J’expliquais à mes étudiants la naissance du fœtus dans l’utérus de la mère et la transformation progressive de la création de simple rencontre entre deux cellules en une créature multicellulaire répartie en organes et appareils exerçant des fonctions diverses à l’intérieur de l’organisme du fœtus. Au fur et à mesure de l’écoulement de ma leçon, elle prit une tournure bien spéciale et un flot de questions me fut posé: quand le fœtus devient-il un être humain ? quand l’esprit lui est-il insufflé et où l’âme se trouve-t-elle dans toute cette histoire ? cette âme vouée à vivre et à mourir ?
J’ai répondu en précisant que le corps du fœtus, ses milliards de cellules et son ADN que nous observons et comprenons pourraient être une chose et l’âme ou l’esprit une autre chose que nous appréhendons à peine.
C’était au tour d’un étudiant intelligent de me poser la question :mais quelle est la relation entre ce que vous dites et la conscience ? quand le fœtus ou l’enfant acquiert-il la conscience, docteur ? et, moi de répondre que la conscience est un état d’esprit par lequel on appréhende la réalité et les vérités qui nous entourent à travers la communication et le contact qu’entretient l’homme avec son entourage. La conscience mûrit progressivement en devenant sensible à tout ce qui existe autour de lui à travers les cinq sens, ces orifices de la conscience par le truchement desquels les messages sont transmis à son esprit qui les interprète, les monte et acquiert le savoir. Donc, la conscience est intimement liée aux sens crées dans le corps humain. Autant est importante la moisson intellectuelle de l’esprit humain, ajoutée aux divers points de vue qui animent son esprit et qui portent sur les différentes conceptions relatives aux questions propres à sa vie et à sa subsistance, autant est aigue son advertance et la connaissance de son moi dans son cadre d’objets et d’événements. Le fœtus, à l’instant de sa naissance comme l’enfant qu’il sera plus tard n’ont pas la conscience telle définie ici. Une autre question surgit à ce stade : est-ce que toutes les autres créatures sont conscientes ? A ce que je pense, la conscience est un état qui distingue l’homme des autres créatures ; être conscient de quelque chose, c’est la connaître ainsi que le cadre qui l’englobe et agir d’une manière qui lui est conforme.
Mais si jamais les idées de l’homme, ses points de vue et ses conceptions n’étaient pas conformes à la réalité qui l’entoure ou à la perception de ses sens ou de son esprit - s’ils sont perturbés- la conscience serait fausse.
Elle pourrait être partielle si les idées et les notions se limitaient à un aspect particulier et ne s’étendaient pas pour couvrir tous les angles et niveaux de la réalité dans leur interdépendance et influence réciproque à travers le cycle progressif de la vie.
A cela s’ajoute la conscience collective qui pourrait dominer l’individualité de l’homme et l’intégrer dans un système intellectuel duquel il ne pourra jamais échapper. Les exemples abondent. Je cite à titre d’exemple le fait de se convertir à une religion donnée pour parvenir au stade du fanatisme ou appartenir à un certain groupe idéologique et refuser, dans ce cas, de discuter de son moi autonome tant qu’il est inscrit dans un cadre de conscience collective dont l’influence s’accentue avec l’augmentation du nombre des membres de cette communauté et la consolidation et la répétition de ses préceptes et rites.
Selon le philosophe allemand Hegel, l’homme est le seul être vivant dont la conscience émane de son existence en soi ; alors que toutes les autres créatures n’existent que par une seule façon : ils n’ont ni de connaissances accumulées ni d’expériences transmises de manière à avoir une conscience qui intégrerait d’autres êtres, divers époques et des expériences accumulées. L’homme cherche toujours à changer les choses externes à son moi afin de se sentir influent et créant les choses qui l’entourent.
Pour le philosophe français Descartes, c’est le doute qui nous permet de nous saisir. C’est la raison pour laquelle il doute de toute chose dont sa propre existence. Néanmoins, il s’est avéré, pour lui, qu’il ne peut pas douter de sa réflexion. Selon son point de vue, la pensée est la seule caractéristique humaine intimement liée à l’être dès le départ : c’est grâce à la pensée que nous pouvons intuitivement nous rendre compte de l’existence de notre moi. C’est ce qui a incité Descartes à dire : « Je pense donc je suis. »Le moi et la pensée sont donc contigus ; lorsque le moi s’arrête de penser, il se soustrait à l’existence.
J’arrive à ce stade à la conscience factice et fabriquée de toute pièce. Et imposée aux hommes par les fabricants du moi, qui détiennent les techniques qui les rendent capables de créer ce qui ne l’est pas, de le rendre une réalité et vont jusqu’à intimider ceux qui doutent ou pensent différemment. Ils fabriquent une fausse conscience, l’ancrent , la stabilisent et la renforcent que la collectivité commence à y croire et bien plus ,au bout d’un certain temps, les peuples se montrent disposés à sacrifier leurs bien-être voire la vie de leurs citoyens au profit d’une cause créée et qui représente dorénavant une conscience collective. Cet état des choses s’applique à l’Europe comme aux peuples du Tiers monde ou en développement et c’est ainsi que les vérités s’éclipsent.
En somme, ce qui se passe entre les êtres humains et leurs consciences de ce qui les entoure, en croyant aux superstitions religieuses ou aux prétentions politiques, créent une fausse conscience dans les esprits confondant entre l’ami et l’ennemi. Au bout de deux décennies d’évolution , de grandes vérités se perdent et nous vivons avec une fausse conscience créée par ceux qui détiennent les outils, créent les scénarios et maitrisent les mass-médias et les réseaux sociaux. C’est la conscience des marionnettes et non celle des marionnettistes qui contrôlent leurs fils et racontent l’histoire de leur existence sur scène.