la Première ministre italienne Giorgia Meloni (2 ème à droite ) et le Premier ministre libyen basé à Tripoli Abdulhamid Dbeibah (C) assistent à une cérémonie de signature d'accord entre la multinationale pétrolière et gazière italienne ENI et la Libyan National Oil Corporation à Tripoli, le 28 janvier 2023. Meloni est arrivé à Tripoli, la capitale libyenne, pour des pourparlers sur l'énergie ainsi que sur l'épineuse question des migrations, ont indiqué les médias officiels libyens. (Photo de Mahmoud Turkia / AFP)
En 1911, des années après son unification, L’Italie, à l’instar des autres pays européens, a cherché des zones d’expansion et n’a trouvé que la Libye qui était faussement soumise au pouvoir de « l’homme malade » et à la plaine éthiopienne. Elle a dépêché alors les explorateurs et a inauguré des centres économiques ainsi que Le Banco di Roma à Tripoli ; elle n’a même pas tardé à envoyer d’importantes forces militaires qui ont attaqué, le 7 octobre 1911, les villes côtières libyennes avec la conspiration de la Turquie qui a retiré ses soldats et abandonné les Libyens désarmés à affronter leur propre sort.
Néanmoins les Libyens se sont montré réfractaires et ont lancé un mouvement de résistance qui a perduré jusqu’en 1931 : les Italiens ont réussi, en fait, à réprimer la résistance, ont évacué la plupart des habitants et ont fait venir des centaines de milliers de colons italiens dans une tentative désespérée de transformer la Libye en une quatrième côte habitée par les Italiens. En fait la colonisation italienne de la Libye a été une colonisation colonialiste et pas uniquement une occupation militaire !
L’Italie a construit les villes libyennes selon l’architecture italienne et a baptisé ses rues du noms d’Italiens ; elle y érigea les deux plus grandes cathédrales africaines à Tripoli et à Benghazi, a imposé l’italien comme langue officielle et a privé d’éducation les Libyens.
Néanmoins la deuxième guerre mondiale et la réunion de l’Italie et de l’Allemagne dans les pays de l’axe ont créé une nouvelle donne qui a mené à accorder à la Libye son indépendance sous l’emprise britannique !
Après la révolution du premier septembre en 1969, l’autorité nationale libyenne a évacué les colonisateurs italiens et a restitué les biens à leurs propriétaires comme à l’époque pré-colonialiste. Et, bien que l’Italie tente de normaliser actuellement ses relations avec la Libye, cette dernière y pose comme condition la reconnaissance des crimes commis dans la période colonialiste, la présentation des excuses et le dédommagement des Libyens des dangers qu’ils ont en subi. Cette condition n’a été remplie qu’au début de notre siècle lorsque Berlusconi et Kadhafi ont signé un accord historique en 2008, en vertu duquel l’Italie a reconnu les crimes du colonialisme, s’en est excusé, a accepté le paiement de cinq milliard de dollars de dédommagement et la construction de deux hôpitaux et une autoroute côtière de Ras Jedir à Musaid!
Mais l’Italie et les pays occidentaux ont trouvé dans la chute du pays et le chaos qui a régné après 2011 une occasion propice pour s’ingérer en Libye : ils ont donc envoyé des forces armées à Misrata et à Tripoli comme ils ont mobilisé des milices armées travaillant pour leur compte et ils ont pratiqué le chantage avec toutes les autorités fragilisées et liées au système occidental ; Tout en sachant que la Libye est un Etat fragilisé aux institutions faibles et dépendantes, assujetties à la tutelle internationale et gérées par de petits fonctionnaires travaillant dans les ambassades étrangères ingérés dans les affaires libyennes afin de réaliser les intérêts des pays étrangers ennemis et embaucher des Libyens d’aucune compétence, avides de garantir ces intérêts et de les sauvegarder. Tout cela se déroule publiquement, en direct et sans ambages. Cet exposé de la situation libyenne nous permet de comprendre le dessous des cartes de la visite de la présidente du conseil des ministres d'Italie, Giorgia Meloni, à Tripoli ainsi que les accords qu’elle a signé avec le gouvernement de Abdel Hamid Dbeibah qui a usurpé le pouvoir et que les Libyens considèrent comme des dons accordés par les dépossédés à la partie non méritoire. Et, ces accords ne sont qu’une infime partie d’une braderie de la Libye et de ses ressources! Cet accord en a été précédé par un autre signé avec la Turquie et portant sur l’économie des eaux libyennes dans la région du Moyen Orient.
N’est également que le sommet de l’iceberg cet accord conclu avant hier avec la présidente- d’extrême droite- du conseil des ministres au sujet du gaz et l’augmentation du taux du groupe « Eni » en violation des lois libyennes et de l’accord en vigueur et en l’absence du ministère du pétrole qui est l’autorité souveraine responsable de la gestion du secteur et de la sauvegarde des droits des Libyens dans ce domaine.
Le gouvernement usurpateur du pouvoir avait déjà signé des accords suspects avec des pays étrangers dont celui conclu avec l’Italie et la France et qui porte sur l’installation des migrants dans le triangle Mourzouq au sud libyen selon le plan européen dont les grandes lignes ont été révélées auparavant par le premier ministre de la Hongrie.
Les Européens prévoient une augmentation du nombre d’immigrants dans leurs pays jusqu’à atteindre, en 2035, le chiffre, pour eux alarmant, de 70 millions. Des nouvelles circulent en catimini pour dire que Meloni cherche à obtenir les avoirs de la Libye à titre de dédommagement des Italiens chassés de la Libye en 1970 et dont les biens pillés ont été restitués à leurs vrais propriétaires alors que l’Italie a accepté d’assumer sa responsabilité au sujet des horreurs exercées contre les Libyens lors de l’époque colonialiste et que le Conseil des députés et le chef du gouvernement italien ont présenté publiquement leurs excuses à ce propos et ont accepté de dédommager les Libyens en rais0n des affres commis pendant l’époque colonialiste et s’y sont engagés.
Dans ce cadre, nous pouvons comprendre la joie qui couvrait le visage de Meloni au bras de Abdel Hamid Dbeibah. Elle avait en fait réalisé ce qui avait dépassé de loin ses rêves en rouvrant la convention avec le groupe Eni, signée en 2008 et en concluant une autre de substitution qui a augmenté considérablement la part de Eni et lui a accordé un permis ouvert d’exploitation sans réserves du gaz libyen. Malheureusement, celui qui se trouve à la tête du pouvoir en Libye n’ y a accédé que par la corruption et les sottises de Stephanie williams, le chef adjoint de la Mission d'appui des Nations Unies en Libye. En fait, ils ne trouvent pas de mal à dire ou faire ce que bon leur semblent : ils n’accordent aucune importance ni à la loi ni aux intérêts du peuple et bafouent l’histoire.
Que faut-il donc faire ?
Devons-nous nous contenter de garder, la bouche cousue, notre place de spectateur ? ou ces démarches anticipées visant à brader le pays, à le détruire et le saper de fond en comble nous imposent-elles de ne pas perdre notre temps à s’indigner ou à dénoncer ?
De graves stratagèmes sont ourdis dans les coulisses : un nouveau maillon du complot international perpétré contre notre pays. Leur nouveau cachet est cette entente turco-italienne au sujet de la Libye et au détriment de son avenir et peut-être de sa situation géographique et de sa population. L’un comme l’autre pays vouent une forte rancune contre les Libyens qui les ont affronté lorsqu’ils étaient colonisés par eux ; comme ces deux puissances leur ont imposé au lendemain de l’indépendance des relations basées sur la parité comme si nous étions revenus à la case départ de 1911 lorsque l’entente a été nouée entre l’empire ottoman croupissant et le gouvernement italien à livrer la Libye à la puissance colonialiste italienne et à abandonner les Libyens comme pâture à leur destin. C’est comme si c’était hier !
Aujourd’hui c’est le gaz libyen qui est le ciment de la relation entre les Turcs et les Italiens. En fait, leur mission est loin d’être difficile alors que le pouvoir en Libye est entre les mains de personnages fantoches qui l’ont usurpé grâce au soutien de la Turquie et de l’Italie et qui continuent à se jouer du sort de la Libye sous leur bénédiction et grâce au soutien des forces italiennes et turques qui souillent aujourd’hui des parties chères du territoire libyen ! On comprend maintenant le grand bonheur de Meloni au bras de Dbeibah, C’était pour elle un moment d’extase historique.
On comprend également le silence turc au sujet de l’accord conclu sous le parrainage de Dbeibah et l’absence intentionnée de Mohamed Oun ministre du pétrole ! Elle pourrait être expliquée par le fait que son grand père Sof Al Mahmoudi a résisté férocement aux Italiens et son arrière-grand-père Ghoma Al Mahmoudi a humilié les Turcs pendant la grande révolution traboulsi !
Peu importe les raisons de l’absence du ministre : l’usurpateur du gouvernement qui n’a pas la compétence de conclure des conventions- quelque importantes soient-elles- bafoue toute chose et brade la patrie !!
Nos générations futures porteront des étaux difficiles à briser ! Et l’ennemi y trouvera le bon prétexte pour maintenir notre harmonie sur notre pays alors qu’elle ne répond pas aux moindres règles de légitimité !