Des chars russes T-72B3M défilent sur la Place Rouge lors du défilé militaire du jour de la Victoire dans le centre de Moscou le 9 mai 2022. (Photo par Alexandre NEMENOV / AFP)
À la mi-janvier, la défense anti-aérienne de la ville de Moscou a été considérablement et surtout visiblement renforcée. Des manœuvres ont même été menées le 21 janvier à grand renfort de publicité. La question qui se pose est : dans quel but ?
Les observateurs « optimistes » y voient la crainte du Kremlin d’attaques aériennes qui pourraient être menées par l’armée ukrainienne comme cela a déjà été le cas ponctuellement ces derniers mois. La défense anti-aérienne russe avait alors montré de graves lacunes mais l’effet de surprise avait peut-être joué.
Les observateurs « pessimistes » voient là le signe d’une montée en puissance du dispositif militaire russe en vue du déclenchement prochain d’une grande offensive en Ukraine. L’objectif consisterait à protéger ses arrières avant de lancer l’opération. Les autorités russes anticiperaient une riposte qui pourrait alors être déclenchée par leurs adversaires - elles ne donnent pas de précisions mais l’importance du dispositif déployé (dont on ne connaît qu’une partie) laisse à penser que le Kremlin envisagerait des frappes qui dépassent les moyens actuels de l’Ukraine. Est-ce à dire que des objectifs hors Ukraine pourraient être attaqués par la Russie ? Il est évident que l’engrenage infernal serait alors mis en route.
Le dispositif anti-aérien
Un système de défense aérienne Pantsir-S1 a été installé sur le toit du principal bâtiment du ministère de la Défense de la Fédération de Russie à Moscou.
Parallèlement, un autre système du même type a été positionné sur le toit d’un bâtiment du Département de l'éducation.
Trois autres systèmes d’armes Pantsir S-1 ont été déployés à deux kilomètres de l’aéroport d’aviation d’affaires d’Ostafyevo situé au sud de la capitale.
Une batterie anti-aérienne S-400 Triumph serait opérationnelle dans le parc national Losiny Ostrov situé au nord-est de Moscou. Une autre serait installée dans des champs appartenant à l’Université d’État d’agriculture au nord-ouest de la ville.
Une défense anti-aérienne qui n’est pas vraiment nouvelle.
La défense de l’espace aérien moscovite dépend de la 15ème Armée des forces spatiales.
Depuis les fêtes religieuses de fin d’année et du nouvel an, ce seraient 20.000 hommes qui auraient été déployés pour assurer la sécurité de l’espace aérien russe. Cela peut sembler assez peu pour l’immensité du territoire russe mais seules les zones jugées « sensibles » seraient couvertes.
Depuis 2021, les forces armées russes ont mis en œuvre un premier régiment de défense anti-aérienne équipé du tout nouveau S-500 « Promotheus » pour assurer la couverture de la région de Moscou. Un deuxième régiment du même type devait être activé en 2022 mais nul ne sait où il devait être déployé.
Par ailleurs, le signal GPS dans plusieurs grandes villes russes dont la capitale est actuellement brouillé...
Quoiqu’il en soit, ces déploiements ne sont pas faits pour rassurer la population moscovite qui, jusque-là, suivait la guerre en Ukraine de loin malgré la mobilisation partielle décrétée le 21 septembre 2022 par le président Vladimir Poutine. Par précaution, les jeunes Moscovites n’avaient pas été trop touchés par cette mesure.