Le président russe Vladimir Poutine assiste à une cérémonie de dépôt de gerbes sur la tombe du soldat inconnu dans le jardin Alexandrovsky près du mur du Kremlin à Moscou le 22 juin 2022 pour commémorer ceux qui ont perdu la vie en défendant l'Union soviétique contre les envahisseurs nazis. (Photo de MAXIM SHIPENKOV / PISCINE / AFP)
A un mois du sinistre anniversaire de la première année de guerre en Ukraine, les deux camps se préparent activement au troisième acte, peut être décisif, du conflit. Les deux premiers auront été autant d’ échecs humiliants pour l’agresseur: la Russie de Poutine.
En mars, l’armée Russe, défaite devant Kiev, a dû se replier avec des pertes considérables vers le Donbass. Exit “ l’opération spéciale “ qui devait amener en trois jours ,la capitulation du régime de Kiev- opinion ironiquement partagée à Washington au départ…
En perdant cette première manche, la Russie a dû renoncer à son principal objectif stratégique: annexer l’Ukraine toute entière, ou, à tout le moins, en reprendre totalement le contrôle en décapitant le pouvoir en place, pour le remplacer par un régime fantoche aux ordres du Kremlin.
Non seulement la Russie ne peut plus espérer conquérir militairement l’Ukraine, mais ce pays a trouvé dans l’épreuve, et son unité en tant que nation, et son ancrage définitif en Europe.
Mais ce premier acte, calamiteux pour Moscou, en annonçait un second, tout aussi désastreux.
A l’été, puissamment réarmée à partir du mois d’avril par les États Unis, notamment au moyen de drones, de moyens anti chars et anti aériens modernes, et d’une artillerie de longue portée de très haute précision, l’armée Ukrainienne a pu réussir une brillante double offensive. La contre-attaque, préparée par « des jeux de guerre » au Pentagone, conduisit là encore, à une cuisante défaite pour l’armée russe, contrainte de se replier au nord comme au sud d’une ligne front d’un millier de kilomètres. La Russie a ainsi échoué à Kharkiv et cédé des villes clés telles que Izium, Lyman et même Kherson, réduisant comme peau de chagrin les quatre provinces pourtant “annexées” en grande pompe par Poutine lors d’une célébration le 30 septembre à la salle Saint Georges du Kremlin.
L’espoir changeait alors de camp, et Zelinsky, qui, en mars paraissait prêt à négocier en abandonnant même toute idée d’adhérer à l’OTAN, se mit à parler de « victoire » et de reconquête des territoires occupés, y compris la Crimée. On évoquait même à Kiev, une nouvelle offensive ukrainienne rapide, vers le corridor Sud et la péninsule de Crimée.
Mais en ce mois de janvier, l’horizon semble s’obscurcir à nouveau.
Sur le terrain, l’armée ukrainienne souffre : ses pertes égales à celles des russes atteindraient une centaine de milliers de soldats tués ou blessés (mais l’Ukraine c’est 40 millions d’habitants, contre 140 millions de Russes). Elle a dû sursoir à l’offensive qu’elle souhaitait mener sans délai vers la Crimée au début de l’hiver. Au lieu de cela, elle est contrainte de mobiliser des forces considérables pour contrer la poussée russe sur Bakhmuth alimentée par la mobilisation de 300 000 soldats décrétée par Poutine, auxquels pourraient s’ajouter, dit-on un demi-million d’hommes supplémentaires.
Car, malgré les multiples dysfonctionnements de son armée , et la succession d’humiliations subies, du naufrage du Khourks, en passant par l’attaque du pont de Crimée où de bases aériennes en territoire russe, le Tsar n’a renoncé à aucun de ses objectifs: a minima, conserver le Donbass et la Crimée, et plutôt que de perdre l’Ukraine, la détruire méthodiquement, comme il le fait depuis l’automne par ses frappes aériennes meurtrières sur les populations civiles et les infrastructures.
C’est que, malgré une chute importante de son PNB et un déficit de 47 milliards de dollars en 2022, l’économie russe résiste au choc des sanctions : le gaz et le pétrole, perdus pour l’Occident, ont trouvé des preneurs avides en Chine, en Inde et jusqu’en Arabie Saoudite ; l’opinion publique semble résignée ou convaincue par la propagande du Kremlin (« la Russie agressée par la totalité du monde occidental »), les anti guerre étant en prison ou contraints à émigrer. Conforté par ailleurs par l’attitude du « Grand Sud », qui refuse de rejoindre les condamnations et sanctions occidentales en se cantonnant dans une prudente neutralité, ( Chine, Inde, Indonésie, Afrique, États du Golfe où d’Amérique Latine), Poutine se prépare donc à une guerre longue, enterrant ses armées sur plusieurs lignes défensives tout au long de la ligne de front, et attendant que l’usure fasse sentir ses effets de l’autre côté.
De l’autre côté, justement, on commence à comprendre que le temps ne joue pas nécessairement en faveur de l’Ukraine. Avec une chute de plus de 35% de son PNB, ses infrastructures industrielles lourdement endommagées ou détruites, l’Ukraine a besoin chaque mois de 5 milliards d’euros qu’apportent depuis près d’un an les alliés américains et européens, hors armements…Mais pour combien de temps encore, et avec quelles conséquences ?
Les armes doivent être renouvelées à un rythme effréné, sans précédent depuis la seconde guerre mondiale. Or les stocks sont à sec en Europe, après 30 années de désarmement budgétaire au nom des “dividendes de la paix”, et commencent à poser problème aux États Unis eux mêmes. Or l’industrie de défense tarde à se mettre en mode “économie de guerre”, même avec les 850 milliards de dollars votés pour le Pentagone pour 2023, et il faut de toutes façons deux ans pour fabriquer un lance-missiles HIMARS, ou un canon Caesar…
Reste “l’arrière “, c’est à dire l’essentiel: le consentement politique des démocraties de continuer à payer, comme le dit le Président Macron,” le prix de la liberté “.
Aux États Unis, le soutien financier à l’Ukraine a été sécurisé au moins jusqu’au 1er octobre, terme de l’année fiscale en cours. Juste avant de céder la place à la (courte) majorité Républicaine élue en novembre, la précédente Chambre des Représentants avait, à la demande de Joe Biden, alloué 45 milliards d’aide pour l’Ukraine pour 2023 en plus des 50 milliards alloués en 2022. 5 milliards d’armes supplémentaires viennent d’être alloués en janvier.
Au-delà, le contexte politique s’annonce moins favorable : une minorité de nouveaux élus Républicains trumpisto-isolationnistes ont déjà annoncé qu’ils entendaient revenir sur cette politique du « chèque en blanc «. Le renouvellement d’autres lignes de crédit n’est nullement garanti et sera de toutes façons impacté par le début de la campagne présidentielle et les premières déclarations de candidatures, à partir d’avril…Jusqu’à présent en tous cas, il est important de le noter, l’Ukraine n’a strictement joué aucun rôle dans les élections de mi-mandat, pas plus que dans le débat politique intérieure américaine dominé par l’avortement, l’économie et la très forte polarisation autour de questions sociétales. Malgré la mobilisation des grands médias américains en faveur de l’Ukraine, l’opinion publique est restée, contrairement à l’Europe, très éloignée, presque indifférente au conflit.
La situation de ce côté-ci de l’Atlantique est autrement plus problématique, malgré l’unanimisme apparent quant à la poursuite de l’engagement européen aux côtés de l’Ukraine, tel que le proclame en chaque occasion l’omniprésente Présidente de la Commission, qui a profité des circonstances pour se poser en cheffe de guerre autoproclamée de l’Europe (ce sans la moindre légitimité pour ce faire…).
Car si les États Unis sont objectivement les grands gagnants du conflit, ayant regagné leur leadership incontesté sur l’Alliance six mois après leur piteux fiasco afghan, trouvé en Europe un immense marché pour leur gaz naturel liquéfié et leurs industries d’armements, le tout sans le moindre « body bag », les économies européennes sont, elles, dans une toute autre situation .
Frappée de plein fouet depuis l’été par la fermeture du robinet de gaz russe bon marché, par son embargo sur le pétrole russe en décembre - deux événements majeurs, aggravés par ses propres choix idéologiques anti-nucléaires - l’Europe subit désormais de plein fouet l’explosion des coûts de l’énergie que ne connaissent pas les Américains. Explosion des coûts qui génère en cascade une inflation considérable, y compris sur les produits alimentaires de base, (11% en moyenne et 9% dans la zone euro), une chute brutale de la croissance, la fermeture de nombreuses entreprises, donc la remontée du chômage, avec en perspective pour 2023 et au-delà, l’entrée en récession.
Face à la souffrance sociale qui en découle partout, les gouvernements multiplient les chèques et autres rustines financés (sauf en Allemagne) par la dette, ce alors même que les taux d’intérêt remontent, la BCE, après la FED, s’efforçant de juguler l’inflation…
En bref, les Européens, même s’ils ne l’articulent pas tous ainsi, sont entrés dans le dur : dans l’économie de cette guerre. Une perspective certes soutenue en Pologne ou dans les États Baltes, convaincus qu’il faut définitivement en finir avec l’impérialisme russe. Mais bien moins évidente ailleurs à mesure que les difficultés économiques et sociales s’éterniseront.
D’où l’urgence d’en finir au plus vite et de gagner cette guerre par une offensive aussi massive que possible dans les tous prochains mois, probablement au sortir de l’hiver.
C’est ce troisième tournant, articulé tout récemment publiquement par deux anciens ministres américains de renom, Condoleeza Rice et Robert Gates, qui semble prendre forme ces jours ci. Avec une intense activité diplomatique entre Kiev et ses alliés, la visite du chef de la CIA, William Burns à Kiev, celle du Chef d’Etat Major du Pentagone en Pologne, culminant avec la 8eme réunion du « Groupe de contact » des 50 pays alliés de l’Ukraine, autour du Secrétaire à La Défense Lloyd Austin, sur la base américaine de Ramstein, en Allemagne,le 20 janvier.
Impulsé par l’Administration Biden, aiguillonnée en permanence par Zelinsky, le plan, annoncé comme tel par le Pentagone, prévoit de donner à l’Ukraine tous les moyens dont elle va avoir besoin pour réussir son offensive , « percer les lignes de défense russes » et forcer ainsi la fin de la guerre par la victoire sur le terrain.
C’est ainsi qu’ont été présentées, ce mois de janvier, des livraisons d’armes toujours plus impressionnantes : plus d’artillerie, des bombes à guidage laser, des centaines de véhicules. Il s’agit aussi, au-delà des batteries antiaériennes Patriot dont les servants ukrainiens seront (c’est une première) formés sur le territoire américain (sur la base de Fort Sill, dans l’Oklahoma), de livrer des blindés moyens (Bradley, Marder et AMX10RC), mais aussi, bientôt, des chars lourds ; Challengers britanniques et surtout Léopards II allemands qui seraient prélevés sur les stocks polonais, finlandais, espagnols, voire allemands…
Parallèlement, l’armée américaine accueillera en Allemagne des unités ukrainiennes pour les former aux techniques d’emploi combinée des armes.
Au grand dam de ses partenaires, le Chancelier allemand Olaf Scholtz résiste encore à la pression, refusant d’autoriser le transfert de chars lourds à l’Ukraine, afin d’éviter de franchir une étape potentiellement dangereuse dans l’escalade avec la Russie. D’autant qu’après les chars, Zelinsky réclame depuis longtemps, il l’a redit à nouveau à Ramstein, des chasseurs F16s, voire des avions A10 « tueurs de chars »…
Risque de Guerre Otan-Russie…
Confrontés au risque du pourrissement du conflit, sans vrai vainqueur ni vaincu, mais avec une guerre larvée qui s’installerait dans la durée -l’Ukraine toute entière devenant alors une sorte d’immense « conflit gelé « sur le Continent - , face à l’autre risque de voir s’effriter au fil du temps le soutien à l’Ukraine, les alliés derrière les États-Unis semblent donc prêts à prendre celui de glisser irrémédiablement vers la cobelligérance, et une confrontation de plus en plus directe avec les forces russes, ouvrant la voie à d’éventuels dérapages… « Nous devons creuser d’avantage, « a dit solennellement le Secrétaire américain à La Défense devant les 50 délégations réunies à Ramstein. » Le peuple ukrainien nous regarde, le Kremlin nous regarde, l’Histoire nous regarde »… Une telle option, que personne, hormis Sholtz parmi les dirigeants occidentaux, n’ose remettre en cause, recèle pourtant au moins trois dangers sérieux, qu’on résumera ainsi par ordre croissant de gravité :
-Le premier est que l’offensive échoue, ou à tout le moins qu’elle ne parvienne pas à bouter les armées russes hors du Donbass et de la Crimée. Risque que le Général Milley, pour la deuxième fois, a osé formuler publiquement à Ramstein : « d’un point de vue militaire, je maintiens qu’il sera très, très difficile d’expulser les forces russes de toutes les zones de l’Ukraine occupée, cette année ». Auquel cas, les Russes s’en trouveraient renforcés et confortés dans leur volonté de continuer la guerre jusqu’à ce que l’Ukraine affaiblie et poussée par ses alliés, finisse par accepter un règlement territorial qui ne lui serait pas favorable.
-Le second, est inverse : que l’offensive menace de réussir. Voyant ses défenses sur le point d’être emportées grâce aux moyens livrés par l’OTAN, le Kremlin pourrait alors se considérer fondé à frapper en territoire polonais notamment, les concentrations d’armes occidentales livrées à l’Ukraine. Ce qui déclencherait l’article V de l’OTAN, et le risque très réel d’un conflit ouvert.
-Le troisième danger est le degré suivant de l’escalade : que la percée réussisse et que la Russie soit sur le point de perdre la Crimée, territoire qu’elle considère comme le sien, le Kremlin pourrait alors décider de franchir le seuil des armes non conventionnelles, comme le prévoit sa doctrine militaire, et comme l’ont clairement indiqué ses dirigeants.
Dans les trois cas, d’immenses pertes humaines sont prévisibles.
Face à de tels risques, l’absence totale de débat dans nos sociétés, y compris chez nous, en France, est proprement effarant.
La presse unanime, comme les commentateurs et autres géopoliticiens de salon, nous serinent chaque jour que la victoire est au bout du missile HIMAR, que l’Ukraine nous donne une « leçon de courage », qu’elle « ne se bat pas seulement pour son indépendance, mais aussi pour la liberté de l’Europe et ( même !) des États Unis » (P. Bruckner) ; que « la victoire de l’Ukraine doit être totale, sans appel »(BHL), que « d’herbivores », nous devons devenir « carnivores » ( Pierre Sergent), et que mieux encore, il faut profiter de cette guerre pour débarrasser une bonne fois la planète de tous ces dictateurs, de » Pékin à Moscou, de Téhéran à Bakou, sans oublier Ankara, Caracas, La Havane et quelques autres « .Vaste programme, comme disait De Gaulle …Bref, un vrai climat d’été 1914 !
Quant à Macron, ses allers et retours sur le sujet n’en finissent pas d’agacer (comment être Chamberlain et Churchill « en même temps ») ; tout au plus trouve-t-il grâce ces temps aux yeux de nos moralistes pour avoir impulsé les livraisons de chars à l’Ukraine en décidant l’envoi de quelques vieux AMX10 RC…
L’option de tenter d’en finir au plus vite par une victoire sur le terrain peut certes se justifier. A condition toutefois qu’elle n’aggrave pas la situation…et qu’au préalable on énonce clairement quels sont les buts de cette guerre.
L’Ukraine veut la « victoire ». Fort bien. Et nous répétons, dans chaque chancellerie occidentale la mantra que, oui, « nous accompagnerons l’Ukraine » jusqu’au bout, « jusqu’à la victoire ».Fort bien, mais laquelle?
Le retrait des forces russes aux frontières du 23 février 2022, ou à celles de 1991, Crimée comprise, donc?
Ou comme le réclament certains autour de Zelinsky ou dans les capitales Baltes et polonaise, jusqu’à la capitulation de la Russie ? Au renversement de Poutine, suivi de son jugement devant un tribunal international ?
Sommes-nous vraiment sûrs que ces buts de guerre soient partagés
par tous, ou qu’ils sont même atteignables par la poursuite, voire l’intensification des combats ?
À tout le moins aurait-on pu espérer que ces questions, comme les options qui en découlent, soient débattues au Parlement, ou dans la presse.
Or rien de tel ne se passe, et pour cause: toute opinion autre que le soutien inconditionnel de l’Ukraine « jusqu’à la victoire », selon la formule magique désormais consacrée, rend son auteur immédiatement coupable de Poutinisme et de haute trahison.
Comme le note fort lucidement Edgar Morin (100 ans) dans un ouvrage récent : « Parler de cessez-le feu, de négociations, est dénoncé comme une ignominieuse capitulation par les belliqueux, qui encouragent la guerre qu’ils veulent à tout prix éviter chez eux »…
Pourtant, après un an de guerre et des centaines de milliers de victimes, face à la force effroyablement destructrice des armes de haute technologie qui transforment les combattants en » viande hachée », selon leurs propres témoignages, n’est-il pas temps de s’interroger sur une sortie de cette guerre qui soit autre chose que la poursuite de cette boucherie ?
Il est fort intéressant de constater qu’avant la conférence de Ramstein, le général Mark Milley, le patron du Pentagone, avait eu le courage de dire publiquement que cette guerre ne serait gagnée par personne, sous entendant qu’il serait grand temps de l’arrêter. Et c’et Henry Kissinger, (100 ans comme Morin) qui, courageusement, vient de rappeler comment pendant la première guerre mondiale, devant les effroyables dégâts causés par les armes modernes de l’époque (dont les dirigeants ne prirent conscience qu’après les hécatombes de 1915-16), des tentatives de médiation, vaines il est vrai, furent tentées.
Pourquoi ce débat est il totalement absent chez nous, y compris à Gauche ?
De Gaulle était obsédé par le risque de voir la France, et la France nucléaire surtout, entraînée dans une escalade qu’elle ne serait plus en mesure de contrôler. D’où le retrait du Commandement intégré de l’OTAN, et surtout du Groupe de planification nucléaire ( NPG), piloté par les seuls Américains. Quelle pudeur atlantiste nous amène aujourd’hui à taire tout débat sur le risque non négligeable d’une escalade? Avons-nous oublié que cette guerre en Ukraine voit s’affronter, par Ukrainiens interposés, pas moins de quatre puissances nucléaires, dont nous, et qu’elle engage aussi notre sécurité ? Faut-il se résigner, sans réagir, à laisser la guerre d’Ukraine se transformer en une guerre par procuration entre les États Unis et la Russie ?
S’il faut assurément soutenir l’Ukraine et l’aider dans sa lutte pour recouvrer son intégrité territoriale, faut-il vraiment le faire en risquant à tout moment un engrenage funeste, comme en 1914, avec de surcroît le risque de compromettre nos économies et nos consensus sociaux, ou bien rechercher les voies d’une sortie de crise par la négociation ? Une négociation dont les grandes lignes seraient :
-le retrait des forces russes aux frontières du 23 février dernier,
-des référendums sous contrôle de l’ONU à l’Est,
-des garanties de sécurité aux deux belligérants accompagnés d’un plan de reconstruction de l’Ukraine financé pour partie par la Russie.
Dommage que M. Macron, qui parlait il n’y a pas si longtemps de la France comme « puissance d’équilibre », ait semblé l’oublier, en s’embarquant sans réserves dans les fourgons américains…
Il y a quelques jours à peine, au milieu de tous ces préparatifs militaro- diplomatiques, en vue de l’offensive des prochains mois ou semaines, Zelinsky a obtenu sur l’insistance de l’acteur Shean Penn de s’exprimer lors de la 80eme cérémonie de remise des oscars du Golden Globe à Beverley Hills, Zelinsky a voulu rassurer son auditoire: « non, rassurez vous, il n’y aura pas de troisième guerre mondiale ». Souhaitons qu’il ait raison… N’est-il pas supposé bien connaître les Russes, lui qui - jusqu’à la dernière minute - refusait de croire à une invasion russe, alors même que Washington ne cessait de la lui annoncer comme imminente, l’exhortant à préparer de toute urgence la défense de son pays ?