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La crise libyenne entre guerre et r�conciliation

Le Dialogue

Un véhicule endommagé est photographié dans une rue de la capitale libyenne Tripoli le 27 août 2022, à la suite d'affrontements entre groupes libyens rivaux. Des affrontements entre partisans des gouvernements rivaux de la Libye ont tué au moins 13 personnes et endommagé six hôpitaux à Tripoli, faisant craindre qu'une crise politique ne dégénère en un nouveau conflit armé majeur. (Photo de Mahmoud TURKIA / AFP)

 

La crise libyenne émane principalement d’une intervention étrangère démesurée qui  a eu  recours à une force militaire dévastatrice  en  vue de renverser l’Etat  et ses institutions sous prétexte de protéger les civils  et de renforcer le soulèvement populaire. Elle est loin d’être générée par  des causes complexes opposant les Libyens même si  on l’a parfois argué.

En  2011,  une position de principe  vis à  vis du rôle à  adopter sur le plan  étranger ainsi  qu’une campagne intense  de désinformation optant délibérément pour la diffusion  de fausses informations pour fomenter les masses et provoquer le désordre armé ont semé la division au  sein  du peuple libyen.

Aux premiers jours de la crise, l’idée de réconciliation  a été soulevée  en  vue d’en prévenir les graves répercussions. Fin avril,  un  important congrès réunissant  deux milles tribus libyennes  a été tenu d’office en  vue d’examiner des propositions pratiques et sérieuses pour stopper l’escalade.  Néanmoins, les pays occidentaux immiscés  dans les affaires libyennes  étaient d’avis différent : ils  ont constitué le groupe des amis libyens  qui ont dirigé -  sur le plan  opérationnel- la guerre militaire et politique contre la Libye.  Il  a mobilisé une alliance regroupant l’OTAN  et nombre  d’autres pays régionaux  qui ont exécuté des opérations militaires violentes et sans précédent  depuis la deuxième guerre mondiale  et ont décrété  un blocus économique sévère contre la Libye interdisant la livraison de médicaments,  de besoins alimentaires et de  carburant ; ils sont allés même jusqu’à  constituer un  pouvoir nommé le Conseil  National  de Transition et l’ont imposé à l’est de la Libye, l’ont reconnu  et ont obligé également tous les pays du  monde à le reconnaître. A  vrai dire,  ils n’étaient que des ennemis rancuniers  vouant la haine à la Libye et à  son  peuple. 

Pour revêtir l’agression militaire d’une  chape politique, le secrétaire général  des Nations Unies  a nommé un  émissaire spécial dont le rôle se limitait à soutenir le Conseil  de transition - dont les membres ont été nommés par le président français de l’époque Nicolas Sarkozy- et à  refuser  toutes les initiatives sérieuses de réconciliation. Par  contre, L’Union  Africaine a tenté une intervention  précoce en  mars  et a formé, au  cours de sa conférence ordinaire tenue à  Addis-Abeba, un  comité de haut niveau  regroupant les présidents de cinq pays africains :  le Congo, l’Afrique du  Sud, la Mauritanie, l’Ouganda et le Niger ; néanmoins, l’Occident a entravé gravement sa mission et l’a complètement avortée.       

Après  la chute  de l’Etat et l’assassinat  de son président en  octobre 2011, a été constitué un pouvoir  réunissant les extrémistes  liés à l’Occident. Il  n’a pas  tardé à  consacrer la scission  et à pratiquer des mesures de répressions  sans précédent  contre des centaines  de milliers de personnes.  Les groupes extrémistes ont semé la violence dans les quatre coins du  pays : des massacres horribles ont eu  lieu  dans tout le pays. Des personnes étaient  égorgées dans  les les places publiques,  des dizaines de milliers d’innocents ont été écroués  dans des prisons publiques ou  secrètes gérés  par des adolescents et des terroristes  et sans règlement aucun. La torture  a été pratiquée  contre les femmes et les hommes ainsi  que contre les enfants. Ils étaient contraints à se contenter de prendre comme repas l’herbe  et les drapeaux verts.  Des bouillons d’hommes   cuits vifs étaient préparés et on obligeait les prisonniers à les consommer. De telles scènes exécrables ont été filmé et filtrées au  grand public  pour le terroriser.

En juillet 2012, un  simulacre d’élections a été tenu sous plusieurs lois éliminatoires dont en  premier lieu l’intégrité, le nationalisme, la destitution politique et l’apologie du  despote. Plus d’un tiers  de la population  a été privé  d’y  participer en  tant  qu’électeurs comme en  tant que candidats. Malgré la faible participation  et l’emprise des milices qui  a accompagné les élections, elles ont secrété un  conseil  constitué, dans sa majeure partie, d’une alliance nationale. Néanmoins les extrémistes ont réussi à  changer sa formation en imposant la destitution  de certains de ses dirigeants  et l’application  de la politique de substitution  de manière à  ce qu’en cas de vacance de siège, le candidat ayant  obtenu  un moindre nombre  de voix remplaçait celui  qui en  avait obtenu plus. En  outre, la pression  a été exercée  contre les membres nationaux  en  vue qu’ils présentent leur démission. En  fin  de compte  et au  bout de plusieurs mois,   le conseil national  devient constitué d’éléments   non  élus appartenant  à une seule tendance politique.

Sous le poids de la pression  populaire refusant  l’ingérence occidentale injustifiée  en  Libye et pour jeter  de la poudre  aux yeux, d’autres élections ont eu  lieu en 2014.  et bien que tenues sous le règne des lois éliminatoires arbitraires, elles ont  mené  à l’échec flagrant du  courant  camouflé par la religion. Parallèlement, les officiers  de l’armée  ont lancé une rébellion armée   contre les groupes terroristes  en Orient et ont réussi  en peu  de temps à les chasser. Les membres du  Conseil des députés sont parvenus à sécuriser une réunion des forces navales dans la ville de Tobrouk ; Apparemment, les forces occidentales n’ont pas apprécié  cet état des lieux  et ont déclenché une guerre à Tripoli  qu’ils ont  nommée l’aube de la Libye. Ils ont appelé -  sous prétexte de la réconciliation  nationale nécessaire et  de la stabilité, de faire retourner  au  Conseil douze membres  portés  islamistes. L’idée de la réconciliation  est devenue ainsi un  projet occidental  afin  de garder   au  pouvoir ce  courant rejeté sur le plan populaire peut-être pour  achever sa mission, détruire le pays et le soumettre aux grandes puissances, à l’instar de  ce qui  s’est passé en Irak  et de ce qui  se produit actuellement en  Syrie.

Si jamais  la bonne intention  existait en vue de  procéder  à  une vraie  réconciliation  nationale libyenne,  nous devrions revenir  à la source même de la crise  et non  remédier à ses diverses et multiples répercussions  dont -  et elle n’en est pas la plus importante- la déconfiture à former un  seul  pouvoir capable de gérer le pays. 

Alors que l’essence même de tous les problèmes  en Libye émane de la position occidentale vis-à-vis du  régime national  de libération,  nous admettons qu’il  existe une opposition  nationale contre l’ancien régime de la Jamahiriya. A  l’époque,  l’Etat avait essayé ,  et à l’issue  du règlement  de quelques problèmes avec l’Occident,  de  nouer une réconciliation globale avec  ses membres, soit ceux purgeant une peine de prison à l’intérieur du  pays «   alors qu’ils appartenaient  à  des groupes terroristes et que je faisais partie d’un  grand nombre de dirigeants révolutionnaires  qui  s’opposaient  à cette démarche parce qu’on  savait qu’ils ne respectaient aucun instrument international » ou  naturalisés à l’étranger  et sont déjà  rentrés et leurs problèmes légaux avec le pays ont été  résolus. Néanmoins,  tout s’est passé comme prévu   et  cette réconciliation  n’a été qu’un  leurre à  travers lequel ils ont réussi  à s’infiltrer dans les cercles de l’Etat en  guise de préparation à l’ingérence étrangère!

Maintenant, après cette longue souffrance endurée par les Libyens, il  est inconcevable de muter la demande de réconciliation en une tentative de partage du  butin du  pouvoir entre les parties de février  comme elle ne doit pas cibler  l’origine de la crise. La question libyenne  est  loin d’être un  conflit au pouvoir. C’est un litige portant sur les fondements de l’établissement de l’Etat  et de ses institutions civiles et militaires au point que certaines parties voient dans les milices un moyen  d’instauration  de la stabilité  et c’est pourquoi   elles les comblent de fonds. De plus la réconciliations n’aura pas lieu  entre tribus ou tendances:  toutes sont extrêmement divisées  en  deux ou même plus.

La réconciliation exige  l’examen  des questions clefs à titre de liquider les séquelles de l’immixtion  étrangère en  2011, de fonder de fortes institutions nationales,  de convenir d’un  système politique et économique juste  désiré par tous les Libyens, de symboles nationaux respectés  par tous et sans contrainte aucune  et de construire  une force militaire  et sécuritaire qui  sauvegarderait la stabilité.  Ce but ne serait atteint  à moins que les deux parties-  les févrieristes  et les jamahieristes ne se mettent autour d’une même table loin  de  l’ingérence étrangère et des complexes du  passé,  animés par un nationalisme ouvert  en  vue de concevoir une nouvelle Libye qui  garantisse la cohabitation  pacifique à tous  loin  de tout arme. 

Il  importe de  trouver un  mécanisme capable de résoudre radicalement la crise et non  de la gérer dans l’intérêt  des pays  interventionnistes.