Zahi Hawass est l’un des plus grands archéologues égyptiens. Il est ancien ministre des antiquités. Il donne régulièrement des interventions sur les antiquités égyptiennes et l’histoire des anciens Egyptiens dans nombre de pays occidentaux sans compter ses chefs d’œuvres en anglais et en français sur nombre de sujets.
Vous trouvez ici la deuxième partie d’un article déjà entamé la semaine dernière au sujet de ce crypte énigmatique de la vallée des rois à l’ouest de Louxor.
Pour la première fois, l’équipe égyptienne réussit à découvrir le crypte secret de la vallée des rois
A la tête du premier groupe égyptien d’archéologie chargé de fouiller dans la vallée des rois à Louxor à la recherche de tombes royales non encore découvertes, je l’ai divisé en deux équipes : la première chargée des fossiles dans les lieux où l’on prévoyait la découverte probable de nouvelles tombes et la seconde avait pour mission de découvrir le crypte secret de la tombe du roi Séthi Ier .Gigantesque et difficile à explorer, il avait laissé sidérés tous les archéologues et a rendu tous les fouilleurs inaptes à déchiffrer ses secrets ou ce qu’il recelait à son intérieur.
Nul ne peut imaginer combien j’étais impatient et avide de recevoir, d’une minute à l’autre, un appel téléphonique de la part de mes deux assistants dans la vallée des rois qui diraient : « l’entrée de la tombe découverte. Venez vite ! » Il était d’usage que les archéologues usaient de ce style télégraphique pour annoncer les nouvelles découvertes aux directeurs des fouilles comme c’était le cas de Victor Loret qui a reçu un câble de la part de l’inspecteur égyptien des antiquités Hasan Efendi lui annonçant la découverte de la tombe de Thoutmôsis III dans la vallée des rois ; ainsi que celui de Howard Carter lorsqu’il a trouvé la tombe du roi en or, Toutankhamon et a envoyé une dépêche à Lord Carnarvon- qui a financé pour 5 ans les fouilles de Carter- où il lui disait : « nous avons trouvé la tombe du roi Toutankhamon, rejoignez-nous de suite ! » Il est connu, qu’au terme de quatre années de fouilles, Lord Carnarvon a arrêté le financement. Néanmoins, Carter tenait à poursuivre sa mission dans la Vallée pour la cinquième année même à ses propres frais.
Moi, je ne m’attendais pas à un tel message mais à un coup de fil qui me ferait quitter mon bureau au Caire, séjourner à la Vallée des rois et superviser les fossiles tous les jours. Je ne sais pas pourquoi j’avais le pressentiment que la mission égyptienne en œuvre sur le chantier de la Vallée des rois ne tarderait pas à découvrir une nouvelle tombe qui porterait le numéro 69. Ce serait une première pour les Egyptiens de découvrir une tombe à la Vallée des rois. Jusqu’à nos jours, on a découvert le tunnel où les Pharaons recueillaient « les larmes de Dieu » c’est à dire les précipitations qui parvenaient jusqu’à la Vallée. Nous avons relevé un certain nombre d’inscriptions sur les roches qui sont léguées par les Pharaons dont celles marquées par le ministre Ouserhat, à travers lesquelles il indiquait qu’il avait construit dans ce lieu une tombe pour son père le ministre Amon Nakht, une autre gravure portait la dénomination de l’épouse divine. A cela s’ajoutent des « Graffitis » sur les roches de la vallée inscrites par les scribes et les ouvriers qui avaient travaillé dans la construction des tombes royales.
Tous ces indices nous offraient la preuve tangible que cette vallée était truffée de secrets que nous allons dévoiler prochainement. Notre plus grande découverte fut ces chambres qui se trouvaient devant la sépulture du roi Toutankhamon et qui servaient de dépôts ou de lieux de résidence aux ouvriers. La Vallée pourrait nous être clémente et divulguer l’un de ces secrets à la première mission égyptienne à y travailler ? Parfois je rêve même de découvrir une tombe complète intacte depuis le temps des Pharaons. C’est ainsi qu’une autre étoile brillerait aux côtés de celle du roi Toutankhamon, Ceci serait-il possible.
Je ne pense pas qu’il y ait un seul lieu dans le monde entier avec tout ce mystère et cette excitation suscitée que celui du roi Séthi Ier, le deuxième roi de la dix-neuvième dynastie, le fils du roi Ramsès I, et le père du roi Ramsès II, le pharaon le plus célèbre d’Egypte. Séthi Ier nous a laissé un cimetière inégalable dans la vallée des rois en termes de taille, de beauté, des paysages et des textes. Ce cimetière- portant le numéro 17 dans la vallée des rois- a été découvert par le clown du cirque italien Belzoni en 1817. Belzouni a pu entrer dans la chambre funéraire et a vu le cercueil royal le plus splendide de tout temps au milieu de la salle construite en « albâtre égyptien» et son couvercle de la forme de la momie royale. Au-dessus duquel par le toit du cimetière- qui est considéré comme un miracle architectural et artistique de tous les points de vue- on constatait l’œuvre de l’artiste égyptien antique qui a représenté des vues astrologiques représentant les astres du ciel comme il les a imaginés, reflétant ainsi une connaissance profonde de l’astronomie.
Belzuni a noté que le cercueil du roi avait été placé sur des carreaux de pierre, pas à même le parterre de la tombe. En le plaçant à son extérieur, Belzuni en détacha les carreaux pour trouver un crypte secret. Il procéda au forage mais son œuvre est restée incomplète en raison du manque d'oxygène et de la difficulté de cette entreprise. Plus tard ce fut le tour de la famille Abdul Rasul et surtout le cheick Ali qui commença son œuvre en 1960. Ardue, elle demeura inachevée.
Sous ma présidence, la mission égyptienne a commencé à explorer ce couloir secret pour la première fois selon une méthodologie scientifique : le travail de Belzuni était rudimentaire et celui de cheikh Ali n’était pas correct : il a perdu les traces du crypte principal et creusa un autre chemin au-dessus. On croit que ce crypte menait à la vraie tombe du roi, que les Pharaons sont censés l’y avoir cachée, d’autant plus que la préoccupation majeure des anciens Égyptiens était la dissimulation de la chambre funéraire loin du regard des pilleurs de tombes.
Cela me fait remonter le passé jusqu’à ce jour d’il y a 37 ans lorsque j’ai rencontré Sheikh Ali Abdul-Rasul à l’hôtel Al-Marasim à la rive ouest de Louxor. Ce fut une personnalité extraordinaire. Septuagénaire, Cheick Ali- que son âme repose en paix- avait le visage sillonné de rides et portait une grosse moustache qui le rendait vénérable et d’un grand prestige. Quelque 30 inspecteurs archéologiques vivaient dans la vallée et escortaient les missions étrangères opérant dans les lieux. On avait pris l’habitude de nous réunir le soir pour discuter après une longue journée de travail. Un soir, on a appris que le Cheick allait se marier avec une jeune fille de vingt ans. Pour dissiper notre étonnement, il confirma avoir une virilité qui dépassait de loin celle d’un jeune homme A cet instant , on aperçut Dr. Abdel Fattah Sabahi qui lui tendit la main avec une petite pilule comme cadeau de sa nuit de noces. Ce ne fut qu’un somnifère. Le lendemain matin le Cheick avait un grand sourire sur le visage !