L’objet de notre article précédent ]1- 4 [, était l’éducation de Howard Carter. Nous avons raconté son parcours en Égypte où il travailla dans les antiquités alors qu’il n’avait auparavant reçu aucune éducation formelle.
Du point de vue anglais, c’était un homme non instruit, issu d’un milieu pauvre. À notre sens, Carter était autodidacte : n’a-t-il dit lui-même « la vie m’a tout appris » ?
Après avoir démissionné de son poste au Département des Antiquités égyptiennes le 4 novembre 1905 (À la suite de l’affrontement sanglants avec les Français ivres à Saqqarah), Carter vécut des jours difficiles. Au lieu de retourner dans son Angleterre natale, il choisit de rester en Égypte, retourna à Louxor et loua la maison d’un fermier pour limiter les dépenses. Sans emploi, il reprit son travail dans la peinture et la vente de ses tableaux.
N'oublions pas ce fait que Carter prenait considérablement en compte : il savait très bien que l’Égypte et ses monuments étaient derrière sa grande renommée. S’il quittait l’Égypte et retournait dans son pays, il ne pourrait pas travailler en dehors du domaine de la peinture, sachant qu’il n’était même pas aussi habile que son père ou son frère William Carter ?!
Pendant son séjour à Louxor, Carter rencontra Theodore Davis, un riche aventurier américain éprit des antiquités égyptiennes et bénéficiaire du droit de fouilles dans la vallée des rois comme dans d’autres régions. De nombreux archéologues étrangers, y compris Carter, travaillaient sous son commandement. Étant de tempéraments différents, ils ne s’aimaient point.
Peu de temps après, Carter rencontra l’anglais Lord Carnarvon pour commencer un chapitre crucial de leur vie, une rencontre qui les immortaliserait dans l’histoire en tant que découvreur et financier de la découverte des trésors de Toutankhamon. Avant d’aborder la découverte archéologique, j’évoque un événement qui a attiré mon attention : la lettre que Howard Carter envoya (Lorsqu’il était inspecteur en chef) à Mme Amherst, qui l’aidé au début, comme nous l’avons mentionné dans l’article précédent. Dans la lettre, Carter lui demande de dire à Lord Amherst que le gouvernement égyptien lui fait confiance et demande même de faire des lois pour la protection des antiquités. Carter lui assura que cette demande était secrète et ne devrait en aucun cas être rendue publique. Là, je souligne qu’il n’y a absolument aucune preuve que cela se soit produit !
On sait que les propositions de lois sur les antiquités provenaient, au parlement égyptien, du Département des Antiquités et ses directeurs Français. Il n’y a donc aucune raison de garder cela secret. De plus, si Carter avait compris la loi des antiquités en Égypte, il n’aurait pas combattu pour apporter les trésors de Toutankhamon en Angleterre ? Carter mentait-il à Mme Amherst ? Je pense que oui !
Le 4 novembre 1922, la tombe du roi Toutankhamon dans la Vallée des Rois est découverte par Howard Carter et financée par Lord Carnarvon. Selon l’accord entre l’anglais Lord Carnarvon et Carter, la saison 1922 devait être la dernière après quatre saisons précédentes à ne pas obtenir de résultats rentables pour compenser ce qui a été dépensé auparavant.
Lire aussi : La reine, une fois de plus
Ls fouilles étaient, Lord Carnarvon, un investissement : il souhaitait lui-même trouver une nouvelle tombe royale avec des biens ou des trésors qu’il pourrait emporter ou partager avec le gouvernement égyptien. Il peut également les garder ou vendre à des musées internationaux et gagner de l’argent qui lui permet de poursuivre son aventure de découvertes archéologiques en Égypte. En plus de son désir d’immortaliser son prestigieux nom de famille en Grande-Bretagne.
Mais qu’en est-il des contextes politiques de l’Égypte et du monde pendant cette période ? Comment les circonstances ont-elles finalement conduit l’Égypte, alors sous influence et contrôle britanniques, à bien conserver les trésors du tombeau de Toutankhamon ?
Beaucoup de chercheurs, surtout étrangers, ont, à vrai dire, essayé d’aborder cet aspect inconnu. Mais leur compréhension du sujet épineux était dominée justement par leur culture étrangère. En outre, de nombreux événements ont disparu et oubliés avec le temps. Tandis que d’autres ont émergé qui étaient considérés, alors, comme les plus importants, voire les plus influents! Comme nous l’avons souligné dans notre article précédent, les paillettes d’or découvertes dans le trésor de Toutankhamon cachent toujours les autres valeurs.
Maintenant que la célébration des 100 ans de la découverte prodigieuse de la tombe de Toutankhamon, il est indispensable remettre en valeur ses spécificités pour que les générations futures puissent découvrir le secret de la préservation de l’État égyptien de son trésors archéologique le plus important de son histoire, celui de Toutankhamon.
Le 18 décembre 1914, la Grande-Bretagne impose le protectorat britannique à l’Égypte mettant fin au contrôle de l’Empire ottoman sur notre pays. Ainsi, après l’imposition du protectorat britannique, l’Égypte se transforme en sultanat après avoir été une province ottomane. Cette annonce a été faite quelques mois après le début de la Première Guerre mondiale en juillet 1914, au cours de laquelle l’Angleterre et d’autres pays se sont opposés à l’Empire ottoman, à l’Autriche et à l’Allemagne.
Le 11 novembre 1918, la Première Guerre mondiale s’est effectivement terminée par la victoire de l’Angleterre et la défaite de l’État ottoman.
En 1918, certains aspects de la vie et du travail reviennent à la normale, y compris le retour des missions étrangères pour travailler à nouveau en Égypte. Ainsi, Pierre Lacau, égyptologue français nommé à la tête du Département des Antiquités depuis 1914, prend ses fonctions en 1918, quatre ans après sa nomination. En outre, le tourisme commence alors à revenir peu à peu en Égypte. Il était naturel que les missions archéologiques y reviennent pour fouiller de nouveau les tombeaux des pharaons.
En 1918, après la guerre, Howard Carter et Lord Carnarvon mettent en oeuvre une nouvelle découverte, dans la Vallée des Rois, qui immortaliserait leurs noms dans l’histoire.
Le 28 février 1922, la Grande-Bretagne annonce unilatéralement l’abolition du protectorat britannique sur l’Égypte et areconnaisse le pays comme un État souverain. Si bien qu’elle conserve certains de ses droits, y compris la gestion de la navigation dans le canal de Suez pour protéger ses intérêts (dans ses colonies) ainsi que les minorités étrangères en Égypte. Les Égyptiens rejetèrent cette déclaration et continuèrent leur lutte contre l’Angleterre pour obtenir leur indépendance complète. En vertu de cette déclaration, l’Égypte est transformée d’un sultanat au Royaume Égyptien.
Le 4 novembre 1922, la tombe de Toutankhamon est enfin découverte. Alors, Howard Carter et Lord Carnarvon pensent que l’avenir sera des années de gloire, de célébrité et de fortune. Or, Mais ils n’ont pas pris tout en compte. Par exemple, l’Égypte avait déjà échappé au protectorat britannique avec la Déclaration de février 1922, moins de neuf mois avant de découvrir la tombe. Donc leur statut d’Anglais ne leur donnerait pas suffisamment d’autorité pour sortir le trésor d’Égypte.
Carter ne se rendait pas compte non plus que Pierre Lacau n’apprécierait jamais son arrogance vis-à-vis des fonctionnaires égyptiens et Français. Heureusement, l’égyptologue Lacau dirigeait le Département des Antiquités. Il modifie lui-même le travail des missions étrangères en 1918 et les limite aux seules missions scientifiques des institutions et des académies. Carter et Carnarvon fouillaient sur la base du droit d’autorisation qu’ils avaient obtenu avant la promulgation de ces nouvelles instructions, qui n’étaient pas appliquées rétroactivement. Lacau adopta également des modifications qui permettent au Musée égyptien de conserver ce qu’il a appelé des antiquités uniques ou des trésors rares qu’il ne faut pas partager avec les missions de fouilles.
Lire aussi : Le sarcophage de Ramsès II illumine l’exposition l’or des pharaons à Paris
Ni Carter ni Carnarvon ne savaient que le trésor d’or leur échapperait des mains et resterait pour toujours en Égypte. Le premier acte de Lord Carnarvon, sans même prendre l’avis de Carter, fut d’accorder le droit exclusif de promotion publicitaire ; de publier les images des découvertes au London Times le 9 janvier 1923. Il reçut subséquemment cinq mille livres pour la signature du contrat refusant d’inclure des œuvres cinématographiques dans ce contrat, attendant ce que lui offrirait Hollywood qui s’impose en force après la Première Guerre mondiale. Bien sûr, le Seigneur ne pensait qu’à son intérêt personnel, sans se rendre compte que le tombeau était en Égypte et qu’il est celui d’un roi égyptien. Il ne pensait pas non plus qu’il y avait, en Égypte, une presse, des intellectuels et des écrivains qui n’auraient pas pitié de lui et de l’arrogant Howard Carter. Notamment que à propos certains assistants de Carter (Dont Arthur Weigall) ont signalé son comportement condescendant avec les autres.
Alors que la seconde moitié de la première saison de la découverte en février 1923, tout le monde était surpris que Lord Carnarvon ait accordé au London Times le droit exclusif de promotion. Carter et le lord commencèrent donc leur plan pour sortir le trésor du cimetière, mais vers où ?
Des discussions sur le sort du trésor eurent lieu entre le découvreur anglais et le chef du Département des Antiquités. Ce dernier surprend Carter du fait que les conditions légales ne permettent pas sortir le trésor d’Égypte. Cette déclaration déclencha une crise de litigieuse qui ne s’éteindra que des années plus tard. Lord Carnarvon refuse de croire qu’il ne gagnera rien du trésor considérant la déclaration de Monsieur Lacau de blague stupide à la française. Cependant, les choses sont devenues claires pour eux. Ils essaient alors d’éluder les faits affirmant que le tombeau avait été pillée dans le passé, qu’ils ont droit à le partager avec les autorités égyptiennes. Ignoraient-ils que Lacau avait changé beaucoup des conditions de partage rendant toute relique unique au seul Musée égyptien ?
La pression sur Lacau commence de tous les côtés : la presse égyptienne (détestant la présence anglaise et la tête enflée de Carter) a attaqué le gouvernement égyptien pour avoir laissé le trésor entre les mains du découvreur anglais sans contrôle. De même, tous les archéologues rancuniers ne voulaient pas qu’il ait ce trésor.
D’autre part, la presse anglaise (en particulier le London Times, les politiciens comme le British Museum) commence une riposte dans la direction opposée : tout le monde attend l’arrivée du trésor à Londres, comme il attendait les trésors précédents venues des colonies britanniques, surtout des Indes. Que s’est-il passé ensuite ? C’est ce que nous saurons dans le prochain article, si Dieu le veut
LA RÉDACTION VOUS CONSEILLE :