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Monde

L’Iran a tenté de persuader le Soudan d'autoriser une base navale au Soudan

Le Dialogue

Illustration : Membres de la 86e flottille de la marine Iranienne (photo Iran Navy)

 

La tentative de l'Iran d'établir une base navale permanente sur la côte de la mer Rouge du Soudan a été rejetée, mettant en lumière les dynamiques de pouvoir complexes à l'œuvre dans ce pays d'Afrique de l'Est déchiré par la guerre, révèle le Wall Street Journal, le 3 mars 2024 dans l’article intitulé : "Iran Tried to Persuade Sudan to Allow Naval Base on Its Red Sea Coast".

 

L'Iran a tenté de persuader le Soudan d'autoriser une base navale sur sa côte de la mer Rouge. Téhéran, qui a fourni des drones pour la guerre de Khartoum contre un seigneur de guerre rebelle, a promis un navire de guerre en échange d'un accès, mais sa demande a été refusée.

"Les Iraniens avaient indiqué vouloir utiliser cette base pour recueillir des renseignements et y stationner des navires de guerre", a souligné la source du renseignement, selon laquelle le refus du Soudan aurait été motivé par la volonté de préserver ses relations avec Israël et les États-Unis. 

L’Iran, qui fournit notamment les drones explosifs utilisés par Khartoum contre les rebelles locaux, avait promis de fournir également des hélicoptères au pays en cas d'accord pour l'installation d'une base en mer Rouge.

Poussé par Washington, le pays d'Afrique a exprimé à plusieurs reprises sa volonté de rejoindre les accords d'Abraham et de normaliser ses relations avec l'État hébreu, sans que cela ne soit, jusqu'à présent, véritablement suivi d'effets concrets.

Selon un haut responsable du renseignement soudanais, l'Iran a offert au Soudan des armes avancées, y compris un navire de guerre capable de transporter des hélicoptères, en échange de la permission de construire cette fameuse base.

Le responsable, Ahmed Hassan Mohamed, a déclaré que la base aurait permis à l'Iran de "rassembler des renseignements" et de "stationner des navires de guerre" près du canal de Suez vital et d'Israël.

Le Soudan, a cependant décliné l'offre, citant des préoccupations quant au risque de s'aliéner les États-Unis et Israël, avec lesquels le pays a récemment cherché à améliorer ses relations.

Bien que la demande de l'Iran ait été refusée, elle souligne l'importance stratégique du Soudan, en particulier de sa côte de la mer Rouge, pour les puissances régionales.

Quoiqu’il en soit, depuis 2016, les relations diplomatiques entre le Soudan et l'Iran sont rompues. Cependant, en juillet 2023, les ministres des Affaires étrangères des deux nations se sont rencontrés, exprimant ainsi leur volonté de rétablir des liens. Téhéran manifeste un intérêt particulier à renouer la coopération avec Khartoum, son ancien allié, dans le but d'élargir son influence vers ce pays stratégique, bénéficiant d'une position avantageuse sur la mer Rouge.

La guerre civile en cours entre l'armée soudanaise et les Forces de soutien rapide (RSF) a créé un vide, attirant l'attention de divers États qui cherchent à se positionner dans la région.

On l’a dit, l'armée soudanaise a utilisé des drones explosifs fournis par l'Iran pour combattre les RSF dans le conflit, ce qui a entraîné de nombreuses violations des droits de l'homme et une crise humanitaire.

Pendant ce temps, le gouvernement soudanais accuse les Émirats arabes unis de fournir des armes aux RSF. Mais les responsables émiratis ont nié ces accusations. Le Wall Street Journal a rapporté que l'Égypte avait formé des troupes soudanaises et fourni des drones

Les aspirations de l'Iran visant à étendre son influence militaire dans la zone étaient assurément prévisibles. 

De fait, le déploiement du destroyer iranien Alborz à travers le détroit de Bab el Mandeb vers la mer Rouge signalait clairement l'intention des Iraniens de consolider sa présence dans des voies maritimes d'une importance hautement stratégique. 

Ce mouvement était étroitement lié au soutien apporté par Téhéran aux rebelles Houthis et a incité les États-Unis à mettre en place une force navale visant à protéger les voies de navigation contre d'éventuelles attaques de la milice pro-iranienne.

La situation délicate du Soudan

Le Soudan se trouve dans une position délicate, oscillant entre l'acceptation de la demande iranienne et le maintien de sa crédibilité sur la scène internationale. Impliqué dans un conflit avec une faction rebelle, le pays avait déjà reçu un soutien militaire de l'Iran. L'offre de l'Iran de renforcer les capacités militaires du Soudan en lui fournissant un navire de guerre capable de transporter des hélicoptères en échange de droits d'implantation d'une base navale sur la côte de la mer Rouge était alléchante mais comportait des risques géopolitiques. Ahmad Hasan Mohamed, conseiller principal en renseignement du leader militaire du Soudan, a du reste souligné la complexité de ces enjeux.

Implications pour la sécurité régionale

La décision du Soudan de ne pas accueillir de base navale iranienne sur sa côte en mer Rouge écarte bel et bien une escalade immédiate des tensions régionales mais elle met en lumière la lutte continue pour l'influence dans ces couloirs maritimes cruciaux. 

La tentative de l'Iran d'établir une présence militaire permanente en mer Rouge témoigne de ses aspirations plus larges à étendre sa puissance au-delà de ses frontières, défiant ainsi les paradigmes de sécurité existants et exigeant des réponses vigilantes de la part des grandes puissances mondiales et des acteurs régionaux.