Ramadan est l’un des meilleurs mois de l’année. C’est la raison pour laquelle je préfère rester chez moi et ne partir nulle part afin de profiter de ce mois magnifique pour pratiquer les rites religieux et du sport et pour rencontrer mes amis que je n’ai pas eu l’occasion de voir depuis longtemps. D’aucuns- historiens et archéologues- pourraient penser que je vaque uniquement à mes activités professionnelles, que les fouilles archéologiques sont la première et dernière de toutes mes préoccupations et que je ne me soucie pas le moins du monde des questions religieuses. Ils en ont complètement tort. En effet, la vérité est aux antipodes de leurs suppositions. En fait, je crois que cette catégorie de personnes à laquelle j’appartiens est celle qui ressent le plus le pouvoir et le génie du créateur dans tous les éléments et recoins de l’univers qui nous entoure. En outre, l’importance de l’archéologie émane du fait que Dieu, le glorieux, nous a invité à parcourir l’univers pour voir les vestiges de nos ancêtres et pour y méditer. « Parcourez la terre et voyez ainsi comment se fait la première création. Puis Allah va construire la création de l’au-delà, Certes, Allah est omnipotent. » (Sourate Al-'Ankabut, 20). Ramadan est la plus longue fête des musulmans voire du monde entier. Il dure pour tout un mois ou parfois 29 jours. Son dernier jour « wakfa » est la veille de la fête dite du « petit baïram » qui dure pour trois jours. Les dix derniers jours du mois de Ramadan ont une place spéciale dans l’esprit des Musulmans dans les quatre coins du monde. C’est au cours de cette décade que le Coran a été révélé au prophète Mohammed Ben Abdallah par l’archange Gabriel au cours de la « nuit du destin ». Et les Musulmans n’arrêtent pas de lire le Coran jour et nuit tout le long de ce mois. La spiritualité de ce mois est incommensurable au point d’impacter le comportement des Musulmans pour devenir aimables et miséricordieux, d’avoir des âmes pleines de paix et d’amour. Mais, cette influence est-elle due au jeun ? ou est-elle générée grâce aux spiritualités de ce mois saint et à la bénédiction du créateur tout puissant qui couvre ses fidèles ? Les festivités du mois de Ramadan en Egypte diffèrent de celles organisées dans d’autres pays du monde. En Egypte, on ne voit aucune différence entre le musulman et le chrétien tout le long de ce mois. Tous les Egyptiens deviennent une seule et même famille. Des banquets publics y sont organisés pour offrir à manger à l’heure de l’Iftar. Tout le monde concourt pour faire le bien et payer l’aumône légale( La zikat en Islam) Nos ancêtres se souviennent toujours des mois de Ramadan qu’ils ont vécus, jeunes et enfants, avant même l’invention de la télévision et qu’ils n’avaient même pas l’électricité dans leurs villages. Ils travaillaient toute la journée pour passer leur après-midi à préparer le repas de l’iftar jusqu’à l’heure du coucher du soleil lorsque la voix du muezzin s’élevait pour annoncer l’heure de la prière et, avec, la rupture du Jeun. C’est à cette heure-ci que les rues se vidaient de leurs passants. Toutes les familles étaient chez elles à attendre, pour entamer le repas, les hommes de retour de leur prière du maghreb. Plus tard, les enfants sortaient dans les rues du village avec leurs lanternes en main, allumées par leur bougies, pour jouer et chantonner. Les hommes se réunissaient pour passer de beaux moments jusqu’à l’heure de la prière de icha et tout le long de la nuit et jusqu’au repas du sohour, et l’heure de l’aube qui annonçait le début du jeun du lendemain. Et moi, je me souviens toujours de mon enfance au village Abideya de la commune de Farskour et des jours où j’accompagnais mes paires pour partir au kutab du Cheick Younes pour apprendre par cœur le Coran. Et après l’iftar , on se réunissait autour d’un des vieillards du quartier, Dessouki, qui nous racontait les contes de Antara bin Shaddād al-‘Absî , Abou Zeid El-Helali et Sayf bin Dhī Yazan al-Ḥimyarī ce chef de guerre courageux qui a vécu au royaume de Himyar au Yémen et a combattu pour en chasser les rois d’Abyssinie. J’aimais beaucoup ses contes populaires ainsi que ceux de Hilali qui m’ont fait aimer l’histoire et les contes de nos ancêtres.
En fait, c’est le mois de Ramadan qui a forgé. A l’époque, mon avenir et ma vie toute entière. L’un de mes souvenirs inoubliables, c’était mes visites rendues, avec mon défunt père- que la miséricorde de Dieu soit sur lui-aux parents et amis pour en discuter de la politique et de l’économie et partager la compagnie des paysans du village. Quand je me suis installé jeune au Caire, je me rendais tous les jours au quartier de Hussein pour prendre mon iftar avec les amis et on réservait nos places dans les restaurants les plus populaires. On priait ensemble pur ensuite aller au célèbre café Fichawi et aller plus tard assister à des pièces de théâtre et des festivals populaires qui avaient lieu dans le Caire fatimide.
Joyeux Ramadan à tous. Ramadan Karim.