Les Nations Unies tiennent les 18 et 19 septembre courant un nouveau sommet international en vue de réviser la mise en vigueur des Objectifs du développement durable (ODD). Prévu d’être tenu tous les quatre ans, ce sommet vise à évaluer les réalisations et de les comparer à ce qui reste à faire des objectifs planifiés, selon des études menées par un groupe indépendant de scientifiques, nommé par le secrétaire général des Nations Unies et assisté par un groupe d’action représentant six des organisations des Nations Unies. Mon cher ami, l’envoyé spécial des Nations-Unies pour le financement du programme de développement durable à l'horizon 2030, Dr. Mahmoud Mohieddine a dressé un aperçu de la situation actuelle du monde à la lumière du rapport de révision qui sera exposé, ses recommandations discutées et des résolutions nécessaires à son sujet publiées.
Le rapport a observé la part réalisé des dix-sept objectifs établis depuis 2015 qui déclinent en 169 visées détaillées comportant les dimensions économiques, sociales, écologiques et surtout la lutte contre les changements climatiques. Il découle de cette révision des 140 objectifs évaluables que 12% seulement d’entre eux sont sur la bonne voie pour être parachevés en 2030 alors que 50% des ODD sont sortis de leur propre trajectoire alors que le niveau de la performance a accusé une nette régression par rapport à son point de départ en 2015 au niveau de 30% de ces mêmes objectifs dont ceux portant sur la faim et la pauvreté.
Ces résultats désastreux- aux dires de Dr. Mahmoud Mohieddine- ont acculé le secrétaire général des Nations Unies à adresser un appel en vue d’accélérer l’incitation au financement du développement de manière à alléger le fardeau des dettes étrangères dont souffrent les pays en développement. Elles constituent désormais un gouffre qui engloutit les recettes de leurs exportations ; en outre, leurs services - montant du capital remboursé et intérêts- dépassent de loin les allocations de l’éducation, des soins sanitaires et des services de base des citoyens. De 71% du total de leurs exportations en 2010, le taux des services de la dette des pays en développement a augmenté à plus de 110% en 2022. Et avec la hausse du taux des dettes extérieures allouées par les bailleurs de fonds du secteur privé à 62% par rapport à 24% de la part des institutions étrangères et 14% pour les dettes bilatérales entre Etats, le taux d’intérêts a augmenté pour atteindre 12% en Afrique par comparaison à 1,5 % payés autrefois par l’Allemagne avant l’augmentation des taux d’intérêts mondiaux.
Le projet de la déclaration- à soumettre au sommet du développement durable- réclame l’augmentation rapide du financement du développement à 500 milliards de dollars par an et le soutien nécessaire par les fonds d’alerte de la capacité des pays de développement à absorber les chocs urgents sur les plans financier, commercial et géopolitique. Ces recommandations sont concomitantes aux appels multiples d’un grand nombre d’économistes portant sur la nécessité d’empêcher les efforts de développement de s’enliser dans l’abîme de l’échec et sur l’importance d’agir en vue de réformer le système monétaire international. Le rapport, élaboré en vue d’être soumis au sommet du développement durable, comporte un certain nombre de points et de déductions importants que nous détaillons ici :
Premièrement : les mutations nécessaires à la réalisation des ODD sont possibles et nécessaires qu’on ne peut ni omettre ni s’en passer.
Deuxièmement : il faut travailler en vue de la réalisation simultanée d’un certain nombre d’objectifs car, en fait, travailler pour mettre en exécution un seul objectif serait insuffisant pour mettre au grand jour la sécurité ainsi que pour améliorer le niveau de vie des individus, de l’environnement et des conditions économiques ; car la capacité de supporter, de protéger l’environnement et d’assurer une vie meilleure sont objet d’érosion. En outre réaliser un avenir meilleur ne peut jamais compter sur un seul des éléments de la sécurité économique : ils s’amalgament tous entre eux- à savoir les facteurs géopolitiques, l’énergie, le climat, l’eau, la nourriture et la sécurité sociale- pour agir tous en synergie.
Troisièmement: il importe de confirmer l’importance de l’action collective au niveau humanitaire afin de mobiliser le temps et les ressources, conjointement, correctement et au plus haut degré de compétence. Le monde change à un rythme effréné ; et comme nous avançons vers l’année 2030, il importe de travailler rapidement, de bâtir prestement et de collaborer en vue de réaliser les ODD. Mobiliser les facteurs temps, ressources humaines, savoir, financement et institutions est indispensable en vue de réaliser rapidement les changements requis.
Le risque de la persistance du statu quo
Le rapport comporte six chapitres en parfaite cohésion qui passent de l’étude de la situation actuelle à la définition des déterminants de la réforme à venir de la politique économique.
- Le premier chapitre offre une réponse à la question : « Où sommes-nous aujourd’hui ? ». Il nous présente une image panoramique, fidèle et sans retouches, de la réalité qui mesure ses indices au niveau de la paupérisation, l’injustice, la faim, les maladies, les conflits et les catastrophes. Selon le rapport, une comparaison avec les objectifs du développement durable nous illustre que le principe de l’inclusion exhaustive de ces objectifs affronte un risque immense et que le besoin s’impose de construire la résilience à un rythme rapide.
- Le deuxième chapitre offre une réponse à la question : « où allons-nous ? ». Il pose les balises de notre chemin vers l’avenir et revoit les liens entre les objectifs du développement durable et les diverses et différentes répercussions qui en découlent telles l’impact de l’expatriation sur les pays de provenance et de destination ainsi que l’exportation des marchandises qui produisent, à leur consommation, de grandes quantités de carbone.(ex. le charbon).
- Le troisième chapitre met l’accent sur « qu’avons-nous besoin de faire ? » Il passe en revue le scénario des tendances à adopter en vue de réaliser les ODD parallèlement aux changements en cours et des mécanismes d’intervention en vue de leur mise en exécution accélérée en ce qui concerne les six interventions citées dans le rapport de révision de 2019. Le rapport indique que faire perdurer telle qu’elle la situation actuelle est susceptible de nous rendre incapables de réaliser les ODD en 2030 ni non plus en 2050. Une légère amélioration pourrait être accomplie au niveau de la baisse du taux de la pauvreté absolue ou de rétrécir les disparités de répartition des revenus aux niveaux local et international ; néanmoins, elle serait marginale et généralement limitée.
- Le quatrième chapitre porte sur les mécanismes d’action et d’exécution du point de vue stratégique afin de fournir une réponse à la question : « Comment pourrions-nous l’exécuter ? » à travers le suivi et la révélation de l’essence même et des mécanismes des processus de transmutations sur la voie de la réalisation des objectifs du développement durable en offrant des exemples historiques et pratiques à ce sujet.
- Le cinquième chapitre –qui est d’une importance majeure- lance le rôle de la science et met en exergue l’importance du savoir à créer une sociologie résiliente qui relie entre la science, la politique et la société. C’est ainsi que les rouages de la politique et les motifs de son élaboration cessent d’avoir un cachet idéologique, hiérarchique, religieux, dogmatique, raciste ou communautaire.
- Le sixième chapitre est l’apothéose de ce rapport. Il prône l’action et l’adoption de mesures diverses qui amélioreraient les conditions requises en vue de procéder aux changements nécessaires et d’user de la science afin que le monde et sa gestion accusent du progrès.
Les déterminants de la réforme de la politique économique
Le développement durable se définit comme étant le passage à une époque meilleure grâce aux catalyseurs de la force interne qui ne sont pas abattus par une volonté externe. Cette traversée ne doit pas s’arrêter ou subir une défaite au premier virage mais doit poursuivre son élan grâce à ses mécanismes conscients. La déclaration des Nations Unies au sujet des ODD revêt un esprit international qui relève un grand nombre de défis entrelacés au niveau des prémisses et des conséquences et dont - chacun constitue à lui seul un risque cosmique et une menace qui guette l’humanité toute entière. Des économistes du calibre de Jeffrey Sachs, des écologistes tel Abdel Fattah Kassas et des politiciens à l’exemple d’Henri Kissinger ont collaboré depuis des décennies en vue d’appeler à l’adoption d’une politique de coopération visant à régler les conflits internationaux et ont affirmé que les risques qui augmentent et s’enchevêtrent ne se limitent pas à un pays donné mais menacent le monde entier. Néanmoins, la réponse à ces périls n’atteint pas le stade minimum de création d’une plateforme internationale commune susceptible d’affronter les menaces économiques, écologiques et géopolitiques qui emportent le monde et qui n’arrêtent pas de proliférer de jour en jour.