Les proches des victimes de l'explosion du port de Beyrouth en 2020, tiennent des affiches portant des images de personnes tuées dans l'explosion, ainsi qu'un drapeau national avec des rayures noires au lieu de rouge, lors d'un rassemblement devant le palais de justice de la capitale libanaise, pour soutenir le juge enquêtant sur la catastrophe, le 26 janvier 2023, après avoir été inculpé par le plus haut procureur du pays dans cette affaire hautement politique. L'une des plus grandes explosions non nucléaires de l'histoire, l'explosion du 4 août 2020 a détruit une grande partie du port de la capitale libanaise et des environs, tuant plus de 215 personnes et en blessant plus de 6 500. Aucun responsable n'a été tenu pour responsable de la catastrophe. (Photo de Joseph EID / AFP)
En fin d'après – midi du 4 août 2020, deux énormes déflagrations retentissent à Beyrouth, provoquant un souffle terrifiant, identique à un séisme, ressenti à des dizaines de kilomètres de cette ville.
Il s'agissait de deux explosions successives qui ont eu lieu au sein du port de la capitale libanaise dont plusieurs habitants, y compris ceux de la montagne avoisinante, ont attesté avoir entendu le bruit d'avions de chasse, précédant ces déflagrations.
Cette catastrophe a provoqué la mort de plus de 200 personnes. Environ 7000 personnes ont été blessées. Les dégâts matériels ont touché un rayon de 20 km à partir du port.
La cause de ce drame provient de deux explosions d'une quantité de 750 tonnes de nitrate d'ammonium, déposée dans l'un des hangars du port.
Informeé de cette affaire, le président américain en fonction, Donald Trump, convaincu par les informations qui lui ont été communiquées, était certain d'une origine criminelle à l'origine de cette explosion. Il indiqua alors dans une déclaration à la presse : "j'ai rencontré nos généraux et il semble que ce n'était pas un accident industriel. Ils ont l'air de penser, au vu de l'explosion, que c'était un attentat, c'était une espèce de bombe, oui... une attaque et non un accident... je dirai un terrible attentat".
De son côté, le président libanais en fonction, Michel Aoun, évoqua, le 7 août 2020, deux hypothèses qui sont à l'origine de ces explosions : "des missiles" ou "une négligence".
Origine criminelle ou fortuite?
En effet, en 2013, un cargo battant pavillon moldave parti de Géorgie à destination de Mozambique (officiellement), et contenant 2750 de nitrate d'ammonium, a accosté dans le port de Beyrouth, d'une manière inattendue. Plusieurs problèmes techniques à bord de ce bateau l'ont obligé à faire cette escale.
Le propriétaire de ce cargo (le « Rhosus ») et titulaire de plusieurs nationalités dont une russe et une chypriote, Igor Gretchouchkine, informé par le capitaine de ce navire de cette situation, délaissa aussi bien son bateau, délabré et impropre à la navigation, que son équipage.
Selon Igor Prokochev, capitaine du Rhosus, Igor Gretchouchkine l'aurait préalablement appelé en lui demandant de récupérer du matériel de chantier à livrer en Jordanie. Il semblerait qu'il n'avait pas assez de provision financière pour payer le passage du canal de Suez.
A ce jour, aucune information ne certifie si Igor Gretchouhkine était propriétaire ou locataire du Rhésos.
Les autorités portuaires libanaises n'ont pas réussi à obtenir le paiement des redevances dues auprès du titulaire de ce cargo dont l'état impropre à la navigation l'empêchèrent de reprendre sa route. Les membres de l'équipage étaient contraints de rester à bord, dépourvus de moyens financiers, conduisant les autorités libanaises à leur livrer de la nourriture.
Un an plus tard, au cours de 2014, l'équipage quitta le navire qui commença à couler. C'est dans ce contexte que le contenu de ce bateau, saisi par la justice libanaise en raison du non paiement des redevances portuaires, a été déchargé et placé dans le hangar numéro 12 du port de Beyrouth, consacré aux marchandises saisies.
Des zones d'ombres planent autour de cette affaire
Les États-Unis qui avaient aussitôt dépêché sur le port de Beyrouth, des membres du FBI, quelques heures après les explosions, à l'instar des Français et des Britanniques qui dépêchèrent des membres de leurs services, ont refusé de communiquer les images satellitaires relative au moment des déflagrations. Quant à la France, elle a répondu que ses satellites n'étaient pas opérationnels dans la zone du port, au moment de cette tragédie.
Dans un premier temps, n'étant pas encore en litige avec le clan occidental, la Russie a prétendu que ses images satellitaires n'étaient pas d'une grande importance relativement à ce sujet. Ce n'est qu'à la fin 2021, quand ses relations avec les États-Unis et ses alliés ont commencé à s'envenimer, que Moscou a communiqué ces images aux autorités libanaises.
Mais, à ce jour, le contenu de ces images n'a point été révélé.
La thèse d'un attentat ou d'un acte criminel à l'origine de ces explosions, sans être totalement écartée, a été délaissée par les deux enquêteurs libanais, notamment les deux juges d'instructions chargés successivement de cette affaire, Fadi Sawan ensuite Tarek Bitar. Ce premier a été dessaisi de ce dossier en raison de recours déposés contre lui par deux personnes mises en cause pour négligence : le ministre des finances, Ali Hassan Khalil, et le ministre des travaux publics, Ghazi Zeayter.
La question principale dans cette affaire est de déterminer l'origine principale des deux explosions. Certes, la négligence des autorités publiques ne peut pas être écartée pour avoir laissé cette énorme quantité de nitrate d'ammonium au sein du port de la capitale. Mais la coïncidence de leur explosion au cours d'une période particulièrement houleuse au niveau politique, à l'issue d'une crise financière et économique provoquée en 2019, laisse perplexe. Ces produits était stockés depuis 2013 et n'ont explosé que concomitamment avec la dégradation de la situation politique au pays du Cèdre...
Similitude avec l'explosion AZF en France
Cette affaire est, dans une certaine mesure, similaire à l'explosion d'une quantité de 400 tonnes de nitrate d'ammonium dans l'usine AZF (AZote Fertilisants) dans la région de Toulouse en France, en 2001. La longue procédure relative à cette affaire, terminée définitivement par un arrêt de la Cour de Cassation du 17 décembre 2019, ainsi que l'ensemble des enquêtes et expertises ordonnées au cours de l'instruction de ce dossier où, comme au Liban, plusieurs juges d'instruction s'y sont succédés, ont laissé l'opinion publique perplexe. La thèse d'un acte criminel avait finalement été écartée. Jusqu'à nos jours, une polémique persiste relativement aux causes de cette explosion : s'agissait-il d'un attentat, d'un incident technique ou d'un accident industriel ?
La responsabilité du directeur du complexe chimique où ces produits étaient stockés, Serge Biechlin, ainsi que la société Grande Paroisse a été retenu par la justice française. Monsieur Serge Biechlin a été condamné définitivement à une peine de 15 mois d'emprisonnement avec sursis pour homicide involontaire ainsi qu'à une amende de 45000 € et la société Grande Paroisse à une amende de 225.000 €. La justice a retenu leur culpabilité pour chef de « négligences » et de « fautes caractérisées ayant rendu la catastrophe possible ».
L'évocation de cette affaire nous semble intéressante afin de faire la comparaison avec celle relative aux explosions du port de Beyrouth dans la mesure où nous avons assisté, en France et au cours de cette affaire judiciaire, à une bataille d'expertise pour déterminer la manière dont cette matière, le nitrate d'ammonium, a explosé. La principale polémique était relative à une éventuelle réaction chimique provenant d'un éventuel versement de 500 kg de dischlorousousocyanurate de sodium (DCCNa) qui aurait provoqué des détonations (des "bangs"). Bien que cette expertise ait été rejeté par la Cour d'appel de Toulouse en 2007, il est intéressant de noter la convergence des différentes expertises relatives au fait que le nitrate de sodium a besoin d'une détonation pour provoquer son explosion.
Un incendie en cause?
En effet, ce produit est notamment utilisé, parallèlement à ses qualités d'engrais agricole, pour le terrassement des zones rocheuses. Selon les expertises, pour faire éclater les rochers, il nécessaire de provoquer une détonation pour les "dynamiter". La prise de feu, donc un incendie, ne suffit pas à provoquer l'explosion de cette matière qui reste néanmoins dangereuse si elle est sujet à la moindre étincelle détonatrice.
C'est la raison pour laquelle un village situé dans le Lot-et-Garonne a été pris de panique, en mai 2021, lorsque un bâtiment agricole abritant 10 tonnes de nitrate d'ammonium a pris feu. La préoccupation des pompiers intervenus pour éteindre cet incendie était de faire éviter toute détonation de quelque nature qu'elle soit pour éviter l'explosion de cette matière.
Les experts américains n'ignorent pas cette évidence. Pour rectifier la déclaration du président Donald Trump, il a aussitôt été indiqué, dans les médias américains, la présence d'une usine de fabrication de feu d'artifice auprès du hangar numéro 12 du port de Beyrouth. Madame Rosine Ghawgi, proche du président Donald Trump et membre de sa première campagne aux élections présidentielles, nous indiqua que la cause de ces explosions proviendrait d'un incendie au sein de cette usine, selon ces informations. Autrement dit, des étincelles de feux d'artifice auraient provoqué ses explosions.
Curieusement, ni les enquêteurs ni les politiques au Liban ne se sont préoccupés de l'éventuelle origine criminelles dans cette affaire. L'accent a été principalement mis sur les raisons secondaires qui ont concouru incontestablement à ce dommage.
Une polémique éclata alors entre les différentes factions politiques pour se renvoyer la responsabilité de l'ensemble de ces négligences. Même le Hezbollah, pourtant le principal visé au cours de cette polémique, n'a pas soulevé l'hypothèse criminelle qui aurait pu être à l'origine de ses explosions.
La raison de son silence a été progressivement dévoilée.
Pourquoi le Hezbollah n'accuse - t - il pas Israël ?
Faisant l'objet d'une large campagne interne, stipendiée par les puissances régionales et internationales, cette formation politique et militaire s'est vue progressivement perdre toute sa popularité qu'elle avait acquise en 2000, lorsqu'il lui a été attribué le retrait de l'armée israélienne d'une large partie du territoire libanais, faisant d'elle un mouvement de résistance nationale contre l'occupation israélienne.
L'arrêt brutal des fonds de la Banque mondiale et du Fond Monétaire International en faveur du Liban, sous prétexte que les gouvernements successifs de ce pays ne procédaient pas à des réformes, a plongé le Liban dans une crise financière inattendue. La devise nationale a perdu rapidement 5 fois de sa valeur, provoquant une crise économique. Ce cercle vicieux a conduit l'État à faire faillite, ne réussissant pas à régler ses dettes, notamment à la Banque centrale. La Livre libanaise a poursuivi sa dévaluation pour atteindre plus 30 fois de sa valeur par rapport aux devises étrangères (de 1500 LL le dollar à environ 50.000 LL à ce jour). À ces difficultés, s'ajoute le conflit régional provoqué par les États-Unis et leurs alliés en vue de créer un litige entre musulmans chiites et musulmans sunnites. Le Liban en paya le prix. Les pays arabes, majoritairement sunnites, ne pouvaient pas se permettre de venir à la rescousse d'un pays où se trouve une importante population et force politique soutenue financièrement et militairement, principalement, par l'Iran chiite.
L'opinion publique a fini par céder, en accusant les pouvoirs publiques d'être responsables de la déterioration de la situation du pays, en pointant du doigt le Hezbollah qui était parvenu à se faire représenter aussi bien dans les gouvernements successifs qu'au sein du Parlement. La grogne populaire grandissait et une révolte populaire s'est déclenchée en 2019, accusant toute la classe politique libanaise de cette situation. Des tentatives cherchant à provoquer une guerre civile inter-communautaire résurgirent mais la conscience majoritaire collective des Libanais empêcha le retour au passé. Le pays avait assisté à une guerre sanglante absurde qui a duré un quart de siècle où les communautés voire les clans, au sein de chaque communauté, se sont entre-tuées.
Erigé en héros libérateur d'une vaste partie du pays de l'occupation israélienne en 2000 et poursuivant son combat pour la libération du reste du territoire national (les fermes de Chebaa et une dizaine de villages libanais), le Hezbollah se devait de répondre à Israël si l'origine criminelle de ces explosions est attribué à ce dernier, en tant que mouvement de libération nationale. Cela aurait entraîné le Liban dans une nouvelle guerre, à l'instar de celle qui a eu lieu en 2006 où l'armée israélienne avait détruit toute l'infrastructure du Liban, à l'issue de sa reconstruction depuis 1990. Une telle situation aurait embrasé davantage l'opinion publique interne contre cette formation politique, très critiquée depuis la révolte populaire de 2019.
Une autre donnée révélée en 2022 explique une seconde raison qui aurait conduit le Hezbollah, à l'instar des autres formations politiques libanaises, à faire l'impasse sur l'origine principale des explosions, et à ne pas exploiter l'hypotèse d'un acte criminel voire un attentat.
La découverte de gizements gaziers en méditerrannée profite à plusieurs pays dont le Liban, Israël, l'Egypte et Chypre. Or, l'exploitation de ces richesses en zones économiques exclusives dépend de la détermination de cette étendue, en fonction du tracé des frontières entre les Etats.
Bien qu'il soit en guerre avec Israël et qu'il ne reconnaisse pas la légitimité ni l'existence de cette entité, le Liban était dans l'obligation de procéder au tracé de ses frontières maritimes avec elle afin de pouvoir se faire prévaloir de l'exploitation du gaz dans sa zone économique exclusive. La situation économique dramatique dans laquelle il se trouve l'ont conduit à entamer des négociations indirectes avec Israël, par l'intermédiaire des Etats – Unis, au prix de diverses concessions. Un américano-israélien, Amos Hochstein, qui avait servi dans l'armée israélienne de 1992 à 1995, a été dépêché par Washington à cet effet. En dépit de la loi libanaise de 1955 et de l'article 285 du Code pénal libanais qui interdisent toute relation directe ou indirecte avec un ressortissant d'un pay ennemi, il a été reçu par des officiels et politiques libanais, y compris par le Chef de l'Etat, le Président Michel Aoun considéré comme un proche du Hezbollah, au sein du Palais présidentiel de Baabda.
A l'issue de cet accord, le Secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, salua cette initiative qui « permettra au Liban de sortir de sa crise économique et financière en exploitant et vendant le gaz ». En insistant sur le caractère indirect des négociations qui ont conduit à cet accord, il fit référence aux traités signés en temps de guerre entre les Etats en belligérance. Cet accord, fondé sur le fait accompli, ne peut donc pas être considéré comme une reconnaissance ni une légitimation de « l'entité sioniste ». Il cita un proverbe libanais à ce sujet, démontrant l'état désastreux et nécessiteux de son pays conduit à traiter avec le fait accompli « nous avons besoin de manger du raisin et ne pas de tuer le gardier du vignoble ».
L'enjeu politique de cette affaire
Sous la pression de l'opinion publique, la justice libanaise, démunie de moyens dans un pays en pleine crise économique, se contenta de mettre en exergue uniquement les négligences des autorités publiques libanaises qui ont concuru au dommage, sans oser examiner l'origine principale de ces explosions. Des hauts fonctionnaires ont été vite interpelés, le lendemain de l'explosion. Ils ont été placés en détention provisoire, depuis le 5 août 2020. Pour certains, dont le Directeur des douanes libanaises, Badri Daher, son interpellation et son audition par la justice a été faite d'une manière irrégulière, sans avoir l'aval de son autorité de tutelle. En revanche, les forces des Nations Unies, censées contrôler toute cargaison en destination du Liban pour éviter l'envoi d'armes et de munition au Hezbollah dont la branche militaire est placée sur la liste des mouvements terroristes par les Etats – Unis, ne se sont point inquiétés.
Les magistrats chargés de ce dossier se sont laissés entraînés dans des polémiques politiques, loin de la recherche promordiale de la vérité, en évitant l'exploitation de toutes les hypothèses. Cette politisation reflète le chaos d'un pays en faillite où les interventions étrangères se multiplient.
Après avoir accusé le Hezbollah d'avoir une influence sur le Port de Beyrouth ainsi que sur plusieurs secteur des institutions de l'Etat et, par conséquent, il aurait profité de la présence de cette matière, le nitrate d'ammonium, afin de la détourner et de la vendre ou de la fournir à la Syrie (« au régime syrien », selon la formule courante pour désigner le gouvernement syrien), il a été révélé que des proches du dirigeant de l'ancienne milice des Forces Libanaises (érigée depuis en parti politique), Samir Geagea, notamment un dénommé Ibrahim Sakr aurait stocké dans sa ferme des quantités de nitrate d'ammonium dont l'analyse du contenu a mis en exergue une quantité de 34,7% d'azote, soit la même composition que celle qui se trouve dans le nitrate trouvé dans le Port. En effet et heureusement, 2.000 des 2.750 tonnes du nitrate saisis du Rhosus et déposés dans le hangar du Port de Beyrouth ont disparu... Les adversaires des Forces Libanaises accusèrent alors cette formation connue pour son hostilité à la Syrie et « au régime actuel » d'avoir détourné ces produits pour les vendre à l'opposition syrienne.
Le débat au sujet de ces explosions s'est malheureusement politisé au mépris du droit élémentaire des victimes et de leurs familles de voir la vérité éclatée. L'arrestation et le placement provisoire de hauts fonctionnaires se transforma en une véritable détention arbitraire, surtout lorsque le deuxième juge substituant Fadi Sawan, Tarek Bitar, a été déssaisi de ce dossier depuis 13 mois. Il ne pouvait être remplacé que par l'équivalent du Conseil de la Magistrature en France. Or, pour la malchance du Liban, deux des membres de ce Conseil sont arrivés à l'âge de la retraite et le quorum ne pouvait dont pas être atteint, conduisant à un vide juridique amplifié par la fin du mandat du Président de la République et la subsistance d'un gouvernement démissionnaire chargé des affaires courantes.
Dans cet imbroglio et en l'absence de Juge des Libertés et de la Détention, le Parquet, notamment celui de la Cour de Cassation libanaise, était censé se prononcer sur le sort des détenus. C'est dans ce contexte que l'un d'eux, le Directeur des douanes précités, adressa à la Cour de Cassation à laquelle le dossier d'instruction est parvenu, une requête de mise en liberté, le 17 novembre 2022. Cette requête a été adressée à l'Avocat de la Cour, Ghassan Oueidate, qui donna son avis positif en vue de libérer le requérant, le 29 novembre dernier.
Mais cette affaire piétina jusqu'au dernier coup d'éclat, il y a quelques jours : le juge d'instruction, Tarek Bitar, déssaisi de ce dossier en raison d'une quarantaine de plaintes à son encontre, décida de reprendre cette affaire en main en dépit de son déssaisissement. Il appuya sa décision sur une longue argumentation juridique qui a été refusée par la Cour de Cassation et par l'Avocat Général qui ordonna la mise en liberté de l'ensemble des détenus. En effet et en tout état de cause, en suivant l'argument selon lequel le juge Bitar ne pouvait pas être déssaisi de ce dossier, il n'en demeure pas moins que le fait d'avoir délaissé ce dossier plus d'un an sans avoir pris cette décision dans un délai raisonnable constitue une faute professionnelle. La Cour de Cassation ainsi que la Chancellerie libanaise réfuta l'argumentation de Monsieur Bitar. Elle maintient son déssaisissement. Un bras de fer entre magistrats, accentué par les divisions politiques et la horgne de la rue, font craindre un recours à la violence dans un pays chaotique, conduisant à plus de morts et de victimes.