. Ainsi les preuves de dépôt sécurisés peuvent-ils être graves dans le marbre de la blockchain de l’AFRO.
Sortir des clichés négatifs et lieux communs sur les crypto-monnaies
On sait que les monnaies digitales, les cryptomonnaies, ont une très mauvaise réputation en matière écologique. Au départ, nous avons eu le bitcoin qui, effectivement, engendre des émissions de carbone absolument épouvantables, car il faut rappeler à nos lecteurs que pour créer 7 bitcoins, il faut brûler 12 tonnes de charbon par heure ! et ceci en permanence. La consommation d’énergie et les émissions de carbone du bitcoin sont donc très élevées. Il faut en fait savoir ce qui s'est passé ces dernières années : le prix du bitcoin et cette industrie des crypto ont été souvent pris en otage par la réduction des émissions de carbone. En effet, en mai 2021, les premières grandes fortunes, grandes entreprises, milliardaires, se sont mis à investir et à acheter du bitcoin, à l'instar notamment du milliardaire Elon Musk et Tesla. Et le prix du bitcoin a doublé soudainement. Mais aussitôt après, ces investisseurs et ces milliardaires, donc les très grandes fortunes, ont décidé de critiquer le bitcoin, de s'en retirer. Ils ont alors appelé à ne plus rendre la monnaie digitale échangeable pour acheter leurs propres produits. Le célèbre multimilliardaire australo-américain Elon Musk, patron de Tesla et Twitter (récemment) a notamment, a dit : "Vous ne pouvez plus acheter des voitures Tesla tant que vous n'aurez pas fait l'effort nécessaire au niveau des émissions de carbone." Aujourd'hui, c'est tout le segment qui s'est mis à miner de façon plus écologique. Rappelons en passant pour les néophytes que le minage d’une cryptomonnaie, dans sa forme la plus abstraite et générale, est le fait de fournir un service au réseau de ladite monnaie en échange d'une récompense pécuniaire. Dans le cas le plus simple, le service rendu consiste à vérifier la validité de tout un ensemble de transactions. Or depuis deux ans, la tendance a été de supprimer toutes les industries très consommatrices d'électricité et d'énergies fossiles utilisées pour le minage jadis trop énergivore. Les mines « traditionnelles » de crypto » on par conséquent été fermées en Chine ainsi que dans un certain nombre d’autres pays. Il en résulte qu’aujourd'hui, de nouvelles fermes de minage de bitcoin utilisent entre autres la fraction non consommée ou non employée des barrages hydroélectriques où la géothermie. Il en existe de nombreux exemples. Et aujourd'hui, tout le monde s’est mis à aller chercher les barrages hydroélectriques les plus puissants, pour en récupérer la part non consommée. Par exemple, si un barrage produit cent millions de watts qui ne sont pas consommés, cela permet de créer 7 bitcoins par jour, c'est absolument énorme. En même temps, les fermes chinoises aussi se battent pour accéder à l'électricité la moins chère et la plus écologique.
Aujourd'hui, cette industrie est complètement prise en otage de la réduction des émissions de carbone, non pas simplement dans le minage, mais également dans la création des monnaies nouvelles. On est de ce fait passé d'une technologie « Proof of Work », c'est-à-dire une technologie qui nécessite l'emploi d'un serveur à câble, avec des cartes graphiques, avec une consommation électrique très élevée, à des monnaies qui n'utilisent quasiment pas d'énergie. Cette nouvelle technologie qui permet de faire du minage à bilan carbone plus écologique s’appelle quant à elle le « Proof of Stake », or il faut savoir à cet effet que la crypto-monnaie afro utilise en fait moins d'électricité qu'une ampoule de 100 watts ! Et ceci sachant qu’il y aura 600 Afros par habitant du continent africain. Donc, on va vers une technologie nouvelle qui ne nécessite pas d’employer la technologie de minage antiécologique du bitcoin jadis, qui était fortement consommatrice d'énergie fossile.
La capitalisation des cryptomonnaies
Rappelons aux lecteurs non-initiés que les cryptomonnaies sont le fruit de la technologie de la « Blockchain », développée à partir de 2008, qui est une technologie de stockage et de transmission d’informations digitales. Cette technologie offre de hauts standards de transparence et de sécurité car elle fonctionne sans organe central de contrôle. Plus concrètement, la chaîne de blocs permet aux utilisateurs – bien évidemment connectés en réseau - de partager des données sans intermédiaire et de façon sûre. Par exemple, « Blockchain.com est l’un des services d'exploration de la blockchain du Bitcoin et de l'Ethereum, mais aussi un portefeuille de crypto-monnaies supportant le Bitcoin, le Bitcoin Cash, et l'Ethereum. Il fournit également des données, des statistiques et des informations sur le Bitcoin et l'Ethereum. On rappellera que l'Ethereum, numéro deux en matière de capitalisation des cryptomonnaies, a fait ce que l’on appelle un « swap » une migration vers Ethereum 2.0, c’est-à-dire qu’il a complètement abandonné le « minage » avec les serveurs à câble, les cartes graphiques et la consommation d'électricité, pour faire une transaction minimaliste en énergie. Il n’en va pas autrement de la blockchain de l’AFRO, qui a suivi le même chemin moins énergivore et plus vertueux, sachant que les préoccupations environnementales sont l’un des principaux objectifs de la Fondation éponyme. Bien évidemment, il s’agit avant tout de créer une monnaie qui peut être une alternative aux 40 monnaies locales existantes dans le continent africain. Une monnaie complètement digitale qui ne nécessite aucun transport, aucune logistique et dont chaque transaction compte moins d'électricité qu'une carte bancaire. Dans ce contexte, la priorité pour l’Afro va consister à être adopté de façon non clivante par l'ensemble des Etats, en Afrique et en dehors de l'Afrique, comme une vraie alternative sûre et vertueuse au paiement matérialisé. Nous avons vu par exemple que l'État du Salvador a adopté officiellement le bitcoin comme monnaie alternative sur son territoire national, ce qui montre qu’une monnaie virtuelle peut devenir une monnaie nationale compatible avec les pouvoirs monétaires régaliens d’un État et sous son contrôle, avec reversement d’impôts à l’État et respect des lois et règles de transparence et de sécurité. Dans le cadre des démarches que les acteurs de l’Afro entreprennent vers les gouvernements du continent africain, nous souhaitons que l’afro soit adopté comme une alternative sans remettre en cause les monnaies existantes. Ce projet, qui était considéré au départ comme utopique sinon dangereux, commence à devenir évident. Les gouvernements sollicitent la Fondation Afro, non seulement de se rapprocher de leurs banques centrales (et de leurs gouverneurs), mais également de créer, localement dans leurs pays, un AFRO national permettant de créer un serpent monétaire à l’instar des monnaies européennes de jadis convergeant vers la monnaie unique et commune devenu l’euro.
L’AFRO, par ailleurs, n’emprunte ni ne produit d’intérêts si bien qu’il respecte à cet égard deux principes directeurs des finances islamiques.
La blockchain de l’AFRO a également prévu une taxe Taubin ou « robin hood” tax c’est à dire que les frais de transactions sont versés au crédit des finances Publiques du pays qui l’adopte. Ainsi, l’AFRO engendre-t-il une ressource logicielle, non fossile, non laborieuse pour le pays qui l’accueille.
Je conclurais en rappelant que l’AFRO est né en 2001 à Berlin, d’un mouvement artistique et philosophique si bien que sa blockchain déjà utilisée par l'État de Côte d'Ivoire pour des transactions postales et en France pour les dépôts de propriété intellectuelle va s’ouvrir prochainement à la certification des œuvres artistiques en proposant le premier catalogue raisonné dans le marbre de la blockchain la preuve des œuvres d’Art des plus grands peintres.
[1] Sylvain Vidzraku, Finance : la Fondation AFRO lance la première cryptomonnaie panafricaine, La Tribune, 14.12.2018, https://afrique.latribune.fr/finances/2018-12-14/finance-la-fondation-afro-lance-la-premiere-cryptomonnaie-panafricaine-801052.html